Un communiqué du Haut Commandement militaire sud-coréen a indiqué ce dimanche que, la veille, Pyongyang «a lancé plusieurs missiles (…) depuis la péninsule de Hodo, près de la ville côtière de Wonsan, en direction du nord-est entre 9h 06 et 9h 27» ajoutant que lesdits missiles auraient parcouru entre 70 et 200 km au-dessus de la Mer du Japon. Et si le ministère nippon de la Défense a indiqué, de son côté, qu'aucun missile n'avait survolé le Japon, Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche a déclaré, pour sa part, que les Etats-Unis sont «au courant des actions de la Corée du Nord (et qu'ils) continueront à surveiller». Pour rappel, la semaine dernière et alors même que les pourparlers portant sur le programme balistique et nucléaire de la Corée du Nord sont gelés depuis trois mois, Chloe Son Hui, la vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères avait prévenu Washington que, s'ils ne révisaient pas leur position avant la fin de l'année, «ils feront face à un résultat indésirable» quand bien même la «résolution (de Pyongyang) en matière de dénucléarisation reste intacte». Or, de Séoul, Ankit Panda, spécialiste de la Corée du Nord, qui a estimé que les lancements de ce samedi «ne violent pas le moratoire sur les essais de missiles que s'est lui-même imposé Kim Jong-un (qui) ne s'applique qu'aux missiles intercontinentaux» a rappelé qu'«historiquement, la Corée du Nord n'a jamais testé quoi que ce soit pendant que des pourparlers ont lieu avec les Etats-Unis et (qu') il n'y a pas de pourparlers actuellement». Autre son de cloche du côté de Harry J. Kazianis, directeur des études coréennes au Center for the National Interest à Washington selon lequel, en agissant ainsi, le dirigeant nord-coréen aurait « décidé de rappeler au monde – et plus particulièrement aux Etats-Unis – que ses capacités d'armement augmentent de jour en jour». Craignant notamment «que ceci ne soit le début d'un retour au temps des menaces de guerre nucléaire et des insultes personnelles, un cycle de tensions qu'il faut éviter à tout prix» Harry J. Kazianis rappelle qu'en novembre et avril derniers, et pour la première fois depuis le début de ses négociations avec les Etats-Unis, la Corée du Nord n'avait pas caché au monde entier avoir testé des «armes tactiques» sans, néanmoins, donner de plus amples précisions. Force est de reconnaître, toutefois, que, pour ne point compromettre son rapprochement avec Washington, Pyongyang dont le dernier tir de missile balistique date de Novembre 2017 s'est abstenu, depuis le début de ses négociations avec Washington, de tester de nouveaux missiles balistiques ou nucléaires. Enfin, malgré l'échec du sommet de Hanoï de Février dernier au cours duquel le président américain avait refusé de lever les sanctions au motif que la dénucléarisation entreprise par Pyongyang était jugée encore trop timide, Kim Jong-un s'est dit, fin avril, «prêt» pour une nouvelle rencontre avec le président Donald Trump si ce dernier consentait à adopter «la bonne attitude» et à présenter «des conditions mutuellement acceptables». L'espoir de parvenir, dans des délais raisonnables, à la dénucléarisation de la péninsule coréenne est-il encore de mise malgré tous ces atermoiements? Attendons pour voir…