Mondial-2022 Après les « Nuits magiques » de l'Euro, le calcio replonge dans le cauchemar: le rendez-vous manqué avec le Mondial de la génération Verratti est un nouveau coup dur pour le football italien, dont les clubs sont en berne sportivement et économiquement. La « renaissance » initiée par le sélectionneur Roberto Mancini, couronnée d'un inattendu titre de champion d'Europe l'été dernier, a brutalement pris fin jeudi soir à Palerme, avec la défaite en demi-finale de barrages contre la modeste Macédoine du Nord (1-0). Voilà l'Italie revenue avant l'ère Mancini, où elle se trouvait en novembre 2017, au soir d'un triste 0-0 contre la Suède, dans un San Siro tétanisé, en barrage retour de qualification au Mondial-2018. Privée de Coupe du monde pour la première fois depuis 1958. Avec ce nouveau raté à Palerme, contre la 67e nation mondiale, l'Italie quadruple championne du monde (1934, 1938, 1982, 2006), prolonge un peu plus cette « apocalypse », en ratant pour la première fois de son histoire deux Coupes de monde de suite. Soit douze ans minimum éloigné du grand monde pour ce pays où le ballon rond reste de loin le sport N.1. Pas de Qatar, donc, mais une sacrée traversée du désert pour toute une génération de joueurs qui n'aura connu que des échecs en Coupes du monde, puisque tous les héros du dernier sacre mondial (en 2006) ne sont plus là depuis longtemps, à l'exception de Gianluigi Buffon, retraité international. Le Mondial s'est ainsi résumé aux deux éliminations au 1er tour (2010 et 2014) pour les anciens Bonucci (34 ans) et Chiellini (37 ans) et à une élimination au 1er tour pour Verratti (29 ans), Insigne (30 ans) ou Immobile (32 ans), autant de joueurs qui seront peut-être trop âgés pour le prochain en 2026. Mancini devrait quant à lui rester à la barre: le sélectionneur a été prolongé jusqu'en 2026 l'an dernier et il paraît protégé par sa victoire à l'Euro, alors que son prédécesseur Gian Piero Ventura n'avait pas survécu à l'échec en barrages en 2017. Le coup est d'autant plus dur pour le football italien que beaucoup comptaient sur la Nazionale pour faire un peu oublier le déclin des clubs nationaux sur la scène européenne: aucun ne s'est qualifié pour les quarts de finale de la Ligue des champions pour la seconde année de suite. L'ensemble de la Serie A a connu la saison dernière une perte record de plus d'1 milliard d'euros et une dette également en hausse de 3,3 milliards d'euros, selon un état des lieux établi cette semaine par la Gazzetta dello Sport. La Fédération italienne souhaite d'ailleurs instaurer des garde-fous pour encadrer le niveau de dépenses des clubs: « Si certains indicateurs économiques me disent que le système est dans un état de pré-faillite, je dois intervenir », a alerté le président fédéral Gabriele Gravina mercredi dans la Repubblica. Pour contrer ce déclin, le dirigeant aimerait aussi que les jeunes joueurs italiens aient davantage de place dans l'élite: « Les équipes de moins de 19 ans n'ont que 30% de joueurs italiens, il n'y a pas d'infrastructures pour entraîner les jeunes », a-t-il regretté. Un souffle d'air frais qui ferait du bien aux clubs mais surtout à la Nazionale qui va avoir besoin de ça pour se remettre de ce nouveau coup de massue.