Suite à la vive polémique suscitée par le projet de construction d'un centre communautaire islamique à deux rues de Ground Zero, site des attentats terroristes du 11 septembre 2001, plusieurs leaders d'opinions et éminentes personnalités religieuses US ont appelé à ne pas céder aux sirènes de l'islamophobie et de l'anathème, en rappelant un principe cardinal de la constitution US, à savoir la liberté de culte. Des leaders religieux chrétiens, juifs et musulmans, rassemblés cette semaine à Washington, ont ainsi appelé à saisir la commémoration de l'anniversaire des attentats du 11 septembre, qui coïncide cette année avec la fin du Ramadan et la célébration de l'Eid Al-Fitr, pour «inaugurer une nouvelle ère de coopération interreligieuse» et faire face à la stigmatisation de l'Islam et à la campagne islamophobe instiguée par certains groupes «minoritaires». Ces personnalités religieuses ont estimé que ce genre de comportements et actes, qui portent atteinte à l'Islam et aux Musulmans, sont aussi «préjudiciables à tous les citoyens américains», tout en appelant à promouvoir une culture de respect mutuel et de «liberté de culte pour tous». «Nous sommes engagés à bâtir un avenir dans lequel les différences religieuses ne mènerons plus à l'hostilité ou à la division entre communautés», ont souligné ces leaders religieux, dans une déclaration conjointe, qui, espèrent-ils, sera lue aux quatre coins des Etats-Unis, dans les églises, les mosquées et les synagogues, à l'occasion du 9è anniversaire des attentats du 11 septembre. Ces leaders religieux, dont l'archevêque émérite de Washington et du Maryland, le cardinal Theodore McCarrick, le Rabin David Saperstein, du Centre d'action religieuse pour la réforme du judaïsme, et la présidente du Islamic Society of North America, le Dr. Ingrid Mattson, se sont dits inquiets de la vive polémique ayant accompagné l'annonce du projet de construction d'un Centre communautaire musulman à New York et des actes de violence qui s'en sont suivis, dont l'agression à l'arme blanche contre un chauffeur de taxi musulman dans cette même ville. «Nous estimons qu'attaquer une religion revient à attaquer tous les citoyens des Etats-Unis», ont-ils insisté, soulignant que l'islamophobie, dont ont fait état les médias ces derniers jours, ne reflète en aucune manière la diversité du peuple américain, et encore moins les dispositions de la Constitution US qui garantissent la liberté de culte pour l'ensemble des minorités religieuses. «La liberté de culte constitue le fondement même de la Nation américaine», a relevé, à cette occasion, la présidente du Islamic Society of North America, regrettant dans ce sens l'instrumentalisation de certains incidents par des «groupes minoritaires» afin de déclencher une campagne islamophobe. Ce genre de comportements «ne peut, en aucune manière, être toléré ici aux Etats-Unis», a lancé, de son côté, le Rabin David Saperstein, affirmant que la réaction de l'ensemble des leaders religieux aux Etats-Unis constitue «la riposte naturelle» à ce genre de provocations. Ces leaders religieux ont de même eu cette semaine une réunion avec le ministre américain de la Justice afin de lui faire part de leurs préoccupations concernant cette campagne islamophobe, illustrée par l'annonce d'un pasteur évangéliste de Floride de son intention de brûler des copies du Coran le jour même de la commémoration des attentats du 11 septembre. Réagissant à cette polémique soulevée par le projet de construction du centre communautaire musulman à New York, le président Barack Obama avait affirmé que les Musulmans aux Etats-Unis «ont le même droit de pratiquer leur religion comme tout un chacun dans ce pays», et que ceci implique «le droit d'ériger un lieu de culte et un centre communautaire sur le bas Manhattan conformément aux règles et aux lois en vigueur». «Notre engagement à sauvegarder la liberté religieuse doit être inébranlable», a insisté le chef de l'exécutif US, qui a ainsi voulu se positionner par rapport à cette polémique en soulignant que «tout individu dans ce pays se doit d'être traité de manière équitable en droite ligne des dispositions de la loi et sans qu'il soit tenu compte de sa race ou de sa religion». Le maire de New York, Michael Bloomberg, avait, de son côté, prononcé un discours passionné, lors d'une cérémonie marquant l'avènement du mois sacré de Ramadan, dans lequel il a affirmé que l'interdiction d'édifier une mosquée dans les environs du Ground Zero «compromettrait notre engagement de combattre le terrorisme». «Nous saborderons les valeurs et les principes pour lesquels nos héros ont consenti le sacrifice suprême», a-t-il mis en garde. Affirmant «comprendre ceux qui souhaitent voir cette mosquée édifiée sur un autre site», Bloomberg a tempéré en soulignant qu'un compromis ne mettrait pas fin au débat autour de ce centre culturel. «Les pères fondateurs de notre nation ont fondé cette nation sur l'idée que tout un chacun est en droit d'exercer librement sa religion», a rappelé le maire de New York, soulignant que les attaques contre des religions peu comprises par les Américains, comme l'Islam, «rendraient ces mêmes pères fondateurs peu fiers».