Ils n'iront plus respirer dans la vallée du Jourdain, ces Palestiniens que la solution finale de Trump et de Natanyahu guette Le monde connaît depuis quelques mois la pandémie du coronavirus, et des présidents comme Donald Trump ou Jair Bolsonaro, ou encore le premier ministre britannique Boris Johnson, avant qu'il ne soit lui-même victime du virus, s'en moquaient. Les deux premiers continuent à le faire. Ce qui les intéresse en premier chef, c'est l'idéologie de la production matérielle qui renforce leur puissance et gonfle leur ego. Mais beaucoup de pays de par le monde ont pris le virus au sérieux et ont confiné leurs populations ou du moins leur ont recommandé, voire imposé, un certain nombre de barrières qui, qu'on le veuille ou non, font barrage à la propagation du virus tout en étant des atteintes aux libertés, dénoncées pour des raisons des droits de l'homme ou pour des raisons idéologiques, contraires au vivre-ensemble ou à l'hospitalité humaine. Il y a des paradoxes qu'il n'est pas toujours facile d'accepter ou de vivre. Les pays qui ont opté pour le confinement, à savoir, le non-droit de sortir de chez soi sauf en cas de nécessité absolue – comme le fait de se procurer à manger ou de se soigner, la sollicitation ou la réquisition étatique pour se rendre au travail pour le bien de la société, impliquant le corps soignant, les pompiers ou les appareils idéologiques d'état qui fonctionnent à la violence comme la police, l'armée ou la justice-, ces pays là n'ont pas tardé, sous plusieurs prétextes économiques, mais rarement humaines et psychologiques, à céder à l'exigence sociale du déconfinement : les gens ont besoin de sortir, de se promener, d'aller à la plage, de respirer dans la forêt, de ne pas être contrôlés dès qu'ils sont dehors, d'aller voir parents et amis, bref d'être libre, de ne pas étouffer, de ne pas se sentir coupés du monde, oubliés du monde. Et ceux qui osent braver les lois du confinement sont sanctionnés voire dénoncés à la vindicte populaire comme des dangers pour la société, des gens qui veulent, désirent, aspirent vivre en paix et surtout sans que l'on dérange leur vivre-entre-soi avec la présence ou l'intrusion des parasites dangereux. On le devine sous les mots de ceux qui dénoncent les personnes qui ne respectent pas les lois du confinement ou qui habitent là qu'elles présentent un éventuel danger pour des gens «sains». Pour eux, ces révoltés, ces résistants ou ces voisins devenus indésirables sont des terroristes qui ont choisi de faire peur aux bonnes gens qui n'aspirent qu'à vivre en paix. Et en langage clair, je dirai que l'Europe, quelques états américains et quelques autres pays lointains du Proche-Orient découvrent ce qu'est le confinement des Palestiniens imposé par le virus de la colonisation, incarné par l'Etat d'Israël depuis des décennies et sous prétexte de protéger les Israéliens du virus de l'antisémitisme palestinien. Dangereux et terroriste, le Palestinien n'a pas le droit à la mer que ce soit pour nager, naviguer ou pécher; il n'a pas le droit aux airs pour voyager et se rendre dans d'autres pays; il n'a pas le droit à toute son eau, sous ses pieds ou dans Le Jourdain, pour son corps, son agriculture et sa poésie ; il n'a pas le droit de se soigner quand il en a besoin ou de se nourrir comme il veut. On lui donne la nourriture en fonction des calories qu'il mérite d'avoir en tant que terroriste ; on lui autorise les écoles qu'on juge suffisantes pour que son quotient d'intelligence baisse et décline. On l'ensauvage à coup de plusieurs privations et injustices pour pouvoir le délester de son humanité. Le Palestinien devient moins homme et plus bête sauvage. Pour cela, l'Etat d'Israël, mobilise ses voisins arabes, qui eux aussi, il faut le dire, ont peur d'un Etat palestinien démocratique, laïc, cultivé et moderne, et en premier lieu la mère du monde : L'Egyplte, à qui Israël doit, dans les temps bibliques, Moïse, son sauveur. Et l'Egypte actuel doit à Israël son Sissi, son sauveur du danger de la démocratie. Paradoxes encore avec qui, on est obligé pour l'instant de vivre. On le dira un jour quand on aura fini de maquiller et d'habiller les Palestiniens en Peaux-rouge, comme cela fut poématisé par Mahmoud Darwich: Israël…Gaza…Les Palestiniens et ceux qui en restent furent parqués dans des réserves pour une figuration qui donnerait bonne conscience contre génocide pardonné voire oublié. Les Palestiniens sont confinés depuis des années dans des poches, réduites un peu plus tous les jours, de leur part de la Palestine partagée par les Nations Unies; et peu de peuples et d'hommes des démocraties occidentales s'en soucient, alors qu'elles ont, pour la plupart, contribué aux massacres des Juifs en Europe, avant de contribuer à la création et à l'armement d'Israël, pour racheter leur lâcheté ou leur férocité, comme l'Angleterre, la France et l'Allemagne. Se racheter de ses crimes en fermant les yeux sur les crimes de leurs victimes d'hier, devenus leurs bourreaux- protégés d'aujourd'hui est aussi un cynique paradoxe. Et seul Charles de Gaulle qui a dégagé la France du brasier algérien et de l'aventure hasardeuse de l'OTAN avertit Israël de l'abus de sa force : «un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur… beaucoup mieux organisé (s), beaucoup plus rassemblé (s), beaucoup mieux armé(s) que les arabes…Maintenant, il organise, sur les territoires qu'il a pris l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsion…et la résistance sera qualifiée de terrorisme…» (Discours du 27 novembre 1967). Phrases chocs qui ont permis lentement au lobby sioniste en France de contribuer au déclin du gaullisme, à partir de la présidence de Nicolas Sarkosy qui a réintégré la France dans l'Otan. Puis on a développé en France, contre les Français maghrébins qui dénoncent l'injustice israélienne infligée aux Palestiniens avec la complicité du silence français, un discours qui s'étonne qu'un conflit, loin de la France de plusieurs milliers de Kilomètres, puisse perturber la paix sociale dans l'Hexagone. Et on parle des Français d'origine maghrébine de «pro-Palestiniens», comme si on était dans un match de football, avec des «pro» d'un côté et des «pro» de l'autre, alors qu'il s'agit du droit international. On est pour la force du droit international ou pour le droit de la force contre le droit international. On oublie qu'en France beaucoup de jeunes sionistes font leur service militaire en Israël. Quelques uns oppriment voire tuent des Palestiniens et reviennent vivre tranquillement dans le pays des droits de l'homme sans inquiétude aucune. Par contre si un Franco-palestinien (Salah Hammouri, à titre d'exemple) ou un Franco-maghrébin s'en va en Israël pour militer pour l'injustice, Israël l'arrête et l'emprisonne et la France ferme les yeux et les oreilles. Un poids deux mesures; ainsi va l'injustice dans ce monde. Et le confinement des Palestiniens continue depuis des décennies! Les confinés pour quelques semaines en Europe ne savent même pas qu'il y a un peuple palestinien qui vit ce confinement depuis très longtemps. Ils ne le savent pas car les lobbys sionistes en Europe comme aux USA verrouillent les canaux de la radio, de la télévision et de beaucoup de journaux pour qu'on n'entende pas les souffrances du peuple confiné et colonisé par Israël, comme jadis, on n'entendait pas les souffrances des juifs qu'on emmenait à l'abattoir comme des moutons. Heureusement que de nombreux Juifs de par le monde, de l'Europe, du Maghreb, des USA, du Canada et d'autres contrées dénoncent le crime de confinement dont sont victimes les Palestiniens en général et les Palestiniens de Gaza en particulier. De nombreux savants, artistes, journalistes, linguistes (Noam Chomsky, Stéphane Hessel, Abraham Serfaty, Sion Assidon, Alain Gresh…) ou tout simplement hommes sans noms, simples mais humains et honnêtes risquent leur vie et leur travail pour dénoncer l'injustice du confinement à laquelle sont soumis les Palestiniens. Confinement qui est une forme d'apartheid aggravé, d'antisémitisme arabe aussi inacceptable que l'antisémitisme juif. Il est très significatif de rappeler que le seul pays qui n'ait pas été représenté aux funérailles du militant contre le racisme et l'apartheid Nelson Mandela fut Israël. Que des hommes aux pouvoirs des états arabes acceptent le joug d'Israël qui a trahi l'idéal des ses fondateurs, à savoir assurer «une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens sans distinction de croyance, de race ou de sexe…la sauvegarde et l'inviolabilité des lieux saints et des sanctuaires de toutes les religions et respecter les principes de la charte des Nations unis», et normalisent leurs relations avec les sionistes fascistes au pouvoir en Israël pour protéger leur couronne et maintenir leur dictature sur leurs peuples, cela peut se comprendre chez des pouvoirs pour qui, ce qui compte par- dessus tout, ce sont les intérêts de la survie du pouvoir par la violence et l'arbitraire qui réduisent les peuples en esclaves et les intérêts économiques. On sait que le commerce n'a pas de cœur, encore moins de conscience. Mais que des intellectuels et des artistes arabes, berbères francophones commencent à être plus sionistes que Ariel Sharon et Benjamin Natanyahu, voilà qui est désolant. Plus désolants encore que ceux qui se rangent explicitement du côté d'Israël dans les pays du Maghreb et acceptent discrètement de s'y se rendre et d'être honorés comme intellectuels, champions de la tolérance et de la lutte pour la sécurité d'Israël, il y a ceux qui se taisent lourdement sur cette injustice. Ils en ont parlé un peu, au début de leur carrière, pour montrer qu'ils sont des artistes et des intellectuels engagés, puis, une fois leur réputation faite, souvent avec l'aide du sionisme international, ils ont été frappé d'amnésie sur cette solution finale savamment prévue pour les Palestiniens et leur cause. Le cœur de Mahmoud Darwich n'a pas lâché par arrêt de ses battements mais par le froid glacial de la déception de la part des feux-poètes. En juillet, la droite, l'extrême droite et les fascistes des partis radicaux religieux et colonialistes se préparent à annexer les poumons qui permettent encore aux Palestiniens de respirer et d'espérer être déconfinés et libres sur le peu de territoires qu'ils se sont résignés à accepter, soit vingt-deux pour cent de la part qui leur revient de la Palestine partagée. Les Européens, comme d'injuste et de cynique tradition, ont déjà annoncé qu'ils ne prendraient pas de sanctions contre Israël. Ils voudront négocier. A propos de négociation, quand Yizhak Shamir consulte Henry Kissinger avant la fameuse rencontre des Arabes et des Israéliens à Madrid, ce dernier lui aurait dit : «Oui, négocier mais au moins pendant mille ans». Cela rappelle le processus de négociation que les colons des actuels USA ont imposé aux Indiens pour en massacrer le grand nombre et parquer le reste dans des réserves. Bernoussi Saltani