On guérit la moitié des cancers, mais leur nombre ne cesse d'augmenter, y compris chez les jeunes. Est-on condamné à fourbir des armes toujours plus sophistiquées contre une maladie de plus en plus redoutable ou peut-on en venir à bout ? La prévention est-elle vraiment efficace ? La meilleure façon de guérir d'un cancer est encore de ne pas « l'attraper » ! Diminuer la survenue des cancers évitables, voila la mission de la prévention dite «primaire». Cela consiste à informer et à développer des moyens de protections comme, par exemple, les campagnes et les lois anti-tabac, l'interdiction de l'amiante et le déflocage (1) systématique, l'information sur le soleil et les risques de cancers de la peau, les dispositifs de protection professionnels (hottes aspirantes, masques, tabliers de plomb) la prévention primaire est très efficace quand elle est bien menée et pour les cancers dont la cause est connue et évitable. En deuxième ligne arrive la prévention secondaire, mais qui n'est pas une véritable prévention mais un dépistage précoce ciblé qui permet de détecter certains cancers débutant pour augmenter les chances de guérison. C'est dans cette optique que s'inscrivent le dépistage systématique des cancers du sein par mammographie chez les femmes de plus de 50 ans et la surveillance des personnes ayant des antécédents familiaux de cancer du colon, par exemple. Comment soignera-t-on le cancer demain ? Le cancer résulte de la prolifération de cellules anormales capables de s'agréger pour former une tumeur et de se disséminer à travers l'organisme. Le but du traitement est de tuer ses cellules anormales qui sans cela se reproduisent à grande vitesse, prenant la place des tissus normaux. Les traitements relèvent de trois grands principes : la chirurgie qui enlève les tumeurs, la radiothérapie, qui les «brûle » avec des rayons ionisants, et la chimiothérapie qui tue chimiquement les cellules malades, en particulier celles qui se disséminent. Ces traitements sont efficaces, mais ils agressent aussi les cellules saines, ce qui limite leurs indications et les doses utilisables. C'est pourquoi les recherches se sont essentiellement orientées vers des moyens d'optimiser ces méthodes thérapeutiques en réduisant leurs effets indésirables. Les nouvelles techniques d'imagerie comme l'IRM et l'assistance par ordinateur avec modélisation précise des tumeurs permettent à la chirurgie et à la radiothérapie de traiter avec une précision croissante la zone malade en épargnant les cellules voisines. Une méthode de destruction des tumeurs par sonde à ultrasons a été mise au point et est déjà utilisée avec succès dans le traitement du cancer de la prostate. Elle est en cours d'études pour d'autres cancers, en particulier les tumeurs du foie. Un nouveau type de radiothérapie utilisant des ions carbone, l'hadronthérapie, est déjà pratiqué au japon. Elle permet de traiter des tumeurs résistantes aux radiothérapies classiques. Dans un avenir un peu plus lointain, les chercheurs envisagent l'utilisation de nanoparticules (plus petites que les cellules) capables de cibler électivement les cellules cancéreuses de s'introduire à l'intérieur avec une molécule de poison pour les tuer. Ces traitements suscitent de grands espoirs, mais aussi des réticences car leur innocuité n'est pas démontrée. Autre voie de recherche, la vaccinothérapie curative, qui cherche à stimuler le système immunitaire de telle façon qu'il rejette lui-même les cellules cancéreuses de l'organisme. Quand le thermalisme apaise Chaque traitement pour soigner le cancer agresse la peau et les muqueuses, suite à la chirurgie bien sûr on pense tout de suite à la cicatrisation qui se fait plus ou moins bien et laisse des marques disgracieuses voire douloureuses. La radiothérapie peut brûler mais aussi déclencher des dermites, érythèmes ou inflammations. La peau peut manquer de souplesse et/ou d'élasticité. La chimiothérapie a également son