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Agir très vite pour sauver des vies
Publié dans Albayane le 17 - 05 - 2023


Ouardirhi Abdelaziz
Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde : plusieurs personnes meurent chaque année en raison de cette maladie que de toute autre cause. L'OMS estime à 17,7 millions le nombre de décès imputables aux maladies cardio-vasculaires, soit 31% de la mortalité mondiale totale. Parmi ces décès, on estime que 7,4 millions sont dus à une cardiopathie coronarienne, dont l'infarctus du myocarde que les médecins spécialistes en cardiologie qualifie de mal du siècle. On fait le point avec le docteur Mohamed Sadaoui cardiologue, spécialiste dans la cardiologie interventionnelle.
Le Maroc n'est pas à l'abri des maladies cardiovasculaires. Au contraire, notre pays est fortement concerné par ces maladies, qui faut-il le rappeler, sont la première cause de mortalité au Maroc.
Par ailleurs, les maladies cardiovasculaires sont responsables de plus de 100.000 décès par an, qu'un Marocain sur deux meurt d'une maladie cardiaque, dont l'infarctus du myocarde.
On a cru pendant longtemps que l'infarctus du myocarde, appelé aussi crise cardiaque, concernait surtout les personnes âgées. Mais la réalité est autre, non seulement le risque gagne du terrain, mais il vise de plus en plus une population plus jeune et nombreux sont celles et ceux qui sont victimes d'une crise cardiaque, d'un infarctus du myocarde qui se déclare soudainement.
Pour en savoir plus sur cette crise cardiaque, sur l'infarctus du myocarde, ses causes, ses signes, les innovations actuelles, la prévention de cette maladie, la rédaction Al Bayane est allée à la rencontre du docteur Mohamed Saadaoui, cardiologue, spécialiste dans la cardiologie interventionnelle.
Al Bayane : Le Maroc connaît une transition de son profil épidémiologique, avec une montée des maladies non transmissibles, qui représentent plus de 70 % des décès dans notre pays. Qu'en est-il des maladies cardiovasculaires ?
Docteur Mohamed Saadaoui : Au Maroc, comme du reste au niveau mondial, les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité. Elles représentent 38 %. En effet, il ressort des chiffres que 4 décès sur 10, sont liés à des maladies cardiovasculaires, dont 80 % inhérents à une maladie coronaire (infarctus du myocarde).
Des chiffres qui interpellent, surtout lorsqu'on sait que les maladies cardiovasculaires n'épargnent ni les personnes âgées ni les plus jeunes, et que la prise en charge est difficile, couteuse, lourde, avec souvent des séquelles. La prévention est donc primordiale.
Qu'est-ce que l'infarctus du myocarde ?
C'est une affection, une atteinte du cœur communément appelée crise cardiaque. Dans plus de 90 % des cas, l'infarctus du myocarde survient lorsqu'un caillot sanguin bloque complètement une artère coronaire qui apporte le sang oxygéné au cœur.
Ce manque de sang provoque la mort (dite infarctus, en termes médical) d'une région du muscle cardiaque. Ces dommages sont permanents et irréversibles.
Ce qu'il faut savoir, c'est que le pronostic après un infarctus du myocarde est directement lié à la revascularisation possible du myocarde. Plus vite l'artère responsable de l'infarctus sera désobstruée, débouchée, plus la fonction contractile du cœur sera conservée et plus vite le patient pourra s'en sortir.
Mais si on à intervenir, si on ne corrige pas rapidement le blocage, l'infarctus peut être une cause d'insuffisance cardiaque, et si l'atteinte au cœur est trop importante, cela peut conduire à l'arrêt cardiaque et au décès du patient. C'est vous dire toute l'importance d'une action rapide.
Que pouvez-vous nous dire au sujet des symptômes de l'infarctus du myocarde ?
Au regard des enjeux sanitaires que représentent aujourd'hui les maladies cardiovasculaires, et plus particulièrement l'infarctus du myocarde, il est essentiel, voir vital de reconnaitre les signes pour agir très vite, porter secours et assistance afin de sauver une vie.
Il est très utile d'insister sur l'importance de bien informer notre population car l'infarctus du myocarde concerne chacun de nous.
Les signes caractéristiques d'un infarctus du myocarde sont nombreux et variés, le malade ressent de façon brutale des douleurs dans la poitrine.
Il s'agit en général d'une douleur très intense située en plein milieu du thorax (derrière le sternum), produisant une sensation angoissante de serrement, d'oppression évoluant initialement en vague ou, d'emblée, brutale.
Cette douleur se prolonge dans le temps (au moins vingt minutes). Elle peut irradier vers la gorge, les mâchoires, l'épaule, les bras, parfois les poignets. Il peut s'y associer une fatigue intense, des sueurs, une pâleur, un essoufflement, des palpitations, un malaise, une sensation de mort imminente ou encore des signes digestifs : nausées et vomissements.
Il faut prêter attention à ces symptômes quand ils surviennent au repos ou au moindre effort, de façon non prolongée et répétitive. A ce stade, le muscle cardiaque n'est pas encore atteint.
Ce qui importe le plus dans une telle situation, c'est d'agir très vite, chaque minute compte. Il est absolument impératif de se rendre dans une structure sanitaire la plus proche, (hôpital – clinique....), il est vital de consulter un médecin dans les plus brefs délais, car souvent c'est une question de vie ou de mort.
Quelles sont les causes de l'infarctus du myocarde ?
L'infarctus du myocarde, comme les autres maladies cardiovasculaires (maladies du cœur et des artères), est causé par les dépôts de graisse sur les parois des artères. La maladie concerne surtout les hommes de plus de 55 ans et les femmes de 65 à 70 ans. Mais l'infarctus peut survenir plus tôt si les facteurs de risque cardiovasculaires sont cumulés.
S'agissant des causes, il y a certains facteurs de risque cardiovasculaire sur lesquels on ne peut pas agir, c'est notamment le cas en ce qui concerne l'âge et le sexe.
La probabilité d'avoir un accident cardiovasculaire augmente après 50 ans chez l'homme et après 60 ans chez la femme.
Les femmes ont quatre fois moins de risque de faire un infarctus que les hommes, avant la ménopause. Mais la proportion de femmes jeunes qui en sont victimes a toutefois tendance à augmenter, notamment en raison de l'augmentation du tabagisme et du surpoids.
Mais il y a des facteurs de risque sur lesquels nous pouvons agir, qui nécessitent une prise de conscience, et l'adoption d'attitudes de vie saines, de comportements responsables. Il s'agit tout d'abord du tabagisme.
Il n'est un secret pour personne de dire que le tabac favorise le rétrécissement des artères, la formation de caillots et l'apparition des troubles du rythme cardiaque. Sur le long terme, le tabac abîme peu à peu les artères. Aujourd'hui tout le monde est bien informé sur les risques du tabagisme.
Dans le même registre concernant les causes des maladies cardiovasculaires, dont l'infarctus du myocarde, il y a l'alcool.
Et il n'y a pas de consommation d'alcool sans risque.
Il est très sage de réduire la quantité totale d'alcool consommée à chaque occasion. La modération en toute chose est une vertu.
La sédentarité est aussi un facteur de risque non négligeable, elle est définie par la pratique d'une activité physique d'une durée inférieure à 30 minutes par jour.
Il est recommandé de faire de la marche chaque jour au moins pendant 30 minutes.
D'autres facteurs en cause dans l'infarctus du myocarde existent, il s'agit de l'hypercholestérolémie (taux de cholestérol élevé), de l'hypertension artérielle (HTA), du diabète, du surpoids, de l'obésité; du stress... Des facteurs de risque sur lesquels on peut agir, que l'on peut changer par des traitements prescrits par le médecin traitant, ou par la modification de nos habitudes.
Quelles sont les innovations actuelles concernant la prise en charge de l'infarctus du myocarde ?
Il faut reconnaitre que d'énormes progrès ont été réalisés par le Maroc dans ce domaine de la cardiologie tant eau niveau du secteur public que du secteur privé. A cet effet, il y a lieu de rappeler que l'urgence coronaire a depuis quelques années indiscutablement bénéficié de progrès diagnostics, thérapeutiques considérables.
Aujourd'hui, on a notre disposition des molécules innovantes, efficaces, très puissantes utilisées dans la phase aigüe de l'infarctus, que nous injectons. Ce sont les antiagrégants plaquettaires. Il y a plusieurs types.
Ce sont des médicaments que nous utilisons et qui ont une efficacité démontrée pour prévenir les manifestations cliniques en rapport avec une thrombose artérielle sur athérome.
Nous utilisons l'angioplastie, qui nous permet d'utiliser des actes rapides avec une très bonne efficacité à court, moyen et long terme.
L'utilisation des nouveaux stents permet d'améliorer les résultats.
