Le phénomène des incendies de forêts causant le ravage de milliers d'hectares dans différentes régions du pays est ressuscité en permanence en cette période d'été connue par ces hauts risques sur le patrimoine forestier national. L'analyse de l'état des lieux annonce d'ores et déjà le taux élevé du nombre des superficies incendiées par rapport au taux de boisement jugé très faible. En effet, depuis le début de l'année et à la mi-juillet 2010, plus de 213 incendies de forêts ont été déclenchés, soit une superficie boisée de 287 hectares. Les dernières statistiques du haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification montrent que chaque incendie touche prés de 5.3 hectares. La moyenne des dix dernières années s'établit à 204 déclenchements de feu avec une superficie ravagée de 1310 hectares, soit près de 6.4 ha par incendie. Au niveau du bassin méditerranéen, la moyenne annuelle est située entre 15 et 20 ha par incendie. Aussi, 75% de la superficie boisée menacée par les départs de feu est formée de strates herbacées et d'essences secondaires. De même, selon le département en charge de la gestion et de la prévention des incendies de forêts sur le plan national, les superficies incendiées en forêts marocaines sont jugées relativement élevées, compte tenu du taux de boisement très faible (8%), de l'aridité du climat et des difficultés de reconstitution des espaces boisés. D'après Mohamed Qarro, de l'école nationale forestière d'ingénieurs de Salé, le Maroc a enregistré, durant la dernière décennie, une tendance à l'augmentation du nombre d'incendies et de la superficie touchée, particulièrement dans le nord du pays (Rif et Pré- Rif). Cela pour deux raisons : la sensibilité élevée au feu des formations forestières, et la forte pression anthropique exercée sur le domaine forestier. Et d'ajouter qu'entre 1960 et 2006, les incendies forestiers ont endommagé 143 765 ha, avec une moyenne de 252 incendies par an pour une surface moyenne annuelle de 3059 ha. La superficie moyenne touchée par l'incendie est de l'ordre de 12 ha. Ce qui laisse entendre une réelle menace pour le patrimoine forestier marocain. Deux facteurs sont souvent mis en cause dans le déclenchement des incendies, à savoir la sécheresse et l'homme. Le bassin méditerranéen est marqué par la prédominance à hauteur de 90% des feux provoqués exclusivement par l'être humain. Au Maroc, la région connue pour être la zone à haut risque est la région rifaine et plus particulièrement la province de Chefchaouen. La répartition géographique des superficies touchées place par ailleurs la région du sud-ouest (Taroudant, Tiznit, Agadir, Chtouka Ait Baha) en première place avec 46 départs de feu et 535 ha brûlés, suivi du Haut-Atlas (Essaouira, Marakech et Chichoua) avec 15 départs de feu touchant 239 ha et de l'Oriental (Oujda, Nador, Taourirt, Jerrada et Berkane) avec 33 départs de feux et 114 ha incendiés, indique un communiqué du haut commissariat aux eaux et forêts. . Le processus d'alerte et de réactivité du dispositif de lutte mis en œuvre par l'ensemble des partenaires au niveau national doit encore faire ses preuves devant l'ampleur du phénomène. On rappelle dans ce sens que le programme d'action de prévention et de lutte contre les incendies de forêts au titre de l'année 2010 s'articule autour des trois grands axes. Il s'agit du renforcement de la prévention à travers la sensibilisation et la réalisation des travaux d'équipement et de traitement des forêts et de la sensibilisation du grand public aux risques et impacts des incendies de forêts. Il s'agit également de la détection et de l'alerte par la mise en place d'un réseau de guetteurs et de patrouilles au niveau des zones sensibles et la mise en place d'un dispositif d'intervention terrestre et aérienne contre les feux de forêts. L'on se demande aujourd'hui sur le taux de réussite de la stratégie nationale de lutte et de prévention contre les incendies de forêts. Les analystes estiment que même si le plan d'action est clairement défini, la faiblesse des moyens techniques et humains combinés aux obstacles empêchant l'accès aux forêts entravent l'efficacité du travail. Economie forestière La fonction économique de tous les écosystèmes forestiers n'est pas moins vitale dans la mesure où une tranche importante des populations du pays tire des revenus directement ou indirectement du domaine forestier. La forêt marocaine contribue à hauteur de 30% à la couverture des besoins du pays en bois d'œuvre et d'industrie. Malgré les exportations de certains produits (pâte à papier, liège et autres produits forestiers non ligneux), le commerce des produits forestiers avec le reste du monde reste déficitaire.