La Fête de l'Humanité a baissé ses grands rideaux, dimanche, en fin de soirée, après le discours de clôture de Pierre Laurent, Secrétaire national du Parti communiste français, qui a dressé un réquisitoire sans appel de la politique de Nicolas Sarkozy. Le soleil était de la Fête pendant les trois jours de ce rendez-vous populaire qui aura été intense en débats politiques, en divertissements, «conviviabilité» et partage. La scène centrale du parc de la Courneuve était archicomble pour écouter le discours de Pierre Laurent. Plusieurs dizaines de milliers de festivaliers étaient là pour accueillir le nouveau responsable du PCF dans son premier discours de la Fête de l'Huma. Fait politique marquant, la présence de leaders de la Gauche, dont notamment Olivier Besancenot, Claude Bartolone, Nathalie Arthaud et Jean-Luc Mélenchon, à côté de l'ex-Secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet, a conféré à cette clôture un caractère unitaire. Pierre Laurent a d'ailleurs insisté sur cette union, en proposant un projet commun, «à porter sans querelle d'égo». L'ampleur des luttes sociales, en cours et à mener, incitent à l'union. C'est pourquoi il a appelé au rassemblement des forces de gauche dès que possible mais le plus vite possible. Pour cette fin, le dirigeant communiste ne veut pas attendre les échéances de 2012. «Le peuple a montré qu'il n'était pas prêt à céder, avec un grand courage, une grande force. Il y avait un avant et il y aura un après 7 septembre. Il y a une conviction à partager pour que le gouvernement, capable du pire pour diviser le pays, ne franchisse un pas de plus vers l'injustice.» Aussi, après avoir dénoncé la politique menée par Sarkozy, il insista sur la «déshumanisation du travail ». Haro sur Sarko et le capitalisme Le discours de Pierre Laurent à la Fête de l'Humanité, à l'instar de celui prononcé samedi par Patrick Le Hyarik, le directeur de l'Humanité en séance inaugurale de la Fête, a été un véritable réquisitoire contre les gâchis de la politique du gouvernement français. Le président Sarkozy a eu la grande part du «procès» et des accusations de tous les maux du pays. «Depuis bientôt trois ans et demi, nous subissons, avec Nicolas Sarkozy, le pouvoir le plus rétrograde, le plus brutal, le plus autoritaire qu'il ait été permis d'imaginer. Ce pouvoir n'a aucune espèce de respect pour le travail et les travailleurs. Il rassemble une bande, la nouvelle aristocratie financière, celle qui cherche son profit dans le casino financier du capitalisme mondialisé. Il est en guerre contre le monde du travail. Et il faut nous, le monde du travail, leur déclarer la guerre, une guerre citoyenne et pacifique (...)». Le capitalisme a été sévèrement critiqué par Paul Laurent. «Nous avons changé d'époque. C'est terminé le XXe siècle à la fin duquel le capitalisme prétendait être l'horizon indépassable de l'histoire ! C'est d'une autre civilisation dont nous avons besoin ! Et, c'est parce que – j'en suis convaincu – nous sommes aujourd'hui de plus en plus nombreux à penser que le temps est venu de penser l'avenir autrement, c'est parce que nous sommes des millions à penser que les factures de la crise capitaliste nous mènent à la catastrophe, c'est parce que nous sommes des millions à refuser d'embarquer dans la machine à remonter le temps de Nicolas Sarkozy (...) » Sur le plan des luttes sociales, le discours de Pierre Laurent a été axé sur la question des retraites, menacées aujourd'hui par le pouvoir. Le leader communiste présente ce combat comme «un choix de société». « Avoir plus de temps pour soi, pour les siens et pour les autres est un vrai choix de société pour le 21ème siècle », a-t-il martelé, tout en appelant à une «Union populaire pour réussir le changement, dans le cadre d'un «front de gauche» dans lequel le PCF ne se diluera pas. A ce propos, il a rassuré ses camarades du parti, appelé à un nouveau « renouveau ». «Soyez tranquille, celui qui enterrera le Parti communiste n'est pas encore né ! » Pierre Laurent a plaidé pour l'abandon, à gauche, des égos pour porter au mieux les idées du changement. Le leader communiste s'en est pris, dans des termes sans précédent, contre les attaques menées contre les libertés, contenues dans le discours présidentiel de Grenoble. Il s'agit, selon lui, d'une succession de guerres contre les libertés. « Guerre, encore, contre les libertés, la République et ses valeurs, guerre aux Roms, aux pauvres, aux jeunes, aux « Français d'origine étrangère» ! En prononçant le discours de Grenoble, vous avez sali la France, Monsieur Sarkozy. Vous avez trahi ses idéaux républicains», a-t-il substantiellement affirmé. Retraites : mobilisation générale Par ailleurs, la question des retraites a occupé une grande place dans le discours de clôture. Il estime que la France vit «une mobilisation sociale phénoménale » et que «le peuple est en train de reprendre la main». L'envoi d'une carte postale sur laquelle on peut lire : « Assez Sarkozy, nous ne lâcherons rien !» a été proposée par Pierre Laurent au peuple de gauche pour être envoyée «à des millions d'exemplaires à l'Elysée». Il a promis, à ce sujet, une rentrée politique et sociale chaude. «Que le gouvernement ne rêve pas d'une pause sociale, nous serons encore mobilisés le 15 septembre dans tout le pays (...) Et nous serons encore plus nombreux le 23 septembre à faire grève et à battre le pavé ! Et nous les battrons !». Enfin, à la gauche française, il a proposé de penser, dès maintenant à «l'après-Sarkozy» qui a déjà commencé, «un projet partagé» avec «des engagements clairs sur les services publics, sur l'emploi, sur l'éducation, etc., en prônant le « tout net». Faisant le constat malheureux que «la gauche n'est toujours pas à la hauteur de ce défi», Pierre Laurent estime que le Parti communiste, le Parti de gauche, la Gauche unitaire ont «déjà ouvert un chemin d'espoir…». Le dirigeant communiste a également critiqué «la politique spectacle qui tue la politique», et appelé le peuple de la fête et tout le peuple de gauche à ne pas rester «spectateur du débat». «Mêlez-vous de la construction d'un projet politique alternatif !», a-t-il conclu.