La nouvelle rentrée scolaire s'effectue tant bien que mal. Juste après la fête de la rupture du carême, plus exactement le 16 septembre dernier, la scolarité effective est amorcée, sous le mot d'ordre national «Ensemble pour l'école de la réussite». La réussite est-elle bel et bien de notre côté? Le plan d'urgence qui s'étend de 2009 à 2012, prôné par le département de tutelle pour combler les retards de la charte nationale de l'éducation et de la formation dont les échéanciers prennent fin en cette fin d'année 2010, entame sa seconde saison. Il est également bien connu que l'Etat a débloqué un budget additionnel pour financer ce programme palliatif en termes de mise à niveau des infrastructures scolaires, de dotation en équipements didactiques, de renforcement des bourses d'internats et de cantines, de soutien social au niveau des cartables et uniformes, de mise en place de réseaux de transport scolaire…Des fonds supplémentaires sont alors alloués en vue de réactiver la machine du système scolaire qui constitue, en fait, l'une des priorités nodales des projets de développement de notre pays. Cet effort non négligeable permettra, sans doute, d'atténuer les effets de la misère qui accompagnent, depuis longtemps ce secteur, toujours au stade de l'expectative. Cependant, suffira-t-il encore, dans les circonstances actuelles, d'injecter quelques dizaines de millions de dirhams dans les cellules fondamentales du corps scolaire pour espérer le décollage effectif de notre enseignement ? Il est vrai que, compte tenu des diagnostics alarmants du conseil supérieur de l'enseignement, les résolutions dégagées ont particulièrement mis l'accent sur les pénuries budgétaires qui entravent foncièrement la vie scolaire sous ses divers angles. Les panacées urgentes sont donc allées droit vers la résorption des carences matérielles par le truchement de budgets sectoriels. Pour ce faire, il a été décidé de mettre en place dans chaque établissement scolaire des structures associatives dans le but notamment de réussir l'opération de «un million de cartables», à travers le royaume et, partant, d'assurer la réussite totale de la première génération du plan d'urgence, à partir de l'année d'entrée au primaire, en favorisant la scolarité des bas âges et évitant le décrochage scolaire par la suite. On ne peut alors que louer la promptitude de toutes ces mesures qui ont fait l'objet de longues et larges consultations au niveau des constituantes de la famille de l'éducation et de la formation. Toutefois, maints dysfonctionnements persistent toujours, au niveau de la gestion et de l'efficacité de ces fonds astronomiques. En effet, les réformes préconisées depuis l'amorce de cette dernière décennie consacrée à la charte ont démontré, outre les déphasages enregistrés entre les réalités et les ambitions, leurs limites en termes d'intégration effective des apprentissages dans le système développemental de la nation. Autrement dit, à côté des déficiences cumulées en matière de sécrétion des valeurs chez les apprenants en position conflictuelle par rapport à la société, les contenus curriculaires pour de meilleures adaptations aux profondes mutations sociétales aspirant au projet démocratique et moderniste ne répondent guère à ces changements opérants. On tentait de précipiter les meilleurs taux de scolarisation parmi les enfants, particulièrement en milieu rural, dans un souci certes de lutter contre l'illettrisme, mais sans tenir compte des enjeux décisifs des qualités assignées et des adaptations aux exigences de l'emploi. Les disparités ne tardaient pas de révéler encore une fois le désintérêt dont souffre l'enseignement technique, en tant que fer de lance dans un pays comme le nôtre résolument tourné vers l'essor des réseaux économiques, la profusion des déchirures criantes entre les apprenants dont l'ascension pyramidale est défaillante, la croissance des déperditions scolaires, la dégradation du niveau d'assimilation et la détérioration de la vie scolaire face à ces faillites et les situations d'errements dans lesquelles se débat le corps enseignant dont les mouvements de protestation, légitimes du reste, perturbent et affectent pareillement le déroulement des cours. Au regard de toutes ces irrégularités, il est loisible d'avancer qu'il ne s'agit pas seulement de résumer la misère de l'enseignement en terme budgétaire, mais, aussi et surtout, en terme de choix et d'orientations politiques susceptibles de proscrire les inégalités, de produire des générations fortement armées capables de relever les défis de notre nation émergeante, de valoriser la recherche scientifique et l'enseignement technique…C'est un combat de longue haleine au cœur duquel toutes les forces vives, éprises de civisme et de conviction, se doivent de se lancer avec ferveur afin de mettre un terme à l'hémorragie qui ne cesse de gicler dans les vaisseaux de désuétude. Tout le monde en est conscient et la volonté politique y est, depuis la plus haute autorité de la nation qui, à chaque discours, la problématique de l'enseignement trône au centre des préoccupations majeures. On ne saura hypothéquer davantage l'avenir de générations montantes, affligées par les déchéances déconcertantes d'un secteur névralgique sur lequel reposent les fondements du progrès escompté.