Spécialiste du Proche-Orient et habile négociateur, Miguel Angel Moratinos, qui quitte ses fonctions de ministre espagnol des Affaires étrangères, a symbolisé pendant six ans la diplomatie "d'ouverture" du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero. Avocat d'une politique d'ouverture avec l'île communiste de Cuba, partisan résolu du dialogue entre Israéliens et Palestiniens et instigateur d'une Alliance des civilisations prônant le dialogue entre musulmans et occidentaux, M. Moratinos était devenu, depuis le tout premier gouvernement Zapatero, en 2004, le visage rond et souriant de l'Espagne à l'étranger. L'engagement, en juillet dernier, de La Havane à libérer un groupe de 52 prisonniers politiques à l'occasion d'une de ses visites sur l'île, restera sans doute comme le principal succès de ce diplomate de carrière de 59 ans, avocat résolu de l'ouverture vis-à-vis du régime castriste. A l'occasion d'un voyage historique en avril 2007 à La Havane, Moratinos avait normalisé les relations de l'Espagne avec Cuba, ce qui avait été mal accueilli par Washington et par la droite espagnole qui l'accusait régulièrement de complaisance avec le Venezuela d'Hugo Chavez et la Bolivie d'Evo Morales. M. Moratinos a en outre été le principal animateur de l'Alliance des civilisations, concept lancé en septembre 2004 par M. Zapatero puis avalisé par l'ONU, pour dépasser les incompréhensions entre les mondes occidental et musulman. Ce diplômé en droit et sciences politiques de l'Université de Madrid à l'allure bonhomme, qui lui a valu d'être qualifié de "Bouddha heureux" par un parlementaire de droite, est un fin connaisseur du Proche-Orient où il a été durant sept ans (1996-2003) envoyé spécial de l'Union européenne. Mais cet européen convaincu, parlant couramment français et anglais, n'a jamais vraiment réussi à peser dans la question israélo-palestinienne ni à jouer de rôle décisif dans la région. Il a en revanche avec plus de réussite mis en oeuvre de délicates politiques de rapprochement, avec le voisin marocain malgré les crispations récurrentes de Rabat sur les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, et avec le Royaume Uni pour aplanir le vieux contentieux de Gibraltar.