Village de Dar Bouidar: enfants abandonnés et orphelins par Ptissame Chababi Rien de plus beau et d'apaisant que de passer le 8 mars, cette journée tant spéciale de la Femme, auprès d'une centaine d'orphelins à proximité de la ville de Tahanaout, près de Marrakech, au pied de l'Atlas. Reportage. 8 mars 2020, 12h45. Les portes du village d'enfants de Dar Bouidar sont grandes ouvertes et toute l'équipe (près de 90 employés) est prête à accueillir toute personne voulant vivre un moment de bonheur et de partage, l'info passe aussi de bouche à oreille. Nous voilà reçus dans ce village d'enfants plein d'amour, d'amitié et de respect pour une catégorie d'enfants très spéciale. Ils ont pour dénominateur commun d'être des enfants abandonnés comme une «non-valeur», des laissés pour compte et donc exclus de la société. M. Hansjörg Huber, fondateur et Président de l'Association connue sous le nom «Les enfants de l'Atlas», se dit «Suisse au cœur marocain». Ancien spécialiste en assurance à la retraite, il quitte la Suisse, son pays natal, en 2010, pour se lancer dans un projet audacieux: donner le reste de son énergie et les quelques deniers économisés aux enfants abandonnés du royaume. En effet, il investit plus de la moitié de sa fortune (2 millions d'euros) dans la construction d'un village pour enfants. Pour le bonheur de ces pupilles, ceux à qui la chance a tourné le dos, avant-même qu'ils ne viennent au monde, puisque personne ne les a retenus en mémoire ni s'est jamais réjoui de leur naissance. «Un bien triste sort que connaissent 50 000 enfants chaque année au royaume», nous révèle le président de l'Association, la voix chagrinée. Il poursuit «le but de notre travail consiste à montrer à toute l'humanité que ces enfants doivent avoir les mêmes droits à l'éducation et à l'épanouissement de leur personnalité que tous les autres enfants». Depuis la construction du village en 2015, M. Huber travaille sans relâche avec l'aide de sa femme et de tout le personnel afin de montrer que ces enfants peuvent remonter la pente et aller très loin. Pour ce faire, il a mis en place un système d'encadrement éducatif et culturel : -Tous les enfants étudient quatre langues : l'arabe, le berbère, le français et le berbère. -Un professeur de musique leur apprend à jouer un instrument de musique. – Les enfants pratiquent du sport tous les jours – Des thérapies de Yoga, crâno-sacral, massage de l'Atlas, Reiki, ostéopathie …sont pratiquées une à deux fois par semaine afin d'aider à panser les blessures profondes de l'abandon et à guérir, au fil du temps, les traumatismes. Sans télévision, ni téléphone mobile (ni même de réseau), les enfants grandissent en symbiose avec la nature. – Deux excursions par semaine leur ouvrent le monde, ils visitent les musées de tout le pays. – En outre, ils auront tous un passeport pour pouvoir voyager et découvrir d'autres horizons. Dar Bouidar ne concentre pas seulement un groupe de maisons simples. Un bâtiment scolaire permet aux enfants d'être scolarisés sur place. Malheureusement c'est la seule alternative que l'Association ait trouvé afin de protéger ses enfants face aux risques d'une scolarisation à l'extérieur. En effet, une rentrée scolaire à l'école régulière du village était planifiée, afin d'optimiser au maximum leur intégration. Malheureusement, les enfants rentraient du village en pleurant et en se plaignant des moqueries et insultes («weld laharam») de la part de leurs camarades de classe. Face à ce constat alarmant, l'équipe de Dar Bouidar a décidé de leur construire leur propre école. Signalons, également, que la Fondation essaie tout au long de l'année de motiver les mamans biologiques à renouer les liens avec les enfants. Cependant, cela reste freiné par le fait que pour la plupart d'entre elles ont caché à leur famille leur grossesse… Nous poursuivons notre visite dans une mosquée avec un grand espace polyvalent, un petit théâtre en plein air, un jardin d'enfants et une infirmerie moderne, également à la disposition des habitants des villages berbères environnants. Vinrent ensuite un terrain de sport et une ferme modèle. Et, cerise sur le gâteau, la galerie d'art (Huber collectionnait les tableaux). Aujourd'hui, il met en vente sa collection d'art qu'il a achetée à travers les quatre coins du monde, au profit de l'Association. L'objectif est d'imprégner tous les enfants du village d'un bel environnement artistique et culturel. Nous finissons notre visite avec les paroles de M. Hansjörg: «mon but est de créer un phare en les éduquant, en leur donnant une vision, un dossard pour participer à cette magnifique expérience qui est la vie…». Espérons aujourd'hui, que tous, ensemble, nous redoublons d'énergie et réussir à faire évoluer les mentalités et arriver à notre but commun; celui d'éradiquer ce phénomène de l'abandon. Quelques chiffres 11 maisons sur 13 hectares 110 enfants dont 20 enfants avec un handicap 10% seulement des enfants connaissent leur maman 60 mamans font partie de la centaine d'employés 200 repas par jour 3 infirmières sont présentes sur place Une école, une mosquée, une infirmerie, un centre de kinésithérapie, une ferme, un parc de jeux.