Nabil El Bousaadi En s'appuyant sur une loi adoptée par son Parlement à majorité conservatrice, la République islamique iranienne entend cesser, à compter de ce 21 février 2021, de se soumettre au régime des inspections de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) tel que fixé par le «Joint Comprehensive Plan of Action» (JCPoA) signé à Vienne en Juillet 2015 au titre de l'encadrement du programme nucléaire iranien. Mais bien que cette volte-face qui n'a point été du goût des pays européens signataires dudit accord ait poussé ces derniers à mettre en garde Téhéran contre la «dangerosité» d'une telle initiative, la nouvelle administration de Washington qui entend toujours réactiver l'accord précité a multiplié les gestes d'apaisement en direction de l'Iran. Ainsi, après que les chefs des diplomaties de la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis aient fait part, dans un communiqué commun, de leur souhait de « voir l'Iran revenir au plein respect de ses engagements (afin) de préserver le régime de non-prolifération nucléaire et garantir que l'Iran ne puisse jamais acquérir une arme nucléaire», Ned Price, le porte-parole du département d'Etat américain, a confirmé que «les Etats-Unis acceptent une invitation du haut représentant de l'Union européenne à une réunion du P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France et Allemagne) et de l'Iran pour évoquer la meilleure façon d'avancer concernant le programme nucléaire iranien». Un responsable américain ayant requis l'anonymat ajoutera même qu'«aujourd'hui, il s'agit de prendre les mesures diplomatiques» nécessaires à la remise en route de l'accord de Vienne souhaitée par le président Biden. Pour rappel, l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord de Vienne telle que l'avait faite Donald Trump en Août 2018 ayant été jugée nulle et non avenue par une large majorité des membres du Conseil de Sécurité, la nouvelle administration américaine a donc décidé d'annuler la proclamation unilatérale faite par le gouvernement Trump de réactiver les sanctions américaines. L'autre geste d'apaisement qui a été fait ce jeudi par la nouvelle administration américaine a trait à l'allègement des restrictions imposées sur les déplacements des diplomates iraniens auprès de l'ONU à New York qui avaient été particulièrement alourdies par l'administration précédente quand elle avait imposé à ces diplomates et même au chef de la diplomatie iranienne de se cantonner à quelques rues autour du siège de l'ONU avec un parcours très précis pour aller et revenir de l'aéroport Kennedy. L'idée, comme l'expliquera un responsable du département d'Etat, «est de prendre des mesures pour supprimer les obstacles inutiles à la diplomatie multilatérale en modifiant les restrictions sur les voyages intérieurs qui avaient été extrêmement restrictives» et pour permettre, désormais, aux diplomates iraniens de se déplacer librement à New York et dans ses proches environs. En réponse à cela, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a tenu à préciser, dès le lendemain dans un Tweet, que Téhéran s'engage à annuler, sans délai, toutes les mesures de rétorsion qu'elle avait prises en réaction à la dénonciation de l'accord de Vienne par Donald Trump si la nouvelle administration américaine «lève, sans condition, toutes les sanctions imposées, réimposées ou rebaptisées par Trump». Si donc, depuis 2018, l'Iran s'est affranchi progressivement de presque toutes les limites qu'il avait accepté d'imposer à son programme nucléaire à la signature du JCPoA, nous assistons actuellement et depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche à une véritable partie de tennis au cours de laquelle les deux pays se renvoient chaque jour la balle pour savoir lequel des deux va devoir faire le premier pas pour relancer l'accord de Vienne. Cette partie va-t-elle s'achever, dans les jours qui viennent, par une réactivation de ce fameux accord au bénéfice de la paix dans le monde ? Tous les indicateurs permettent d'y croire mais attendons pour voir...