Nabil El Bousaadi Les relations sont très tendues entre la nouvelle administration américaine et le Kremlin. Il ne pouvait pas en être autrement dès lors qu'en voulant marquer sa rupture avec son prédécesseur auquel il reprochait une complaisance envers Vladimir Poutine, Joe Biden avait, dès son arrivée à la Maison Blanche, affiché une grande fermeté à l'égard de la Russie allant même jusqu'à qualifier de « tueur » son homologue russe. C'est donc pour « calmer » le jeu que, le 19 mai dernier, Antony Blinken et Sergueï Lavrov, les chefs des diplomaties des deux pays, avaient décidé, lors d'une rencontre tenue à Reykjavik, en Islande, en marge du Conseil de l'Arctique, d'ouvrir la voie à un sommet entre le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine. Considérant que la Russie et les Etats-Unis « comprennent la nécessité de mettre fin au climat malsain qui s'est formé dans les relations entre Moscou et Washington ces dernières années », le ministre russe des Affaires étrangères a salué des discussions « constructives ». S'exprimant devant un parterre de journalistes, Antony Blinken, mettant en garde la Russie contre tout comportement « agressif » envers les Etats-Unis ou leurs alliés, a reconnu, néanmoins, qu'en dépit de leurs multiples « divergences », les deux pays restent persuadés qu'en coopérant « face aux défis communs », « le monde sera plus sûr ». D'ailleurs, avant le futur sommet américano-russe et à la veille de cette réunion de Reykjavik à laquelle prennent part les Etats-Unis, la Russie, l'Islande, le Canada, le Danemark, la Finlande, la Suède et la Norvège, Washington qui, pendant des semaines, avait laissé planer la menace de mesures punitives contre le gazoduc controversé Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, s'est finalement rétracté. Mais, bien que des deux côtés on assure rechercher l'apaisement, les déclarations ayant précédé ce face-à-face sont loin de le confirmer car lorsque Antony Blinken a évoqué les « profondes inquiétudes américaines » quant au déploiement des troupes russes dans le Donbass et près de la frontière ukrainienne, l'état de santé d'Alexeï Navalny ou encore son souhait de faire de l'Arctique, un laboratoire pour une coopération ciblée sur les défis communs comme la lutte contre le réchauffement climatique, Sergueï Lavrov est sorti de ses gonds et a fait monter la pression en rappelant que le Grand Nord est un territoire russe et en dénonçant, avec force, les velléités « offensives » des Occidentaux par l'entremise de la Norvège et de l'OTAN. C'est donc dans un climat de très vives tensions entre Washington et Moscou et sur fond d'échanges de sanctions et d'accusations réciproques que, comme l'a annoncé, un communiqué de la Maison Blanche, en date ce mardi 25 mai – le jour-même où Alexei Navalny a déclaré être visé par trois enquêtes criminelles et que la pression s'est accentué contre son mouvement et ses partisans – Joe Biden rencontrera son homologue russe le 16 Juin à Genève en Suisse en marge des réunions des dirigeants du G7 et de l'OTAN qui formeront, à n'en point douter, un front commun anti-Moscou. Ainsi, selon Washington, au cours de cette rencontre au sommet prévue entre Biden et Poutine, les discussions porteront sur le régime biélorusse accusé, par l'UE, d'avoir détourné un avion de ligne européen pour arrêter un opposant au régime d'Alexandre Loukachenko au pouvoir depuis 1994 mais toujours soutenu à bouts de bras par le Kremlin, sur la question du contrôle des armes nucléaires après que les deux pays aient prolongé, en février dernier et pour cinq nouvelles années, le traité de désarmement New Start, mais également sur l'Arctique et le changement climatique, la Syrie et, enfin, sur les programmes nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord. Enfin, si le 16 Juin, à Genève, Joe Biden et Vladimir Poutine se rencontreront, pour la première fois en tant que présidents, ils se connaissent déjà puisqu'ils s'étaient rencontré en Mars 2011 à Moscou, le premier en tant que vice-président de Barack Obama et le second en sa qualité de Premier ministre de Dmitry Medvedev. Comment se passeront ces retrouvailles ?