Dans le domaine du diagnostic, nous disposons de l'IRM cardiaque, de même que le scanner cardiaque, des techniques d'imagerie qui nous permettent de disposer d'un diagnostic précoce, et nous guident dans la réalisation des actes de revascularisation, et qui sont de nos jours la pierre angulaire dans la prise en charge de l'infarctus du myocarde.
La biologie joue un rôle très important dans le diagnostic, il s'agit de marqueurs comme la myoglobine, la troponine, et les enzymes comme ASAT, ALAT, LDH, CK. L'étude de la cinétique de ces différents marqueurs sur plusieurs échantillons de prélèvements permet d'affirmer le diagnostic. En plus d'affirmer le diagnostic, la quantification de ces composants permet d'évaluer et de stratifier les risques encourus par le patient mais aussi de cibler plus facilement la prise en charge à utiliser.
Par ailleurs, des moyens très importants ont été et continuent d'être investis pour relever tous les défis concernant une médecine de pointe et des soins de qualité dans le domaine de la cardiologie. Le challenge pour ce qui reste l'un des problèmes majeur de santé publique pour notre pays est certes de diminuer la mortalité mais aussi la morbidité.
Que pouvez-nous dire au sujet de l'angioplastie primaire, et de la thrombolyse ?
En ce qui concerne la prise en charge de l'infarctus du myocarde, qui faut-il le rappeler ici est un réel problème de santé publique, et au regard des enjeux sanitaires , économiques et sociales , et dans un souci d'équité, il serait tout indiqué d'élaborer des schémas régionaux, de prise en charge de l'infarctus du myocarde au Maroc.
Dans les zones urbaines où l'accès aux structures spécialisées, disposants des unités d'angioplastie, de spécialistes de cardiologie interventionnelle, de personnel qualifié, le problème ne se pose pas. Dans le cas d'un infarctus du myocarde en phase aigüe, il est préférable de faire de l'angioplastie primaire. C'est-à-dire de réaliser des dilatations artérielles. L'angioplastie primaire est la technique la plus sûre et la plus efficace, puisqu'elle permet de rouvrir l'artère occluse dans près de 90 % des cas.
Mais au niveau des régions éloignées, des zones reculées, il faut promouvoir la réalisation de la thrombolyse dans un premier temps pour sauver les malades, et procéder par la suite à l'évacuation de ces patients vers des centres spécialisés disposant de salles de cathétérisme. Une telle approche est nécessaire pour assurer à chaque Marocaine, à chaque Marocain là où il se trouve de bénéficier des mêmes chances dans l'accès aux mêmes soins , et ce conformément aux hautes orientations de sa Majesté le Roi Mohamed VI que Dieu le glorifie.
Est-il possible de prévenir l'infarctus du myocarde ?
Le meilleur traitement de la maladie, c'est sa prévention. Et comme dit l'adage : « mieux vaut prévenir que guérir. »
Partant de ce principe, il est clair que la réponse à votre question qui consiste à savoir s'il est possible de prévenir l'infarctus du myocarde.
La réponse est oui, et j'en veux pour preuve toutes les études que mènent les chercheurs partout dans le monde, et qui confirment l'étroite relation entre un régime alimentaire sain, l'exercice physique et la bonne santé. Des données d'études sérieuses soulignent que quatre hommes sur cinq pourraient s'éviter une crise cardiaque s'ils arrêtaient de fumer, diminuaient leur consommation d'alcool, adoptaient un régime alimentaire équilibré et faisaient de l'exercice.
Oui on peut prévenir l'infarctus du myocarde, et au risque de me répéter, il suffit pour ce faire d'adopter une bonne hygiène de vie.
Vous êtes bien placé pour savoir que la pression artérielle peut être mesurée. Qu'un taux de cholestérol élevé peuvent être contrôlés, que le diabète peut être dépisté tôt et pris en charge, que le surpoids et l'obésité peuvent être vaincus , que e tabagisme fait l'objet de campagne de sensibilisation pour le sevrage, que l'activité physique est très encouragée...
Ce qui manque dans la prévention des maladies cardiaques dont l'infarctus du myocarde, c'est la volonté individuelle, et collective. C'est l'implication des uns et des autres autour des mêmes objectifs. Une approche qui nécessite de commencer très tôt la formation, l'éducation et la motivation des jeunes générations, un travail qui commence au domicile, puis à l'école, dans l'entourage, et qui implique tous le membre de la société. Il ne fait aucun doute qu'une telle approche préventive apportera les meilleurs résultats possibles.


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