Malgré les critiques de l'UE «C'est une catastrophe!» : venue d'Autriche, Irene voulait passer en transit en Allemagne en voiture mais la police l'a stoppée net dimanche au poste-frontière de Kiefersfelden, où les forces de l'ordre, masque sur le visage, filtrent strictement désormais les entrées. A minuit, Berlin a en grande partie fermé ses frontières avec le Tyrol autrichien et la République tchèque pour tenter de contenir la diffusion des très contagieux variants du coronavirus, provoquant des frictions avec l'Union européenne. «Les personnes qui ne font pas partie des quelques exceptions autorisées ne pourront pas entrer» sur le territoire allemand, a prévenu le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer dans l'édition dominicale du quotidien Bild. C'est le cas notamment à Kiefersfelden, où Irene en a fait les frais et doit rebrousser chemin. « Je viens du Tyrol, je voulais juste passer en transit par l'Allemagne pour raccourcir le trajet en direction de Vienne. J'ai un vieux chien de 15 ans dans la voiture et maintenant il va falloir que je passe des heures sur les petites routes autrichiennes, tout ça sans GPS», maugrée-t-elle. Seuls autorisés à passer: les Allemands, les personnes résidant dans le pays ainsi que les frontaliers et professions jugées stratégiques, comme le transport de marchandises, sous condition de pouvoir présenter un test PCR négatif très récent au coronavirus. Un important dispositif d'un millier de policiers est mobilisé pour assurer ces contrôles. La compagnie ferroviaire Deutsche Bahn a suspendu ses liaisons avec ces zones et dimanche matin la police effectuait des contrôles aux arrivées de l'aéroport de Francfort. « Les gens qui sont refoulés sont mis de côté en file avec leurs véhicules. Une voiture de police vient se mettre en tête de convoi et les ramène vers l'Autriche », explique au poste de Kiefersfelden un porte-parole des forces de l'ordre, Rainer Scharf. A la frontière tchèque, il fallait dimanche compter avec une heure d'embouteillage. Ces restrictions ont été décidées en raison des craintes du gouvernement allemand d'une nouvelle vague de contamination au Covid-19 provenant des variants britannique et sud-africain du virus. Or la République tchèque, la Slovaquie et la région autrichienne du Tyrol sont considérées par Berlin comme zones à haut risque. Des contrôles aux frontières pourraient aussi être prochainement instaurés à la frontière avec la Moselle, département français où la circulation des variants est particulièrement active. «Il faut empêcher au mieux toute nouvelle intrusion», fait valoir le ministre de l'Intérieur du Bade-Wurtemberg, une région frontalière de la France. Ce tour de vis n'est pas du goût de l'Union européenne, qui craint comme au printemps 2020 la tentation du «chacun pour soi» des pays du bloc et une remise en cause de l'espace Schengen de libre circulation face à la pandémie. «Le virus ne se laissera pas arrêter par des frontières fermées», a déploré la commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides dimanche dans le quotidien allemand Augsburger Allgemeine. «La seule chose qui aide, ce sont les vaccins et les mesures de précaution sanitaires, il est à mon avis erroné de revenir à une Europe des frontières fermées», a-t-elle ajouté. «Maintenant ça suffit!», lui a rétorqué dans le quotidien Bild le ministre allemand de l'Intérieur, au moment où la Commission européenne est elle-même sous le feu des critiques en Allemagne pour la lenteur de la campagne de vaccination. La Commission «a commis assez d'erreurs» comme cela «et devrait nous soutenir plutôt que nous mettre des bâtons dans les roues avec ses conseils», a-t-il ajouté. Un avis partagé par le chef du gouvernement régional de Bavière, Markus Söder: «Nous sommes des grands partisans d'une Europe ouverte mais il est clair que la sécurité et la protection ont la priorité et donc l'introduction des contrôles aux frontières est tout à fait justifiée», a-t-il dit dimanche. L'Allemagne vient en parallèle chez elle de décider de maintenir jusqu'au 7 mars au moins le confinement partiel de sa population face à la pandémie, même si le nombre d'infections recule lentement.