Quand le Ramadan coïncide avec une crise sanitaire, c'est le grand chambardement dans le marché de la grande distribution. Un secteur à forte croissance qui séduit énormément de Marocains, particulièrement durant ce mois béni. La course au ravitaillement commence dès la veille du mois sacré, voire un peu avant. Pas de sprint final, le rythme avance jour après jour et ce en dépit des messages rassurants du gouvernement quant au bon approvisionnement du marché local. En effet, tous les produits alimentaires sont disponibles en quantités suffisantes et pourtant les Marocains ne peuvent s'empêcher de se ruer sur les étalages des enseignes pour s'approvisionner en grande quantité. Durant ce mois, l'activité bat son plein, plus que jamais. Les étals de dattes et de jus sont particulièrement prisés. L'engouement pour ces produits augmente davantage durant les derniers jours du mois sacré et à l'approche de Aid Al-Fitr, selon Said Labidi, chef de rayon dans une enseigne de grande distribution à Kenitra. Pour Said, les dattes sont disponibles en abondance et à des prix qui correspondent à toutes les bourses, ajoutant que les étals sont bien achalandés en dattes de différentes variétés, en plus des dattes importées de différents pays arabes. Il a, en outre, fait savoir que la consommation de la volaille et des œufs a également monté en flèche durant les 3 derniers jours qui précèdent le mois du Ramadan, en plus des fruits secs qui sont tout aussi disponibles en grandes quantités, notamment les figues sèches, les amandes de diverses variétés de plus en plus consommées par les Marocains ainsi que les noix. L'espace attribué aux fruits et légumes est également fréquenté par la clientèle, a-t-il précisé, notant que tout chef de rayon s'active dans l'espace qui lui est réservé, pour présenter au mieux ses produits en soignant la disposition et en veillant à se distinguer par la qualité et la fraîcheur de fruits et légumes. Pour sa part, Meryem B., responsable commerciale et Marketing dans cette même enseigne à Kénitra, a fait savoir que les hyper marchés au Maroc ont développé depuis plusieurs années durant le mois du Ramadan, des stratégies marketing « de mieux en mieux rodées ». Elle a, dans ce sens, souligné que les ventes connaissent généralement durant cette période, un rebond de 30% à 35 % et atteignent les dix derniers jours avant l'Aïd, un pic de 60%, spécialement pour les produits laitiers, les viandes et les produits de la pêche. Selon Meryem, le soutien promotionnel et les campagnes publicitaires mis en avant par les grandes enseignes pour « marqueter » les produits phares usuels, jouent un rôle primordial dans la séduction de la clientèle, à commencer par les différents prospectus envoyés quelques jours avant le début du mois où les enseignes n'hésitent pas à mettre en exergue les offres promotionnelles sur les jus, les dattes ou d'autres produits vedettes de la période. Cette stratégie marketing se poursuit également au sein des grandes surfaces, où dès l'entrée, l'œil est rapidement captivée par les têtes de gondoles où « trônent des jus à tout-va ou encore des feuilles de brick joliment emballées pour l'occasion », a-t-elle poursuivi. Sans parler des nombreuses affiches estampillées un peu partout et invitant par conséquent les consommateurs à découvrir une sélection purement ramadanesque, ou encore les quelques îlots de produits alignés tout au long des allées centrales du magasin, a-t-elle soutenu. Ces campagnes de séduction n'ont pas échappé à Fatima. Cette quadragénaire, originaire de Kénitra, a tendance à s'orienter directement vers ces rayons spécialisés « Alimentation », dans les enseignes de grande distribution dans la mesure où tout y est regroupé et donc elle gagne du temps en faisant ses courses, raconte-t-elle . En déambulant entre les linéaires, l'œil aux aguets et le nez en l'air tel un oiseau renifleur en quête de proie, Fatima affirme poursuivre parfois ses achats dans des commerces traditionnels du type commerces de proximité ou supérettes, joutant qu'elle débourse durant ce mois, généralement le double de ce qu'elle a tendance à dépenser lors des autres mois. Fatima, dont les symptômes d'une fièvre acheteuse sont déjà inscrits sur son visage, a par ailleurs assuré que tous les produits à forte consommation au cours du mois sacré sont disponibles dans ces enseignes, en dépit de la crise sanitaire et la conjoncture induite par la pandémie du nouveau coronavirus, « ce qui demeure rassurant »! Dans un élan de solidarité, certaines enseignes ont commencé la veille du Ramadan à commercialiser des paniers ramadanesques qui peuvent être offerts aux familles en besoin ou bien consommés par les petits ménages. Une initiative louable qui connaît un franc succès cette année de la part de la clientèle de ces marques. Il faut aussi noter qu'en plus de cet engouement commercial, l'immense marché devient aussi, durant ce mois, un sacré refuge pour un grand nombre de jeûneurs en quête de « tuer le temps » en attendant l'heure du ftour. Ils passent parfois des heures à déambuler entre les stands bien achalandés au gré des couleurs, des odeurs et des senteurs.