Nabil El Bousaadi Lors d'un entretien qu'il a eu, la semaine dernière, à Bali, avec son homologue chinois, en marge de la tenue du sommet du G20 et à un moment où les tensions étaient à leur comble dans la péninsule coréenne du fait de la série record d'essais de missiles effectuée par Pyongyang, le président américain Joe Biden, soucieux de pousser la Chine à condamner, de manière officielle, les nouveaux tests effectués par la Corée du Nord car il demeure convaincu que Pékin ne souhaiterait pas voir une nouvelle escalade venant de Pyongyang, a demandé à Xi Jinping de signifier « clairement », à Kim Jong-un, qu'il lui appartient de mettre fin à ses essais nucléaires. Pour rappel, après avoir lancé, le 18 novembre, un missile balistique intercontinental, de type ICBM, le « Hwasong 17 », qui était tombé au large du Japon – donc, un tir réussi – le leader nord-coréen en avait profité pour menacer les Etats-Unis de riposte nucléaire si son pays venait à être attaqué. Or, bien qu'en mai dernier, Pékin et Moscou avaient opposé leur véto à un projet de résolution présenté par Washington à l'effet de renforcer les sanctions infligées à Pyongyang par les Nations-Unies pour ses programmes nucléaire et balistique et que, plus récemment, ils ont encore refusé de condamner le tir de missile effectué, par la Corée du Nord, le 18 Novembre, le président chinois Xi Jinping, dont le pays est le plus important allié et partenaire commercial de la Corée du Nord, a répondu favorablement à la demande de Joe Biden en adressant, au leader nord-coréen, Kim Jong-un, une lettre dans laquelle il a proposé, à ce dernier, de coopérer car « le monde, l'époque et l'histoire sont en train de changer d'une façon sans précédent » qui met leurs deux pays au-devant de la nécessité de « contribuer positivement » à l'accélération de « la paix, la stabilité, le développement et la prospérité de la région et du reste du monde ». Faut-il voir dans la démarche de Xi Jinping une réelle tentative de médiation ou un simple « affichage politique » qui, dans les faits, ne pourrait, en aucune manière, faire baisser la tension dans la péninsule coréenne quand, pour assurer sa sécurité, le régime de Pyongyang a non seulement misé sur le nucléaire mais en a même fait une doctrine ? Quoiqu'il en soit, il n'y a pas lieu de penser que Kim Jong-un va se plier aux « injonctions » des Etats-Unis alors que, pour riposter aux essais nucléaires effectués par Pyongyang, Washington et Séoul ont entrepris, dans la région, au début du mois de Novembre, les plus importants exercices militaires conjoints de leur Histoire. Ces opérations militaires, dites « Vigilant Storm », au cours desquelles les Etats-Unis ont déployé leurs fameux bombardiers supersoniques B-1B qui, pour l'armée de l'air américaine, constituent la « colonne vertébrale de la force américaine de bombardement à longue portée », ont été qualifiées, par Pyongyang, de « manœuvres militaires agressives et provocatrices visant la République Populaire et Démocratique de Corée ». Autant de raisons pour lesquelles le régime de Kim Jong-un s'est vu en droit de menacer de faire payer à Séoul et Washington « le plus horrible prix de l'histoire ». Qu'entend-il par-là ? Attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI