«Nous avons vaincu l'Etat islamique en Syrie, ma seule raison d'y être» a annoncé ce mercredi l'imprévisible président américain Donald Trump sur son compte Twitter en prenant de court les membres de sa propre administration avant de publier, dans la soirée, une vidéo où il déclare : «Nous avons gagné (…) Il est temps que nos troupes rentrent à la maison. Nos garçons, nos jeunes femmes, nos hommes, ils rentrent tous et ils rentrent maintenant». Or, si l'on en croit le «New York Times», mercredi matin certains responsables du Pentagone essayaient encore de le faire revenir sur sa décision au motif que pour eux «la campagne contre l'EI n'est pas encore terminée» et qu'à ce titre il n'y a pas lieu de faire rentrer au bercail les 2.000 soldats américains alors que le pays est la proie des ambitions croisées de l'Iran, la Turquie et la Russie. Mais n'en faisant qu'à sa tête comme à son accoutumée le président américain compte faire rentrer ses soldats à la maison alors que, sans aucun mandat international, ceux-ci étaient quand même parvenus à devenir une réelle force de stabilisation. Ils s'étaient donné pour mission de protéger les forces locales à dominante kurde – ces fameuses milices YPG ou «Unités de Protection du Peuple» qui s'étaient portées au premier rang de la bataille contre l'E.I. – d'un massacre certain par Ankara qui les voit comme étant un groupe terroriste au même titre que son ennemi juré, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et de tenir à distance aussi bien les combattants de l'Etat islamique que les forces de Bachar Al Assad et leurs alliés iraniens. S'agissant de la Turquie, il y a lieu de signaler que dès lundi, Recep Tayyip Erdogan avait déclaré, avoir le feu vert de Washington pour chasser «les groupes terroristes (entendez par là les milices YPG) de l'est de l'Euphrate» alors même que ces derniers étaient parvenus le jour-même à déloger les combattants de l'E.I. de Hajine, leur ultime bastion territorial. Ainsi, avec le retrait américain, le président turc qui a déclaré: «Nous pouvons enclencher nos opérations en Syrie à n'importe quel moment à partir des territoires qui correspondront à nos projets» pourra donc passer à l'offensive quand bon lui semblera. Le coup est dur pour les forces locales à dominante kurde qui voient ce retrait comme étant une trahison car après avoir combattu l'E.I. aux côtés des américains, elles vont se retrouver à la merci des troupes d'Ankara; ce qui a fait dire à un de leurs responsables qu'«en cas de retrait des forces de la coalition» ils n'auront plus aucun autre choix que celui «d'appeler Damas à prendre ses responsabilités (…) pour défendre le territoire syrien». Autant dire que l'inquiétude est grande ! D'un autre côté, avec le retrait des soldats américains, il ne restera plus à Washington et à ses alliés européens que le dossier «reconstruction» dans un pays dévasté qui aura besoin de centaines de milliards de dollars pour renaître de ses cendres. A l'heure qu'il est, le seul dirigeant étranger à avoir réagi au retrait annoncé par Donald Trump est le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou qui a fait part de son intention d'étudier «les retombées d'un retrait américain de Syrie» et signalé qu'Israël est prêt à «se défendre» contre toutes éventuelles menaces qui proviendraient du voisin syrien. Comment donc les choses vont-elles évoluer en l'absence des américains dans un pays qui suscite la convoitise de l'Iran, la Turquie et la Russie ? Attendons pour voir…