Cherqui Ameur Le secteur de l'éducation et de l'enseignement au Maroc connait depuis l'indépendance des remue-ménages qui cherchent à chaque fois à diagnostiquer et à remédier aux problèmes qui entravent l'évolution et qui font de notre système éducatif l'un des plus critiqués au niveau national et des mal-classés au niveau international. Les initiatives pour hisser le niveau de ce domaine, considéré par SM le Roi Mohamed VI, comme le plus important après notre cause nationale, semble ne pas aboutir aux objectifs assignés. Sans chercher à verser dans un récit des différentes initiatives, nous tenons à rappeler que depuis la charte nationale sur l'éducation et la formation, en passant par le plan d'urgence et en arrivant à la stratégie nationale 2015-2030, les questions de la formation, initiale et continue, ont été toujours soulevées et à différents degrés. Elles sont l'expression d'un souci collectif, chez l'ensemble des acteurs et partenaires, qui traduit le fait que le changement ne peut nullement s'effectuer sans accorder à la formation un intérêt majeur. En ce qui concerne la formation initiale des enseignants, nous remarquons qu'elle a subi des changements depuis des décennies et, convaincu que la recherche du meilleur était toujours le pari, nous nous permettons d'avancer quelques remarques : * Avec les centres de formation des instituteurs (CFI), des centres pédagogiques régionaux (CPR) et des écoles normales supérieures (ENS), la durée du processus s'étalait au moins sur une année et les contenus étaient diversifiés car ils s'axaient sur des ceux relatifs à la spécialité (pour le secondaire) et d'autres en rapport avec la pédagogie et la didactique. Les professeurs issus de ce système s'acquittaient généralement bien de leurs tâches. * Les centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation (CRMEF) sont venus accompagner le changement avec une nouvelle vision et des structures pédagogiques prometteuses. Ces établissements ont initié la formation par des systèmes modulaires et avec des visions innovantes dont la plus importante, à notre avis, est la mise en place d'unités de recherches scientifiques dans le domaine pédagogique. Créés suivant le décret numéro 672-11-2 en date du 23 décembre 2011, ces centres n'ont cessé de déclencher de grandes réflexions et continuent à œuvrer pour une formation bien structurée sur des bases claires, des modules qui se complètent et qui visent l'amélioration du processus. Ces changements, au niveau des structures, a généré un certain nombre de questions relatives à la qualité de la formation et des contenus. Une situation qui continue de nos jours à créer de grands débats et qui mobilise, au niveau, des entités responsables, l'ouverture d'un grand nombre de chantiers dont le plus important est la révision des contenus et des processus de la formation initiale et qui a commencé avec la mise en place d'une équipe d'expertise nationale en matière de l'éducation et de la formation. Une équipe qui a produit jusqu'à présent les syllabus relatifs à toutes les disciplines et qui s'est penché, depuis quelque temps, sur l'élaboration des contenus et des activités. Un travail qui mettra en commun les efforts déployés dans les différents centres de formation pour s'accorder sur les grands principes de la formation des futurs professeurs. Quant à la formation continue, définie comme un mode d'apprentissage proposé aux professionnels cherchant à améliorer leurs compétences ou d'acquérir de nouvelles connaissances professionnelles, elle retient l'attention des décideurs ces dernières années car ils sont convaincus non seulement de son utilité, mais de son apport et sa capacité d'accompagner et d'améliorer les pratiques en donnant l'occasion surtout à un retour sur les pratiques professionnelles pour les analyser et de concevoir des stratégies capables de mener des pratiques réflexives et de pouvoir évaluer les écarts entre ce qui a été escompté et ce qui est atteint. Certes, les points à capitaliser sont nombreux et convergent vers l'objectif de relever le défi d'assurer une formation de qualité dans les centres, mais il reste des points à améliorer même si certains d'entre eux pourraient demander le retour à des pratiques anciennes comme les stages pratiques qui montrent que l'approche des semaines fermées est largement plus bénéfique que le volume hebdomadaire réduit. En conclusion, la formation, initiale ou continue, revêtent une importance particulière pour accompagner la grande mouvance que connaît actuellement le système d'éducation et de formation dans notre pays. Elle sont fondamentales pour donner le goût du métier aux futurs enseignants, cadres et accompagner les exerçants pour être à jour et les inciter à s'inscrire dans une dynamique évolutive, principal garant d'un enseignement de qualité pour une école démocratique et attractive.