S'opposant fermement à toutes nouvelles discussions internationales sur son programme nucléaire, Téhéran a rejeté, ce vendredi, l'idée d'une renégociation de l'accord de Vienne telle qu'évoquée la veille par le président français. Emboitant le pas à son homologue américain, Emmanuel Macron tente, depuis son arrivée au pouvoir, de promouvoir l'idée de la mise en œuvre d'une convention qui intégrerait de nouveaux éléments restreignant l'activité balistique de Téhéran au motif que le Joint Comprehensive Plan Of Action (JCPOA) signé à Vienne serait un instrument qui ne couvrirait qu'une période de dix années et qu'à ce titre, il faudrait «être sûr (que les iraniens) n'obtiennent pas l'arme nucléaire» au-delà de 2025. Or, en s'appuyant sur la résolution 2231 du Conseil de Sécurité qui, en consacrant l'accord signé à Vienne en Juillet 2015 entre la République islamique d'Iran, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité et l'Allemagne, «n'interdit pas un programme balistique et des essais de missiles par l'Iran» dès lors que ces derniers n'auraient qu'une fonction défensive, Abbas Moussavi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères qui a rappelé qu'après le retrait américain «les européens n'ont pas respecté leurs engagements et n'ont pas protégé les intérêts de l'Iran», a écarté, d'emblée, toute discussion qui sortirait du cadre défini par l'accord précité en arguant qu'elle ne ferait qu'attiser la «méfiance» de ses autres signataires. En rappelant aux signataires européens du JCPOA que, le 8 mai dernier, ils n'avaient point répondu aux demandes par lesquelles l'Iran avait sollicité leur aide pour «faire sortir de leur isolement les secteurs pétroliers et financiers iraniens visés par de nouvelles sanctions américaines», le porte-parole de la diplomatie iranienne a estimé qu'une renégociation de l'accord de Vienne ne ferait que jouer le jeu de la partie américaine en accélérant son «effondrement». La riposte américaine ne s'étant pas fait attendre, Washington a, dès vendredi, imposé de nouvelles sanctions à la République islamique iranienne en ciblant particulièrement la Persian Gulf Petrochemical Industries Company (PGPIC) et les sociétés qui lui sont affiliées. Ce groupe industriel qui couvre 40% de la production pétrochimique du pays et assure 50% des exportations du secteur est accusé, par ailleurs, de soutenir financièrement les Gardiens de la Révolution, cette unité d'élite de l'armée qui superviserait les programmes balistique et nucléaire de la république des mollahs. Et si, d'après le «Washington Times», Mike Pompeo, le Secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères, aurait demandé, ce vendredi, à l'Iran, de «replacer son programme balistique dans les limites imposées par la résolution 2231» qui l'oblige «à n'entreprendre aucune activité liée à des missiles balistiques conçus pour pouvoir lancer des armes nucléaires », Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne a rétorqué que les missiles iraniens ne sont pas conçus pour cela, que son pays ne développe pas de bombe nucléaire et que les Etats-Unis n'ont aucunement le droit de se référer à cette résolution dès lors qu'ils l'ont violée en se retirant unilatéralement de l'accord qu'elle a consacré. Enfin, si Washington et Téhéran n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980, force est de reconnaître, toutefois, que leurs rapports se sont tellement altérés, avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, que nul ne peut dire, pour l'heure, s'il ne s'agit-là, encore une fois, que d'un bruit de bottes comme on en entend très souvent dans la région ou bien plus encore. Alors, attendons pour voir…