Parler de la vaccination au Maroc c'est se remémorer tout un pan de l'Histoire de notre pays. Une Histoire intimement liée à l'état de santé de la population marocaine des années 50, 60, 70, pour ne citer que ces années là. La situation sanitaire était marquée par un grand nombre de maladies infectieuses transmissibles dont la tuberculose, la diphtérie, la rougeole, la coqueluche, la poliomyélite, le tétanos… Des maladies qui étaient la cause de nombreux décès et dont les premières victimes étaient les enfants en bas âge. Aujourd'hui la donne a changé, le Maroc a réalisé des progrès remarquables en matière de lutte contre ces maladies en optant très tôt pour un programme d'immunisation de sa population grâce à des campagnes nationales de vaccination. Fort de son expérience et des résultats obtenus dans le domaine de la vaccination, notre pays est cité en exemple par les plus hautes instances sanitaires mondiales. Pour les besoins de ce dossier, nous nous sommes adressés au docteur Moulay Said Afif, pédiatre , président de l'association des pédiatres du privé à Casablanca . Les précurseurs de la vaccination De tout temps l'Homme à chercher à combattre les maladies, à en percer le secret pour mieux les maitriser et les vaincre. L'Histoire de la vaccination on la doit à Edward JENNER (1749-1823) , à Louis Pasteur (1822-1895), qui sont les véritables précurseurs de la vaccination. Dans l'Histoire de la médecine, il y aura eu un avant la vaccination et un après. Ou plutôt, un depuis; car cette découverte aura véritablement révolutionné l'approche de la maladie et, surtout, les armes pour la combattre. Une révolution qui sauve des vies, des vies qui se comptent chaque année par dizaines de millions. Aujourd'hui, la vaccination est capable de prévenir 25 maladies infectieuses et bien plus encore et de combattre à un coût modique des affections qui restent endémiques, voire très actives dans certains pays en développement (Diphtérie, Tétanos, Coqueluche, rougeole, tuberculose hépatite B…). Des maladies totalement éliminées On comprend dés lors mieux l'intérêt majeur que représente la vaccination pour le bien-être de l'humanité, un intérêt qui ne faiblit pas et qui demeure indéniable à travers les temps et les espaces. Le Maroc compte parmi les pays qui ont mis en place, depuis l'aube du XXème siècle, une politique vaccinale renforcée ces dernières décennies par un programme national ambitieux. Les premières campagnes de vaccination remontent au début des années soixante, le Programme élargi de vaccination (PEV) à l'année 1981. Ce dernier a été restructuré en Programme national d'immunisation (PNI) six ans plus tard. Parallèlement à la mise en route de ces différents programmes, un suivi continu de la couverture vaccinale a permis de moduler le calendrier national de vaccination en introduisant de nouveaux antigènes et des rappels. Ainsi, au fil des années, la couverture vaccinale contre les principales maladies cibles à savoir la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite a connu une amélioration appréciable. En effet, la diphtérie et le tétanos néonatal ont été éliminés, et la demande de certification de l'éradication de la poliomyélite formulée en 2001 par le Maroc a été acceptée par l'OMS. Comment se présente le calendrier vaccinal national Dans le secteur public Avant de vous parler de la vaccination des enfants au Maroc, du calendrier vaccinal tel qu'il se présente, je vous serai gré d'insister sur un fait très important, à savoir l'implication personnelle de la plus haute autorité de notre pays en ce qui concerne le programme d'immunisation de notre population. La sollicitude royale à cet égard a toujours été constante, ce qui a permis de mener à bien toutes les actions et de réaliser tous les objectifs que c'est assigné le programme national d'immunisation au Maroc. La vaccination est assurée gratuitement dans le secteur public pour l'ensemble des enfants indépendamment de la situation financière de leurs parents. C'est un acquis qui mérite d'être souligné et il faut rendre ici un grand hommage au ministère de la santé. En ce qui concerne les vaccins qui sont pratiqués au sein des centres de santé ou dispensaires et qui rentrent dans le cadre du Programme national d'immunisation (PNI) ils présentent comme suit : Au 10ème jour après sa naissance, l'enfant reçoit les vaccins du BCG, le vaccin anti poliomyélite par voie orale (VPO) et le vaccin de l'hépatite B HB1 A 6 semaines, l'enfant est vacciné contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche première dose ( DTC1 ), il reçoit aussi le vaccin buvable de la poliomyélite (VPO1) et la 2ème dose de l'hépatite ( HB2 ) A 10 semaines, l'enfant reçoit le DTC 2 + VPO2 A 14 semaines, il est vacciné contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC 3) et reçoit la 3ème dose du vaccin de la polio par voie orale (VPO 3) A 9 mois l'enfant est vacciné contre la rougeole (VAR) et reçoit en même temps la 3ème dose du vaccin de l'hépatite B (HB3) A 18 mois l'enfant reçoit ses vaccins DTC - VPO (premier rappel) A 6 ans c'est l'âge de la rentrée scolaire, l'enfant recevra le