La Réserve fédérale américaine devrait maintenir le statu quo lors de la réunion de son comité de politique monétaire (FOMC) mardi tout en réaffirmant son engagement à maintenir son bilan à son niveau actuel, sans pour autant prendre de nouvelles mesures d'assouplissement. Cette probable absence de toute mesure nouvelle ne devra cependant pas être interprétée comme le signe d'une absence de débat. Car les responsables de la Fed devront bientôt décider s'ils s'engagent dans de nouveaux rachats importants d'actifs financiers pour soutenir la reprise économique, et arrêter le calendrier éventuel de telles opérations. En août, la banque centrale américaine a reconnu que la reprise américaine avait ralenti et son président, Ben Bernanke, a promis que la Fed redoublerait d'efforts pour stimuler la croissance en cas de forte détérioration de la conjoncture. Les opinions des responsables de la Fed diffèrent sur les effets de la persistance d'un taux de chômage élevé sur la politique monétaire. Certains estiment que l'atonie de la croissance économique nécessite davantage de mesures de soutien sans quoi celle-ci pourrait totalement décrocher. D'autres, au contraire, perçoivent comme un simple passage à vide les statistiques macroéconomiques jugées moroses publiées durant l'été, et voient la reprise s'accélérer en 2011. Cette vision pourrait d'ailleurs être soutenue par les indicateurs plus encourageants publiés depuis deux semaines, comme la croissance plus forte que prévu de l'emploi dans le secteur privé. Ci-dessous figurent les différentes décisions susceptibles d'être annoncées l'issue de la réunion de la Fed: * Aucune nouvelle mesure d'assouplissement de la politique monétaire: Il s'agit de l'option la plus probable. Les responsables de la Fed pourraient conclure qu'ils n'ont pas suffisamment d'informations pour déterminer si les perspectives de croissance se sont fortement détériorées et si cette situation nécessite davantage de mesures de soutien. Ils pourraient donner quelques indices dans leur communiqué pour indiquer s'ils ont révisé à la baisse leurs prévisions économiques pour 2011, ce qui suggèrerait qu'ils sont favorables à de nouvelles mesures d'assouplissement même s'il est encore trop tôt pour agir. Ils pourraient sinon indiquer qu'à la lumière des dernières statistiques, la reprise est en position plus favorable pour accélérer l'an prochain. Cela suggérerait alors que de nouvelles mesures sont moins envisageables. La plupart des investisseurs s'attendent à ce que la Fed ne décide mardi d'aucun nouvel assouplissement. Les investisseurs pourraient considérer que la Fed confirme ainsi l'éloignement de la menace d'un retour de la récession, ce qui pourrait profiter aux marchés d'actions et pénaliser les obligations et le dollar, les investisseurs se positionnant sur des actifs plus risqués. * De nouvelles mesures d'assouplissement mais de faible ampleur: Les responsables de la Fed pourraient exprimer leur crainte d'une détérioration accrue du marché de l'emploi et d'une baisse du niveau de l'inflation, déjà faible, ce qui augmenterait le risque d'entrée dans un cycle déflationniste. Dans ce cas, la Fed pourrait estimer que sa meilleure stratégie consiste à prendre des mesures visant à stimuler la croissance, sans pour autant annoncer sa volonté d'acheter un montant élevé de titres. Les marchés s'attendraient alors en effet à ce que l'ensemble de la somme annoncée soit dépensée. Au lieu de cela, la Fed pourrait annoncer des rachats exceptionnels de titres pour un montant limité et dire que de nouvelles acquisitions dépendront de l'évolution des perspectives économiques. Selon le président de la Fed de St Louis, James Bullard, il s'agit de la décision à prendre si la banque centrale estime qu'un nouvel assouplissement de la politique monétaire est nécessaire. La probabilité d'une telle décision est cependant faible. En Bourse, si un nouvel assouplissement monétaire est favorable aux obligations, des mesures limitées pourraient décevoir et peser sur le marché obligataire. Cela pèserait également sur les marchés d'actions dont la plus grande partie de la hausse de 2009 a été alimentée par les rachats d'actifs de la Fed. Seul le dollar pourrait profiter de cette situation en tant que valeur refuge, car de nouvelles mesures de la Fed suggéreraient de nouvelles inquiétudes pour l'économie. * De nouvelles mesures importantes: Si aux yeux des responsables de la Fed, un nouvel assouplissement est nécessaire, ils pourraient décider une action de grande ampleur. Après avoir dépensé 1.700 milliards de dollars (1.300 milliards d'euros) et fait baisser le rendement des emprunts d'Etat américains (Treasuries) à 10 ans d'environ un demi-point de pourcentage, la Fed pourrait annoncer un nouveau programme de rachat de titres de 500 à 1.000 milliards de dollars afin de réduire le coût du crédit et stimuler la croissance. Certains analystes estiment que cette option est la plus probable si la Fed conclut qu'un nouvel assouplissement de sa politique est nécessaire, mais ils jugent que les circonstances justifiant une telle action ne sont pas encore réunies. La probabilité d'une telle décision est donc faible. Sur le marché, une telle situation pourrait profiter à la fois aux actions et aux obligations, provoquant une baisse des rendements obligataires susceptible de pénaliser le dollar. Mais si les investisseurs estiment que la Fed s'inquiète réellement d'un retour de la récession, ils pourraient alors se positionner sur des valeurs refuges, ce qui bénéficierait au billet vert. Reuters