L'horizon prochain de la Francophonie internationale est donc de promouvoir la langue française pour commencer dans les pays de l'OIT, avant de l'étendre, peut-être, ailleurs de par le monde. L'outil principal pour atteindre ce qu'on appelle depuis le sommet de Québec, tenu au 2008, le Pacte linguistique est une démarche volontaire à laquelle tout pays peut adhérer. C'est le Liban adhèrent à l'O.I.T depuis 1973, qui a ouvert le bal, suivi par les Seychelles (1976) et Saint Lucie (1981), qui a ouvert la Kyrielle des Etats candidats à ce projet que monsieur Abdou Diouf considère comme de la plus haute importance. Ce dernier espère beaucoup en les résultats de ce véritable pacte linguistique dont le premier atout serait l'accent mis sur la capacité d'initiative des Etats et des gouvernements estimant que tout repose sur la «volonté politique» manifestée par toute signature officialisée solennellement entre la plus haute de l'autorité du pays avec personnellement le Secrétaire général de la Francophonie. A chaque fois, le contrat qui lie formellement les parties, les implique de façon égalitaire, espère-t-on fermement, l'ensemble des caractéristiques de tous ces Pactes (volonté affirmée des Etats, logique de partenariat, programme sur mesure et cohérence du plan d'action) est susceptible de redonner la dynamique nouvelle escomptée mais aussi sûrement des perspectives à long terme, à la politique finale en faveur de la langue française dans chacun des pays qui font volontairement le choix de s'investir dans l'opération. Le Secrétaire général de la francophonie veut spécialement mettre en exergue une autre nouveauté qu'il appelle «le sur mesure». Le plan d'action assorti au Pacte linguistique formerait un ensemble cohérent adapté au pays et à la situation spécifique qu'y occupe le français. Il répondrait ainsi à la fois aux ambitions de l'Etat ou du gouvernement concerné et aux moyens dont il dispose. Donc chaque Pacte est singulier, il n'y pas de ce fait de modèle unique. Et d'y aller par un exemple qui risque de surprendre : tel pays qui manquerait de diplomates capables de s'exprimer en français dans les enceintes internationales pourra, à sa guise, s'engager à former chaque année un certain contingent de fonctionnaires au français des relations internationales, de façon «à se rapprocher des objectifs fixés dans le vade-mecum adopté lors de la rencontre en Roumanie. Le Pacte linguistique suppose aussi pour les pays concernés de définir le nombre d'actions qu'ils jugent prioritaires à plusieurs titres afin de développer la pratique de la langue commune «en partage» et d'établir avec l'Organisation Internationale de la Francophonie à travers les opérateurs qualifiés que sont «l'Agence Universitaire de la Francophone (A.U.F)», «TV5 Monde», «L'Association Internationale des Maires Francophones (A.I.M.F). Tous ces chantiers qui sont autant de plans d'action, doivent donner lieu à la définition stricte d'un calendrier pour assurer le suivi nécessaire de manière à en assurer le parcours avec l'évaluation régulière des processus et des résultats engrangés. Cette construction paraît au premier coup idéale et fort… prometteuse. Mais justement là où le bât blesse pour beaucoup, au premier rang desquels se placent les «Organisations Non Gouvernementales» qui accompagnent, depuis le début, l'Organisation Internationale de la Francophonie. «Les bonnes intentions en matière de Droits humains ne suffisent pas (…) L'O.I.T a certainement de bonnes intentions, mais il y a un risque de déficit dans la mise en œuvre, car l'O.I.T a une fâcheuse tendance à se positionner en espace entre pays amis et très désireux de le rester. D'où souvent un manque d'autorité constructive, notamment dans la lutte contre le fléau de l'impunité». Mais, il ne faut pas se laisser aller à croire que toutes ces O.N.G adoptent un ton très dur et sec à l'égard des réseaux francophones institutionnels, mais tous, sans exception, déclarent sans hésitation qu'ils attendent le bilan pour conclure leurs diagnostics et déterminer leurs positions finales. Face à ces détracteurs, le secrétaire général de la Francophonie et ses équipes s'évertuent à marteler que l'O.I.T n'est pas là seulement pour sauver la langue française, peut-être, parce qu'elle serait en difficultés graves face non seulement à l'anglais et à l'espagnol, sur l'international, mais aussi à d'autres idiomes ici et là, mais que cette organisation, née il y a quarante ans à Niamey, se charge consciemment de plusieurs autres missions de haute dignité et de délicate définition qui vont des droits humains, bien sûr, à la gestion de la démocratie, à la lutte contre les discriminations, à la défense de la paix, à l'aide au développement, etc. Alors, ces soixante dix pays – dont un certain nombre qui ont le statut vague d'observateur, seraient-ils unis pour défendre la langue commune ou des intérêts ? Cela ne va pas sans ce qu'on a appelé à Montreux en une formule : «Le malentendu utile». (A suivre)