vaccin anti rougeoleux/anti oreillons/ anti-rubéoleux et les rappels DTCP. Il faut souligner l'introduction par le ministère de la santé d'autres vaccins contre le rotavirus et le pneumocoque Hib (contre l'hémophilus influenzae) responsable tous les ans de milliers d'infections graves (méningites, épiglottites etc). La mortalité due au rotavirus et au pneumocoque ainsi que des séquelles importantes (débilité mentale, hydrocéphalie, surdité, cécité, paralysies...) ont largement justifié ce choix. Dans le secteur privé Après sa naissance l'enfant reçoit les vaccins du BCG A 2 mois une seule injection qui regroupe tous les vaccins (Infanrix Hib ou Pentaxim) et le vaccin rotavirus, Plus le vaccin contre le pneumocoque. A 3 mois, l'enfant reçoit les mêmes vaccins de 2 mois. Au 4éme mois, c'est l'injection d'Infanrix. Au 5éme mois vaccination contre l'hépatite B. Au 6éme mois une autre vaccination contre l'hépatite B. Au 9éme mois c'est le vaccin anti rougeoleux/anti oreillons/ anti-rubéoleux (Priorix). A 1 an L'enfant reçoit la 2ème dose de Priorix et un rappel du pneumocoq. A 13 mois c'est le vaccin contre la varicelle A 14 mois, le vaccin contre la varicelle. A 18 mois c'est le rappel Infanrix. A 2 ans vaccination contre l'hépatite A, avec une 2éme dose six mois après A 5 ans c'est le rappel du vaccin contre la polio A 11 ans vaccin contre le cancer du col de l'utérus pour les jeunes filles, avec deux autres doses à un mois d'intervalle, plus un rappel 6 mois après Protection des enfants mais aussi des femmes Parler de la vaccination, du Programme national d'immunisation (PNI ) ou des Journées nationales de vaccinations (JNV), nous invite aussi à souligner toute l'importance que revêt la vaccination des femmes en âge de procréer (15 à 45 ans) contre le tétanos. Cette vaccination vise à protéger aussi bien la mère que le nourrisson du tétanos (tétanos néonatal). Cette vaccination se déroule comme suit : Vaccin antitétanique première dose : au premier contact avec la femme VAT 2 : au moins 1 mois après. VAT 3 : au moins 6 mois après ou au cours d'une grossesse ultérieure. VAT 4 : au moins 1 an après ou au cours d'une grossesse ultérieure. VAT 5 : au moins 1 an après ou au cours d'une grossesse ultérieure. Pour les filles correctement vaccinées dans l'enfance, on peut commencer à VAT 3 (nécessité de conserver les carnets de vaccination). Pour le docteur Moulay Said afif, pédiatre et président de l'association des pédiatres du secteur privé de Casablanca, faire aujourd'hui correctement vacciner son enfant comporte un bénéfice pour lui-même, pour sa famille, ses camarades de classe, de lycée, mais aussi pour l'ensemble de la population et pour les générations futures. Parfois le seul intérêt de la vaccination est de protéger son voisin. La rubéole par exemple est une maladie tout à fait bénigne pour les petits garçons. Les vacciner est cependant important pour éviter des épidémies qui risqueraient d'atteindre des femmes enceintes et d'entraîner des malformations foetales très graves. Vu sous cet angle, il n'est pas exagéré pour ce praticien qui consacre sa vie aux enfants de dire que la vaccination est un acte civique qui dénote un haut degré de civilisation. Il faut savoir que chaque année ce sont 600.000 nouveaux enfants qui sont concernés par la vaccination au Maroc. Pour nous, il ne fait aucun doute que le programme national d'immunisation est de très loin le programme qui a eu le plus d'impact en matière de réduction de la mortalité infanto-juvénile avec une diminution de l'ordre de 95 % pour le tétanos néonatal, de 84 % pour la rougeole et de 86 % pour la coqueluche (période postnatale) durant la période allant de 1988 à 1998. La réduction de la morbidité liée aux maladies cibles est importante. Ainsi, aucun cas de poliomyélite n'a été enregistré depuis 1987, aucun cas de diphtérie n'a été enregistré depuis 1991 et le nombre annuel de cas de coqueluche est très faible variant entre 30 et 70. Le Maroc est le premier pays de la région de la Méditerranée Orientale de l'OMS à avoir validé en 2002 l'élimination du tétanos néonatal (nouveau protocole OMS/UNICEF) et son dossier pour obtenir la certification de l'éradication de la poliomyélite a été accepté par le bureau régional de l'OMS en 2002. Pour terminer, nous ne pouvons que saluer les efforts qu'entreprend le ministère de la Santé pour assurer à tous nos enfants et aux femmes en âge de procréer une vaccination complète, gratuite, efficace et efficiente. Saluer aussi les efforts qu'entreprennent les équipes mobiles qui vont vacciner les citoyens qui se trouvent dans des zones enclavées, très difficiles d'accès. Notre souhait, c'est de voir les laboratoires qui fabriquent ces vaccins, pratiquer des prix qui soient à la portée de toutes les bourses, en d'autre terme, il s'agit de revoir à la baisse les prix des vaccins. Pour les organismes gestionnaires de l'Assurance maladie obligatoire, il est grand temps de procéder aux remboursement des vaccins, si nous voulons réellement lutter efficacement contre les maladies infectieuses transmissibles et comme dit l'adage mieux vaut prévenir que guérir.