Plus jeune et plus féminin Plus jeune et plus féminin: le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a dévoilé samedi la composition de son nouveau gouvernement, qui, «une fois le plus dur de la pandémie surmonté», devra oeuvrer «à la reprise économique et à la création d'emplois». Ce remaniement, qui était dans l'air depuis quelques semaines, intervient alors que le gouvernement de gauche, minoritaire au Parlement, a été très affaibli ces derniers mois par divers revers ou controverses et que l'opposition de droite, que les sondages donnent en hausse, réclame des élections anticipées. «Aujourd'hui commence le gouvernement de la reprise», a lancé M. Sánchez lors d'une brève allocution depuis le palais de la Moncloa, siège du gouvernement, soulignant qu'à 30 mois des prochaines élections, l'une des priorités de la nouvelle équipe sera de «gérer cette énorme opportunité que représentent les fonds européens» pour la relance d'une économie dévastée par le Covid. L'Espagne est le deuxième bénéficiaire de ces fonds, après l'Italie. Le remaniement n'affecte pas l'alliance entre le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Sánchez et le petit parti de gauche radicale Podemos, qui conserve ses cinq portefeuilles, les changements concernant uniquement certains des 17 portefeuilles détenus par des membres du PSOE ou des personnalités qui en sont proches. Il s'agit, selon Pedro Sánchez, d'un «renouvellement générationnel», avec une moyenne d'âge de 50 ans (contre 55 auparavant), et surtout d'un renforcement supplémentaire de la présence des femmes (63% des ministres, contre 54% précédemment). Les quatre vice-présidentes du gouvernement de l'ancienne équipe ne sont plus désormais que trois, Carmen Calvo, jusqu'alors la première d'entre elles, quittant son poste. Nadia Calviño, ministre de l'Economie, la remplace comme première vice-présidente, suivie de Yolanda Díaz, dirigeante de Podemos et ministre du Travail, et de Teresa Ribera, la ministre de l'Environnement. La reprise, a déclaré M. Sánchez en énumérant les trois principaux axes de sa politique, «doit être digitale (…), doit être verte (…) et doit également être féministe». Plusieurs personnalités relativement peu connues intègrent ce nouveau gouvernement. Arancha González Laya est ainsi remplacée aux Affaires étrangères par un diplomate de carrière qui n'a pas 50 ans, l'actuel ambassadeur d'Espagne en France, José Manuel Albares. «Le problème de l'Espagne, c'est Sánchez, et c'est lui qui doit partir», a tweeté en réaction Pablo Casado, le leader du Parti populaire (conservateur), dénonçant «17 ministres purgés en deux ans et cinq crises de gouvernement». Pedro Sánchez traverse depuis plusieurs mois une phase très difficile. Il y a trois mois, il avait essuyé un terrible camouflet lors des élections régionales de Madrid, bastion historique de la droite, où le PSOE et Podemos avaient subi une déroute face au PP, qui avait fait du scrutin un référendum sur la politique gouvernementale, notamment en matière de lutte contre la pandémie. Plus récemment, la récente décision du gouvernement, fin juin, de gracier les responsables indépendantistes catalans emprisonnés à la suite de la tentative de sécession manquée de la Catalogne en 2017 a suscité la désapprobation d'une grande partie de l'opinion publique, selon plusieurs sondages, et fourni des munitions à l'opposition de droite. A tel point que certaines enquêtes d'opinion placent désormais le PP devant ou à égalité avec le PSOE en cas d'élections législatives anticipées. M. Sánchez avait dû procéder fin mars à un mini-remaniement imposé par la démission soudaine du gouvernement du leader de Podemos, Pablo Iglesias, qui s'était jeté dans la bataille pour les élections régionales à Madrid, avant d'abandonner la vie politique au soir des élections du 4 mai. Parmi les nouveaux arrivants, Pilar Llop Cuenca devient ministre de la Justice à la place de Juan Carlos Campo. Raquel Sánchez Jiménez, maire de la petite ville de Gava, est nommée ministre des Transports, tandis que Pilar Alegria devient ministre de l'Education. La nouvelle porte-parole du gouvernement est Isabel Rodríguez Garca, qui prendra aussi la tête du ministère de la Politique territoriale, alors que Diana Morant devient ministre de la Science et de l'Innovation. Mais deux ministres «régaliens» conservent leurs postes: ceux de l'Intérieur (Fernando Grande-Marlaska) et de la Défense (Margarita Robles). Depuis le début des années 1980, les socialistes (1982-1996, 2004-2008 et depuis 2018) et le PP (1996-2004 et 2011-2018) ont alterné au pouvoir. Mais depuis la chute en 2018 du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy (PP), le pays est plongé dans une grande instabilité politique.