La levée de la subvention sur le sucre, la farine de blé tendre et le gaz butane a-t-elle été abandonnée ou simplement repoussée ? Le rapport sur la compensation accompagnant le projet de loi de finances n'a pas tranché cette question, alors que le rapport de 2018 avait insisté sur la poursuite de la décompensation. Au contraire, le gouvernement a prévu une hausse des crédits consacrés à la compensation. La dotation prévue s'élève à 17,6 milliards de dirhams, destinées à soutenir les prix du gaz butane et de ces deux produits alimentaires. En juillet 2017, Houcine Daoudi, alors ministre des Affaires générales avait affirmé devant les parlementaires que la décompensation ne se fera pas avant 2019. Selon des sources proches du dossier, la suppression des subventions sur ces trois produits sera activée une fois le registre national de la population mis en place. Ce registre, toujours en cours d'élaboration, fournira une cartographie des populations pauvres et vulnérables entre-autres. Ce qui permettra au gouvernement de mieux cibler les ménages démunis éligibles aux aides. En attendant, la subvention sera donc maintenue l'année prochaine avec même une augmentation du budget consacré au système de compensation puisque que l'enveloppe consacrée à ce système dans la loi de finances de 2018 était fixée à 13 milliards de dirhams. La décision est justifiée par la hausse prévue des cours à l'international. Le gouvernement table sur une moyenne du prix de gaz butane à 560 dollars. En fait, le cours du butane grimpe depuis août 2017. Entre janvier et septembre 2018, il a oscillé dans une fourchette allant de 438$/tonne à 657$/tonne avec une moyenne de 533$. Cette évolution a entrainé une hausse de la charge de compensation du gaz butane, qui atteint 10,31 milliards de dirhams en 2017 contre 7,13 milliards un an auparavant. Pour les deux autres produits, aucune augmentation du cours n'est à craindre. En effet, le cours du blé tendre sur le marché international est inférieur de à 200$/T depuis près de quatre ans. L'augmentation continue de la production mondiale qui entraine l'accumulation des stocks durant les dernières années est en faveur de la baisse du cours. Pour autant, la charge de compensation a grimpé, à cause surtout de la charge des appels d'offres lancés en 2017 et à la restitution de la prime de collecte. Rappelons que ces appels d'offres portent sur l'approvisionnement des minoteries en blé tendre destiné à la fabrication des farines subventionnées. L'écart entre les prix fixés par les soumissionnaires et le prix d'entrée moulin étant pris en charge par le système de compensation. S'agissant du cours du sucre, il s'est également inscrit dans une baisse au cours depuis 2013 grâce à une production excédentaire. Cependant, la charge de compensation de ce produit a légèrement augmenté, passant à 3,68 milliards de dirhams en 2017 contre 3,66 milliards en 2016.