Nabil El Bousaadi C'est par centaines que les jeunes femmes afghanes se sont rassemblées, ce mercredi, aux abords du campus universitaire de Kaboul après qu'elles se soient trouvées dans l'impossibilité d'accéder à l'Université en application des termes de la décision par laquelle, la veille, les autorités talibanes leur avaient expressément interdit de poursuivre des études universitaires. Ainsi, après avoir été interdites d'accès au collège et au lycée pour y effectuer des études secondaires, les jeunes filles afghanes n'ont, désormais, plus le droit d'accéder à l'Université. Elles n'ont donc plus le droit de dépasser l'enseignement primaire et ce, «jusqu'à nouvel ordre» comme cela fut clairement indiqué dans la correspondance adressée, aux universités publiques et privées du pays, par le ministre de l'Enseignement supérieur, Neda Mohammad Nadeem et ce, au moment-même où, à New York, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies tient une réunion consacrée à l'Afghanistan car de nombreuses chancelleries ont subordonné la reconnaissance du gouvernement de Kaboul et l'octroi d'une aide humanitaire, à son profit, à un changement de la politique menée, par ce dernier, en matière d'éducation des femmes. La décision prise par le régime de Kaboul a suscité un véritable tollé international et c'est le moins que l'on puisse dire car, en évoquant son côté «barbare», le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price l'a condamné, dans les «termes les plus fermes» et prévenu les «Talibans (qu'ils) devraient s'attendre à ce que cette décision, qui contredit les engagements qu'ils ont, eux-mêmes, pris publiquement et devant leur peuple, ait des conséquences concrètes pour eux» ; ceci sans omettre, toutefois, de saluer, au passage, la libération de deux ressortissants américains par les autorités afghanes. S'étant dit «profondément alarmé» par l'interdiction faite aux femmes d'aller à l'Université en Afghanistan, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a exhorté les autorités de Kaboul à «assurer l'égalité d'accès à l'éducation à tous les niveaux» car, en violant «l'égalité des droits pour les femmes et les filles», la décision qu'elles ont prise «aura un impact dévastateur sur l'avenir du pays». Le Qatar, pays musulman qui avait joué un rôle-clé dans la facilitation des pourparlers entre les Talibans et le monde occidental, et qui reconnaît que tout le monde a droit à l'éducation, a exhorté le régime de Kaboul à revenir sur cette décision «conformément aux enseignements de la religion islamique» et en abondant dans le même sens, l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI) a tenu à préciser, de son côté, que l'interdiction faites aux jeunes filles afghanes d'accéder à l'Université «porte gravement atteinte à la crédibilité du gouvernement». Ainsi, après les vingt années de guerre qui les avaient opposés aux troupes américaines et aux forces de l'OTAN et durant lesquelles les filles avaient été autorisées à poursuivre leurs études et les femmes à travailler, les Talibans qui, avant de reprendre le pouvoir, avaient promis d'être plus souples en matière de droits des femmes, ont fait volte-face et sont revenus à cette interprétation ultra-rigoriste de l'Islam qui avait marqué leur passage aux commandes de l'Afghanistan de 1996 à 2001 en refermant, le 23 mars dernier, les écoles secondaires pour filles quelques heures à peine après les avoir ouvertes conformément à une annonce faite depuis plusieurs mois. Pour justifier une telle décision, le chef suprême des Talibans, Haibatullah Akhundzaza avait invoqué le manque d'enseignants et promis que ces écoles rouvriraient leurs portes après l'élaboration d'un enseignement islamique et la formation d'enseignantes. Autant dire que beaucoup d'eau coulera sous les ponts avant que les jeunes filles afghanes ne soient, de nouveau, autorisées à accéder au Lycée et à l'Université au même titre que leurs compères mâles mais attendons pour voir...