Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski est un écrivain russe, né à Moscou le 30 octobre du calendrier julien/11 novembre 1821 et mort à Saint-Pétersbourg le 28 janvier du calendrier julien/9 février 1881. Il est considéré comme l'un des plus grands romanciers russes, et a influencé de nombreux écrivains et philosophes. Quand à 23 ans (en 1844), il publie son premier ouvrage loué par la critique, « Les Pauvres gens », Bielinski s'écrie : « Un nouveau Gogol nous est né ! » Mais Dostoïevski est impliqué dans la conspiration de Pétrachevski, arrêté et condamné à mort. Sa peine est commuée en exil. Quatre ans en Sibérie, « seulement » quatre ans grâce au tsar Alexandre III qui amnistie les condamnés politiques. Il revient diminué physiquement et moralement de ces travaux forcés : crises d'épilepsie, besoin de solitude et caractère farouche. Il épouse en 1861 une veuve, Mme Issaïew. Cette femme dépensière et le fils qu'elle a de son premier mariage ne le rendent pas heureux. De plus, il est lui-même un joueur incorrigible qui sollicite des avances à ses éditeurs. À la mort de sa femme, il se remarie avec une jeune fille, Anna Snitkiva, qui lui sert de secrétaire, véritable collaboratrice de son œuvre, et qui, après sa mort, publiera une partie de sa correspondance. Pendant quatre ans, Dostoïevski voyage, puis vit à Berlin, Varsovie, Paris. Son œuvre tourmentée, hantée par la recherche de l'authenticité, est à la fois un tableau réaliste du monde et une somme universelle et prophétique de l'âme humaine. Tant dans sa vie que dans son travail d'écriture, Dostoïevski a été aux prises avec une profonde inquiétude métaphysique, et habité par une foi ardente dans le Christ et le peuple russe. Sa carrière n'a cessé d'osciller entre exaltation et désillusion, et ce n'est que très tardivement qu'il a été reconnu. Quand il meurt, en janvier 1881, à Saint-Pétersbourg, toute la population assiste à ses obsèques. Une des caractéristiques les plus frappantes des romans de Dostoïevski est l'outrance des personnages et des situations. On rencontre ainsi des débauchés nihilistes, des femmes fatales, des mères prostituant leurs enfants, des alcooliques invétérés, de nombreux personnages à la limite de la folie (mégalomanie, délire de persécution, sadisme...), mais aussi des « saints » incarnant l'idéal chrétien, tel le starets Zossima ou le prince Muychkine. Les meurtres, les ruines soudaines, les mariages annulés, les maladies mortelles, les suicides se succèdent, parfois à la limite de la vraisemblance. L'intensité de ces scènes est encore relevée par l'utilisation de la narration à la première personne (Le Joueur, L'Adolescent, Humiliés et Offensés entre autres) ou par l'utilisation du dialogue. Les personnages de Dostoïevski ont en outre la particularité d'évoluer au cours du roman, et souvent radicalement, tel le Raskolnikov de Crime et Châtiment. Ce trait marque une profonde rupture avec la tradition littéraire qui privilégie l'unité et la cohérence des personnages et ouvre vers la modernité littéraire. Une place considérable est dévolue aux dialogues. C'est ainsi que le critique russe Mikhaïl Bakhtine a été amené à définir le concept de dialogisme pour caractériser le style romanesque de Dostoïevski. Le roman dostoïevskien se présente comme une confrontation de points de vue « existentiels » entre les différents personnages, points de vue qui s'expriment dans des styles différents. Le burlesque peut ainsi côtoyer le tragique, ou le sentimentalisme le cynisme. Dostoïevski apporte un soin particulier au réalisme des dialogues, en utilisant des expressions populaires, des digressions, des interruptions. Chacun des personnages se définit par rapport aux autres, par imitation ou par opposition. De nombreux romans (souvent burlesques) sont bâtis sur les relations d'amour et de haine entre deux personnages très semblables ou complémentaires : Le Double, mais aussi Le Bourg de Stépantchikovo et sa population ou L'Eternel Mari. On trouve également de longues scènes impliquant des discussions houleuses avec de nombreux personnages (L'Idiot ou Les Démons). Mais Dostoïevski fut également l'un des premiers à présenter des romans sous forme de monologue (Les Carnets du sous-sol, La Douce, L'Adolescent). Même dans ces monologues le principe dialogique est à l'œuvre : le narrateur s'adresse à un public imaginaire, répond à ses objections, cherche à le séduire ou à le défier. Le style romanesque de Dostoïevski découle de ces caractéristiques. La confrontation de personnages incarnant des positions différentes entraîne une grande variété des styles, d'une œuvre à l'autre mais aussi au sein d'un même texte. Des épisodes grotesques ou bouffons sont intercalés au milieu de scènes dramatiques (Le Bourg de Stépantchikovo et sa population), comme dans les pièces de Shakespeare. Enfin, on note aussi, dans les romans de Dostoïevski, les caractéristiques propres à la publication sous forme de feuilleton : foisonnement des intrigues, digressions, mais aussi des incohérences, caractéristiques que l'on peut retrouver dans d'autres œuvres contemporaines telles que La maison d'âpre vent de Charles Dickens ou La foire aux vanités de William Makepeace Thackeray. Bibliographie Les Pauvres Gens. Souvenirs de la maison des morts. Crime et châtiment. Les Possédés. L'Idiot. Les Frères Karamazov. Le Joueur. L'Adolescent. L'Eternel mari. Les Carnets du sous-sol. Le Crocodile. Un Cœur faible. La Femme d'un autre et le mari sous le lit. Le Rêve de l'oncle. Le Petit Héros. Le Double. Les Nuits blanches. Humiliés et offensés. Roman en neuf lettres. Monsieur Prokhatchine. Le Sapin et le Mariage. L'Enfant à la menotte.