Le personnel des collectivités locales est en «vacances» durant cette saison estivale. C'est l'impression qui se dégage dès qu'on se rende aux locaux de certains arrondissements communaux, des municipalités, des mairies ou encore des communes rurales durant ce mois d'août. Mais en réalité, les fonctionnaires des collectivités locales sont en grève. Des débrayages à répétition. Au cours de la semaine dernière, ils ont débrayé pendant trois jours. Durant cette semaine,(11,12,13 août) une grève de trois jours sera également observée. Et au cours de la dernière semaine de ce mois (25,26, 27), ils récidiveront. Ces décisions ont été prises pour protester notamment contre l'absence du dialogue avec le Ministère de tutelle, indique un communiqué de la Fédération nationale des fonctionnaires et employés des Collectivités locales, relevant de l'Union marocaine du travail (UMT). L'Organisation démocratique des Collectivités locales, affiliée à l'Organisation démocratique du travail (ODT), qui a appelé au débrayage la semaine dernière, prévoit également d'observer une grève nationale les 31 août et 1er septembre. A noter dans ce cadre qu'il n'y a aucune coordination entre les syndicats qui décrètent ces mouvements de protestation qui sont très largement suivis au sein des différentes communes du pays. Non pas en raison de la représentativité des syndicats qui appellent aux débrayages, mais à cause de la gestion hasardeuse qui prévaut dans ce domaine. Personne n'ignore que les 2/3 des fonctionnaires et employés des collectivités locales sont des fantômes. A Casablanca par exemple, seuls 8.000 sur les 18.000 fonctionnaires que compte le Conseil de la ville exercent leurs fonctions. Les autres sont tout le temps aux abonnés-absents. Ils exercent même d'autres activités ailleurs. Cela montre toute l'ampleur de l'anarchie dans laquelle plonge le secteur. Voilà pourquoi les communiqués des syndicats ayant appelé au débrayage affichent des pourcentages très élevés quant à la participation du personnel des collectivités locales à la grève. En temps normal, le pourcentage de l'absence avoisine les 60%. Les autres fonctionnaires qui exercent leur fonction durant tous les mois de l'année n'attendent que cette occasion de la grève pour décamper. Et surtout durant la saison estivale. Du coup, ce sont les citoyens qui en payent le prix surtout les Marocains du monde qui se trouvent coincés entre le marteau de la pression du temps et l'enclume de l'absence de ces fonctionnaires. Une simple légalisation d'un document administratif pourrait ainsi attendre quatre jours pour être signée. Les effectifs de nos communes sont on ne peut plus pléthoriques. Ils engloutissent plus de 50% des budgets chaque année. Le secteur était exploité depuis les années quatre-vingt à des fins purement et simplement électorales. Chaque président embauche les siens et son successeur applique la même formule. Souvent, ces élus agissent de la sorte pour récompenser ceux qui les ont portés aux commandes de la gestion de la chose locale au détriment des intérêts des citoyens et de la cité. Aujourd'hui, les résultats sont là. Le nombre des employés fantômes est on ne peut plus outrancier. La gestion de plusieurs communes est chaotique. Il faut dire qu'au moment où l'on parle à la Direction générale des collectivités locales (DGCL) de la «stratégie 2015» pour le développement de la commune, la mission s'annonce des plus rudes. C'est dire qu'il devrait y avoir une ferme volonté politique pour assainir ce secteur.