Le nouveau variant du coronavirus, Omicron, continuait dimanche à se propager dans le monde entier, semant l'inquiétude et poussant de plus en plus de pays à fermer à nouveau leurs frontières aux voyageurs étrangers. Alors que la pandémie a déjà fauché plus de cinq millions de vies dans le monde depuis fin 2019, l'arrivée durant la semaine écoulée du variant Omicron a été jugée « préoccupante » par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Identifié en Afrique du Sud, il a poussé de nombreux pays à fermer leurs frontières à l'Afrique australe alors qu'ils venaient parfois à peine de se rouvrir au monde. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) est venue au secours des pays africains, demandant « que les frontières restent ouvertes » et appelant les autres pays à « adopter une approche scientifique », basée sur « l'évaluation des risques ». Se jugeant déjà « punie » pour avoir révélé l'existence du variant, l'Afrique du Sud a demandé la levée « immédiate et urgente » des restrictions de voyage. Le Malawi, également concerné, a dénoncé des restrictions de voyage relevant de « l'afrophobie ». Dans l'immédiat, le prestigieux hôpital Bambino Gesù de Rome a publié une première « image » du nouveau variant, qui montre qu'il présente beaucoup plus de mutations que le variant Delta actuellement dominant. « Cela ne signifie pas automatiquement que ces variations sont plus dangereuses, simplement que le virus s'est encore adapté à l'espèce humaine en générant un autre variant », précisent les chercheurs dans un communiqué. « D'autres études nous diront si cette adaptation est neutre, moins dangereuse ou plus dangereuse ». Les cas se sont en tout cas multipliés, notamment en Europe. Aux Pays-Bas, les autorités sanitaires ont annoncé dimanche que 13 passagers arrivés d'Afrique du Sud vendredi à Amsterdam étaient porteurs du variant. Deux cas ont également été signalés au Danemark, toujours chez des passagers venant d'Afrique du Sud, tout comme les trois cas désormais confirmés en Allemagne. Le Royaume-Uni a aussi annoncé un troisième cas, venu d'Afrique australe. Israël, où un cas a été confirmé chez un voyageur revenu du Malawi, va interdire à partir de dimanche soir l'entrée des étrangers et imposer test PCR et quarantaine même à ses ressortissants vaccinés. Deux cas ont été confirmés en Australie chez deux passagers vaccinés venus d'Afrique australe, le jour où le pays fermait lui aussi ses frontières à neuf Etats d'Afrique australe. Outre Israël et l'Australie, la présence du variant Omnicron est confirmée en Afrique du Sud, au Botswana, à Hong Kong et dans plusieurs pays d'Europe (Belgique, Allemagne, Italie et République tchèque). Face à cette propagation, le gouvernement britannique, qui occupe en ce moment la présidence tournante du G7, a convoqué pour lundi « une réunion d'urgence » des ministres de la Santé. En France, la détection du variant Omicron est « très probablement une question d'heures », a estimé dimanche le ministre de la Santé Olivier Véran. Le nouveau variant B.1.1.529 représente un risque « élevé à très élevé » pour l'Europe, selon l'agence de santé de l'Union européenne. Avant même son apparition, le continent affrontait une flambée épidémique liée au variant Delta, avec le rétablissement de restrictions sanitaires pas toujours bien acceptées comme aux Pays-Bas, dans les Antilles françaises ou en Suisse. Ce pays a néanmoins largement validé dimanche un pass Covid. En Autriche, des dizaines de milliers de personnes ont défilé ce week-end contre l'obligation vaccinale. Selon le groupe d'experts de l'OMS, les données préliminaires suggèrent que le variant Omicron présente « un risque accru de réinfection » par rapport aux autres variants. Jamais un variant n'avait provoqué autant d'inquiétude dans le monde depuis l'émergence de Delta, déjà très contagieux. Sur tous les continents, notamment en Europe, nombreux sont les Etats qui se ferment à des pays d'Afrique australe dont l'Afrique du Sud, le Botswana, le Zimbabwe, la Namibie, le Lesotho, l'Eswatini, le Mozambique, mais aussi la Zambie, le Malawi ou l'Angola selon les cas. Ils durcissent aussi les règles d'entrée pour tous les voyageurs. Dimanche, l'Angola, lui-même placé sur liste rouge par le Royaume-Uni, est devenu le premier pays d'Afrique australe à suspendre ses vols dans la zone. Les Philippines ont annoncé la suspension des vols en provenance de pays où le variant a été détecté. Au Royaume-Uni, de nouvelles restrictions entreront en vigueur mardi, avec notamment le retour du port du masque et un durcissement des mesures d'entrée sur le territoire. L'Arabie saoudite a allongé la liste des pays avec lesquels elle suspend ses liaisons, les portant à 14. Le Koweït et le Qatar – important hub aérien – ont aussi annoncé des restrictions respectivement envers neuf et cinq pays africains. Quant au Maroc, il a annoncé dimanche la suspension de tous les vols directs pour une durée de deux semaines. Aux Etats-Unis, qui venaient tout juste de se rouvrir au monde entier début novembre, les frontières seront fermées à partir de lundi aux voyageurs venant de huit pays d'Afrique australe. Du côté des fabricants de vaccins, AstraZeneca comme Pfizer/BioNTech, Moderna et Novavax se sont déclarés confiants dans leur capacité à combattre la souche Omicron. Il faudra « plusieurs semaines » pour comprendre le niveau de transmissibilité et de virulence du nouveau variant, a toutefois souligné vendredi l'OMS. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a estimé à « deux à trois semaines » ce délai, appelant dimanche à redoubler de précautions sanitaires pour « gagner du temps » durant cette « course contre la montre ». Dans l'immédiat, la présidente de l'Association médicale sud-africaine, Angelique Coetzee, qui a traité une trentaine de cas du nouveau variant, a indiqué dimanche que ces patients souffraient de « symptômes légers ». Près de 54% de la population mondiale a reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19, mais seulement 5,6% dans les pays à faible revenu, selon le site Our World in Data.