Engagées dans une lutte sans merci contre le crime organisé, les autorités italiennes viennent de remporter une nouvelle victoire en procédant à l'arrestation de plus de 300 personnes du milieu, au terme d'une opération d'une ampleur inédite depuis 1995. Des biens, armes et de la drogue d'une valeur de 60 millions d'euros ont été également saisis à l'issue de cette opération qui a été largement médiatisée mercredi par les différents organes d'information italiens. Les descentes, qui ont mobilisé mardi quelque 3.000 policiers, ont visé notamment des têtes de la Ndrangheta, la mafia calabraise, tant au sud où se trouve son fief que dans les régions prospères du nord, son "poumon économique". Au nombre des "boss" tombés dans les filets des brigades anti-mafia, se trouve Domenico Oppedisano, 80 ans, considéré comme le n°1 de la Ndrangheta, qui a été arrêté à Rosarno (sud). Parmi les personnes arrêtées, figurent aussi le "boss" de l'organisation en Lombardie (nord) et plusieurs entrepreneurs. Selon les analystes, la Ndrangheta est devenue, ces dernières décennies, la plus importante et la plus redoutée des quatre organisations du crime en Italie, qui incluent la "Camorra" dans la région de Naples (sud), "Cosa nostra" en Sicile et "Sacra corona unita" dans les Pouilles (sud-est). Spécialisée notamment dans le trafic de drogue, en particulier la cocaïne, l'organisation a des ramifications dans plusieurs régions du monde. On lui attribue également le contrôle de nombreuses entreprises du nord de l'Italie en particulier dans le bâtiment. La Ndrangheta se serait aussi infiltrée dans les institutions publiques locales afin de décrocher des appels d'offres. Selon l'institut italien spécialisé "Eurispes", le chiffre d'affaires de la "Ndrangheta" atteint quelque 44 milliards d'euros, grâce en particulier au trafic de drogue et d'armes. Réagissant à l'opération, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi s'est réjoui de "ces grands succès obtenus contre les organisations criminelles, (qui) n'ont pas d'égal dans l'histoire de notre pays", tandis que son ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, s'est félicité que "la Ndrangheta soit touchée au coeur de son système criminel tant sur l'aspect organisationnel que patrimonial". Le ministère italien de l'Intérieur avait estimé en 2005 le nombre de personnes affiliées à l'organisation à 4.000 ou 5.000, pour une population de 576.000 habitants en Calabre. Ses origines lointaines remonteraient à une association criminelle spécialisée dans les jeux, la Garduna, constituée à Tolède, en Espagne, en 1412.(MAP).