Phénomène désormais mondial, la pratique des jeux vidéo est l'activité principale des jeunes des pays développés et fascine un nombre croissant d'adultes. Mais si, dans l'industrie du virtuel, la violence fait vendre, ses conséquences inquiètent… Et si la pratique des jeux vidéo modifiait les rapports humains ? C'est en tout cas la conclusion de récentes études menées aux Etats-Unis. Le fait est que les enfants et les adolescents sont principalement fascinés par les jeux vidéo violents. Et une exposition prolongée et répétée à cette violence virtuelle entraîne des séquelles dans la vie réelle. D'abord, les chercheurs relèvent que le joueur est plus agressif que le non-pratiquant : quand un obstacle se présente, il résout le problème par la force (réactions primaires), et non par la raison. Ensuite, la faculté du joueur à être ému ou à compatir est amoindrie. Le joueur est moins sensible à des scènes cruelles dans son environnement ou dans les médias : les zones émotionnelles de son cerveau sont altérées ou affaiblies. Le joueur est également plus enclin à se mettre en danger (prise inconsidérée d'alcool ou de drogues, relations sexuelles sans préservatif…) Enfin, l'accro aux jeux vidéo serait moins altruiste que le non-pratiquant, et son isolement récurrent – seul devant son écran-peut le conduire à rompre toute forme de lien social. La santé en péril ? Si l'on peut discuter des influences de la violence dans les jeux vidéo sur l'esprit et les comportements, ses conséquences sur le corps, sont elles, bel et bien visibles. Le fait est acquis : la pratique des jeux vidéo favorise chez des sujets photosensibles, le déclenchement de crise d'épilepsie. Autrement dit, le cerveau confronté à une grande quantité de flashs lumineux, de stimulations, n'est pas en mesure de contrôler sa réponse. On note aussi des augmentations de la tension artérielle et de la réactivité cardiaque. Par ailleurs, un lien est évident entre le surpoids, voire l'obésité, et le fait de s'adonner aux jeux vidéo. Les observateurs stigmatisent ici la situation de jeu : une activité sédentaire et souvent à l'écart du regard des parents. Plus grave, la dépendance aux jeux serait aussi puissante que celle aux drogues dures : dans les deux cas, les chercheurs parlent d'une semblable sécrétion de dopamine qui procure plaisir et détente. Alors, comme pour une dépendance «classique», la solution consiste à éloigner le joueur dépendant de sa substance et/ou à lui apprendre à en contrôler son usage/ La thérapie est un succès quand le patient se tourne vers des activités de substitution, des activités inscrites dans la vie réelle. Un joueur dépendant s'isole graduellement, néglige ses amis, son conjoint ou sa famille. Un secteur qui fait boom ! Au Maroc, Le secteur du jeu vidéo est en pleine expansion, et ce depuis mi-2007. Les jeunes marocains sont des férus de jeux vidéo et des nouvelles technologies en général et les producteurs de jeux vidéo ont bien saisis la leçon. Ubisoft, le numéro deux mondial du jeu vidéo dans le monde, est le seul et l'unique éditeur de jeux vidéos présent au Maroc et en Afrique du Nord, depuis 1998. Il possède ainsi un studio de production composée d'artistes, designers et programmeurs au talent incontestable, qui créent et développent les jeux à Casablanca de A à Z. D'ailleurs, pour les connaisseurs, Assassin'Creed, le jeu vidéo qui a connu, le plus grands succès de tout les temps, aux Etats-Unis a été développé par un Marocain. Révélateur d'un grand talent, ce jeu vidéo s'est réalisé dans les studios d'Ubisoft installés dans le royaume. Aux Etats-Unis, berceau des jeux vidéo, environ 90% des enfants américains s'adonnent aux jeux vidéo, 60% des joueurs sont des garçons. Et cette activité n'est plus l'apanage des jeunes : C'est le loisir numéro 1 des 25-35 ans devant la télévision et le cinéma. En France, 25 % des adultes jouent régulièrement. Un chiffre en constante progression. Avril 2007, lieu : Casablanca, Object : conférence « les parents doivent-ils avoir peur des jeux vidéo pour leurs enfants ? », conférencier : Michael Stora, président de l'observatoire des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH). Ce scientifique de renom a démontré que, ces moyens de distraction (petit écran, jeux vidéo,…), ne sont pas complètement inoffensifs. Les enfants sont captivés par ce monde virtuel qui les bouffe et les éloigne de la réalité des heures durant. En se transformant en une véritable drogue, il les conditionne et en fait des esclaves complètement soumis à son règne, mettant ainsi en péril leurs yeux et leurs capacités mentales. Michael Stora en sait un bon chapitre sur cette aliénation des temps modernes. Il utilise, depuis plusieurs années, les jeux vidéo comme médiation thérapeutique auprès d'enfants souffrant de troubles du comportement. Guérir le mal par la mal ? Apparemment ça marche. Objectif, bourrer le patient « accro » de jeux vidéo, aux jeux vidéo. Trop de jeux, tue l'envie de jouer. L'effet a été plus que probant. Néanmoins, le résultat reste relatif, par rapport au degré de dépendance du patient. Mais sur cent patients présentant des signes « d'addiction aux jeux vidéo » plus de la moitié a été amplement satisfaite de la thérapie. Focus Les jeux vidéo à l'armée L'armée américaine utilise des jeux vidéo pour recruter des futurs soldats, puis se sert du virtuel pour habituer et désensibiliser ces derniers aux scènes de combats. Par ailleurs, les états-majors des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne ont constaté que les nouvelles générations de recrues avaient de meilleurs réflexes que leurs aînés : il est avéré que c'est une conséquence directe de la pratique répétée des jeux vidéo… Un accro aux jeux vidéo doit cumuler au moins six symptômes Un institut américain pour étudier l'addiction aux jeux, a retenu une série de symptômes cliniques, physiologiques d'une part, tels que les maux de tête, les troubles du sommeil ou les problèmes d'hygiène, et psychologiques d'autre part. Pour être considéré comme «dépendant», un joueur doit cumuler au moins six symptômes. Parmi les plus probants, on relève qu'un quart des jeunes interrogés disent jouer pour échapper à leurs problèmes, et presque autant admettent jouer alors qu'ils sont censés travailler. Un cinquième des joueurs reconnaissent également avoir déjà bâclé leur travail scolaire ou leurs examens, après avoir passé plus de temps sur leur console que derrière leurs livres. Certains jeunes interrogés confient même avoir menti à leurs amis ou à leur famille sur le temps qu'ils passent à jouer, tandis que d'autres ont avoué voler pour se procurer des jeux. Une clinique de désintoxicationaux jeux vidéo aux Pays-Bas La toute première clinique européenne de désintoxication aux jeux vidéo a ouvert ses portes à Amsterdam, aux Pays-Bas, en 2006. L'établissement a pour but de soigner la dépendance aux jeux vidéo de certains patients, qui ne peuvent se passer de leur univers virtuel. Le programme de désintoxication en clinique dure de 4 à 8 semaines, et se compose d'entretiens avec un thérapeute, qui tente notamment de faire reprendre au patient le goût à d'autres activités.