lot de désagréments: sécheresse cutanée et des muqueuses (particulièrement buccales). Certains protocoles peuvent également déclencher dermites ou prurits. (2) En France, pour soulager les malades, un célèbre expert de la dermatologie, a développé un programme très sophistiqué de soins thermaux qui s'échelonne sur 3 semaines: douches médicales filiformes, pulvérisations apaisantes, bains hydratants et émollients, massages, soins buccaux cicatrisants, cure de boissons détoxifiantes….Ils proposent également aux curistes des soins de support très appréciés : initiation au maquillage (correcteur), accompagnement psychologique, ateliers de sophrologie… Un an après le démarrage du projet, le spécialiste de la peau a dressé un premier bilan. 25 patients sur les 70 qui sont venus en cure, ont répondu à un questionnaire de satisfaction. La grande majorité des personnes interrogées ait constaté une réelle amélioration de leurs problèmes de peau. (1) : Opération qui consiste à retirer les matériaux qui ont servi à l'insonorisation et à l'isolation thermique d'un bâtiment, on procède généralement à cette opération quand les matériaux en question contiennent de l'amiante. (2) Source : http://www.thermes-larocheposay.fr/ Focus Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus Face au cancer du col de l'utérus, les femmes bénéficient depuis 2007, d'un vaccin préventif efficace contre les souches les plus virulentes de papillomavirus. Quels sont les vaccins disponibles ? Deux vaccins sont actuellement disponibles : Le Gardasil et le Cervarix Combien de temps restent-ils efficaces ? On bénéficie aujourd'hui de quatre ans de recul pour le vaccin Gardasil, premier vaccin commercialisé. Son efficacité de près de 100 % vis-à-vis des cancers liés aux HPV 16 et 18 se confirme actuellement vis-à-vis des cancers et également des lésions précancéreuses. Par ailleurs, la réponse immunitaire de l'organisme reste très forte après 5 ans. A qui s'adressent ces vaccins ? * aux jeunes filles de 14 ans, afin de protéger les jeunes filles avant qu'elles ne soient exposées au risque de l'infection HPV ; * aux jeunes filles et jeunes femmes de 15 à 23 ans qui n'auraient pas eu de rapports sexuels. Cancer du poumon : importante découverte On distingue deux grands types de cancers du poumon : les cancers bronchiques à grandes cellules (près de 80 % des cas) et les cancers bronchiques à petites cellules (environ 20 % des cas). Plus agressifs, ces derniers évoluent plus rapidement et sont particulièrement difficiles à traiter car ils résistent à la chimiothérapie. Près de 97 % des personnes décèdent dans les cinq ans qui suivent le diagnostic. Des scientifiques britanniques annoncent des résultats qui pourraient ouvrir la voie à de nouveaux traitements face à ce fléau. Une molécule (la phosphoinoside 3-kinase) a été trouvée en excès dans des poumons atteints de cancer à petites cellules. Bien que son mécanisme reste encore à préciser, les chercheurs ont découvert son influence sur plusieurs facteurs de croissance à l'origine de l'extension des tumeurs. Sur leur enveloppe externe, les cellules cancéreuses du poumon ont des récepteurs sur lesquels se lient des facteurs de croissance. Cette liaison entraîne un signal transmis au noyau de la cellule, qui déclenche sa division et donc la multiplication des cellules cancéreuses. En bloquant la phosphoinoside 3-kinase, plusieurs facteurs de croissance pourraient être inhibés et l'extension du cancer arrêtée ou diminuée. Mais il reste encore à trouver le moyen d'y arriver… Lors du congrès annuel de la société américaine d'oncologie clinique, une autre équipe de chercheurs avait présenté des résultats prometteurs concernant une nouvelle technique : bloquer les récepteurs grâce au gefitinib (Iressa). Demain, ces deux stratégies pourraient être associées pour venir à bout du cancer le plus meurtrier. Source : The EMBO Journal, Vol. 21, No. 19 pp. 5097-5108, 2002