A l'issue du dépouillement effectué, ce dimanche 5 mai au soir dans 92,51% des bureaux de votes, le tribunal électoral du Panama a annoncé la victoire aux élections présidentielles, à un tour, dans ce petit pays d'Amérique Centrale, du candidat du Parti Révolutionnaire Démocratique (PRD), Laurentino «Nito» Cortizo, 66 ans, qui a recueilli 33,08% des voix dépassant de près de 40.000 voix son rival du Changement Démocratique, droite, Romulo Roux qui a obtenu 31,06% des suffrages exprimés. Ils ont, tous les deux, largement devancé le candidat indépendant Ricardo Lombana qui, lui, n'a recueilli que 19,34% des voix. Ayant axé sa campagne électorale sur la lutte contre la corruption et les inégalités sociales, Laurentino Cortizo, «Nito» pour les intimes, élu de justesse, sera, néanmoins, le nouveau président du Panama pour un mandat de cinq années. Bien que la campagne électorale fut sans relief après avoir été limitée à deux mois, 73% des électeurs panaméens avaient, tout de même, pris, ce dimanche, la direction des bureaux de vote pour élire, outre leur nouveau président, 71 députés, 81 maires et 700 autres élus locaux ; le tout dans une ambiance particulièrement entachée par des scandales de corruption dont se seraient rendus coupables certains députés issus des rangs des deux principaux candidats à l'élection présidentielle. Ayant, dès le lancement de la campagne, fait office de favori parmi les sept candidats en lice, le nouveau président élu n'est pas un inconnu puisqu'il avait déjà été ministre dans le gouvernement du président Martin Torrijos (2004-2009) avant de démissionner à la suite d'un désaccord portant sur le traité de libre-échange signé alors entre le Panama et les Etats-Unis. Et même si le président sortant, Juan Carlos Varela, s'était attiré les foudres de Washington après avoir confié à des entreprises chinoises un grand nombre de grands projets d'infrastructure, le nouveau chef de l'Etat panaméen, qui n'en a pas été découragé pour autant, a promis d'approfondir ses relations avec Pékin. Aussi, en considérant, par ailleurs, que le 31 décembre 1999, les Etats-Unis avaient rendu au pays sa souveraineté sur le canal de Panama – canal interocéanique stratégique et voie de navigation d'une extrême importance reliant les océans Atlantique et Pacifique par laquelle transitent annuellement 270 milliards de dollars de marchandise – le nouveau président se verra donc contraint de jongler entre les ambitions de la Chine dans la région et celles de Washington qui veille jalousement sur sa traditionnelle sphère d'influence car les 80 kms du canal par lesquels est acheminé 5% du commerce maritime mondial revêtent toujours, aux yeux de la Maison Blanche, une extrême importance et constituent un enjeu essentiel. Le nouvel homme fort de ce petit pays d'Amérique Centrale parviendra-t-il à jouer le parfait équilibriste pour calmer les ardeurs et satisfaire les appétits de Pékin et de Washington dans la région ? Attendons pour voir…