Eh oui! Eux aussi entendent parler de la crise et la sentent rôder. Mais qu'en comprennent-ils réellement, jusqu'où et comment doit on les protéger ? Leur transmettre des valeurs humaines est la clé de tous les succès. L'argent, certes, mène le monde et est utile ; comment le nier ? Mais la possession n'est pas tout. On peut sensibiliser très tôt son enfant au fait qu'il est possible de se construire une vie agréable et positive. Par exemple, il y'a du plaisir, du bonheur, et du bien-être à se retrouver en famille ou avec des amis, ou alors à contempler de beaux paysages, à écouter de la musique, lire, visiter une exposition, cultiver son jardin ou pratiquer un sport qu'on aime… Tout cela n'est pas échangeable contre monnaie sonnante et trébuchante et pourtant c'est du bonheur aussi Ne pas leur caché la réalité Quand la difficulté touche cruellement la famille (manque d'argent, chômage), il faut dire la réalité sans la dramatiser. Essayez de trouver les mots justes pour expliquer les faits, le constat. Evitez de mettre en scène vos propres émotions, et vos doutes. Mieux vaut insister sur le côté provisoire de la situation, «en ce moment, c'est difficile, mais demain viendront des jours meilleurs. «la vie peut toujours réservée de (bonnes surprises). Après l'âge de 8 ans, les enfants se rapprochent du monde des adultes, mais ils n'en ont pas encore les clés ni le mode d'emploi. Pas question de les endurcir précocement, mais bien de leur donner des perspectives d'espoir. Et comme les enfants portent le futur en eux, ils conduiront à leurs tours leurs parents vers le haut. C'est ce qu'on appelle un cercle vertueux. Leur communiquer une bonne dose d'optimisme Les humeurs, les émotions, les sentiments se propagent parfois même sans qu'on ait expliqué quoi que ce soit à son enfant. Un angoissé angoisse, un désespéré attriste et quelqu'un d'heureux entraîne, son énergie sert de tremplin pour aller de l'avant ou redémarrer si ca va mal. On peut pousser les enfants vers le positif et la confiance… au moins en soi et en la famille ! Et si on est un pessimiste, du genre à voir le monde plus noir que noir et les gens désespérants ? Pour une fois il vaut mieux mentir par rapport à sa propre philosophie, en promettant du mieux pour le futur à son enfant. Il ne faut pas laisser un petit englué dans une angoisse sans fin. Quand on a des doutes, on peut se raccrocher à quelques maximes de sagesse. Gandhi prophétisait : Notre pouvoir ne réside pas dans notre capacité à refaire le monde mais dans notre habileté à nous recréer nous même. Il existe des moments de grâce, comme les premières années de l'enfance, où l'optimisme est plus facile à acquérir. Alors, il faut en profiter. Or l'enfant s'appuie sur des parents sécurisants et protecteurs pour voir la vie en rose. Mais que se passe t-il dans leur tête ? Avant huit ans, ils sont encore dans l'illusion d'un monde magique, la « crise » ne leur apparait pas si grave. Leur héros, papa et maman trouveront forcément les moyens de tout arranger. Du coup, les enfants se sentent rassurés et épargnés. Les plus jeunes espèrent en l'avenir du moment que leur cocon familial reste toujours la famille, le câlin du soir, les histoires qui les font rêver, les copains, l'école et de temps en temps un nouveau jeu. Après huit ans, changement radical. C'est la période où tout bascule. Les enfants passent progressivement d'une pensée intuitive, où l'imaginaire prédominait, à une pensée plus logique, et concrète. A cet âge, ils comprennent des notions comme l'irréversibilité des choses, la mort, la différence, la justice… Ils deviennent également sensibles à ce qui leur appartient, à la sécurité, à la menace extérieur, à la précarité et au chômage. Mais, à partir du moment où ils se sentent guidés, accompagnés par leurs parents, la vérité ne leur fait pas peur. D'autant qu'il existe le refoulement, ce précieux mécanisme de défense psychologique grâce auquel on peut mettre en retrait certaines menaces trop angoissantes et dérangeantes. Focus On n'attrape pas la lune ou la crise expliquée aux enfants Si nous voulons que les jeunes prennent les choses en mains, il faut penser à expliquer la crise aux enfants. Voici un petit essai, pour expliquer la crise aux jeunes mais aussi aux plus grands... – «Bonjour, dit le petit prince.» – Bonjour, dit le grand banquier. – Que fais-tu ? demanda le petit prince. – Je prête de l'argent à qui en veut. Aux riches, qui m'en rendront davantage, et aux pauvres qui m'en rendront encore plus, avec des intérêts importants. – Et où prends-tu cet argent ? questionna le petit prince en fronçant les sourcils. – Je ne le prends nulle part puisque c'est moi qui le crée. – Tu fais ça souvent, comme tu veux ? Tu n'as pas de limite ? – J'ai les coudées franches parce que le banquier central ferme les yeux et j'ai convaincu le gouvernement que c'était bon pour tout le monde. – Est-ce que les pauvres pourront te rembourser ? – Sans problème, car j'ai pris soin de leur faire signer une hypothèque sur la valeur de leur logement qui ne cesse de monter. Le petit prince se tut, réfléchit un instant et questionna de nouveau : – Pourquoi le prix des habitations augmente-t-il ? On y fait des améliorations, des aménagements ? – On n'y fait rien. Car il faudrait que les pauvres fassent un deuxième emprunt pour rénover leur maison. Non, les prix de tous nos actifs montent parce que tout le monde croit qu'ils vont monter. C'est un phénomène auto-référentiel, dit le grand banquier, en prenant un air pénétré. On inscrit tout cela dans notre bilan et les actionnaires sont aux anges. Jean-Marie Harribey, L'Humanité. La suite très intéressante sur : http://local.attac.org/attac06/spip.php?article 364