Pour mettre fin à une querelle qui l'oppose depuis longtemps déjà à la Grèce voisine qui bloquait, pour cela, son adhésion à l'OTAN et ses négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE), Skopje avait conclu, en 2018, un accord « historique » avec Athènes en vertu duquel elle avait accepté d'ajouter la mention géographique « du Nord » à l'appellation « République de Macédoine ». Mais, cette « initiative » qui n'avait pas été du goût de tous les macédoniens avait été dénoncée, à l'époque, par la droite nationaliste du VMRO-DPMNE, dont Gordana Siljanovska-Davkova était la candidate au dernier scrutin du 8 mai. Aussi, en s'emparant, à l'issue de ce scrutin, de 58 des 120 sièges du Parlement et en battant, ainsi, l'Union sociale-démocrate (SDSM), au pouvoir depuis 2017, l'opposition de droite a donc fait son retour dans ce petit pays pauvre des Balkans de 1,8 millions d'habitants. Mais ce retour n'est pas « sans risques » car il pourrait raviver les tensions qui existent aussi bien avec la Grèce qu'avec la Bulgarie qui pose ses propres conditions pour faire avancer les négociations d'adhésion de cette petite république à l'Union européenne. En recueillant, à l'issue de cette élection, 65% des suffrages exprimés, Mme Siljanovska-Davkova chasse donc le président sortant, le social-démocrate Stevo Pendarovski, et devient la première femme à accéder à la magistrature suprême de ce petit pays des Balkans qui a obtenu son indépendance en 1991. Professeure à la retraite, ayant fêté, ce samedi, son 71ème anniversaire, la candidate victorieuse qui, dans sa prestation de serment, ce dimanche, devant les députés du Parlement et un certain nombre d'invités, a tenu à balayer, d'un simple revers de manche, les dispositions retenues lors de l'accord « historique » conclu avec la Grèce en 2018, en refusant d'ajouter la mention « du Nord » à Macédoine a déclaré qu'elle exercera « la fonction de présidente de Macédoine de manière consciencieuse et responsable », qu'elle respectera « la Constitution et les lois » et qu'elle protègera « la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de la Macédoine ». En appelant, par ailleurs, à l' « unité nationale », la nouvelle cheffe de l'Etat a tenu à assurer qu'elle serait la présidente de « tous les citoyens ». La victoire de Gordana Siljanovska-Davkova en tant que « première femme présidente de la Macédoine du Nord » et dont « le leadership arrive à un moment crucial, alors que (le) pays fait avancer ses réformes et poursuit son chemin vers l'UE », a été saluée, depuis Bruxelles, par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et par le président du Conseil européen, Charles Michel. En outre, dans un second message posté sur le réseau social « X » (ex-Twitter) dans la perspective de l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'Union européenne, la présidente de la Commission européenne a estimé « primordial » que le pays « continue sur la voie des réformes et respecte pleinement ses engagements ». Sachant que la nouvelle présidente a déjà rejeté l'accord « historique » conclu avec la Grèce en 2018, rien n'indique qu'elle va « pleinement respecter » les autres engagements pris par ses prédécesseurs, comme l'espère l'Union européenne, mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI