«Comment peut-on mener la moindre négociation utile avec une Maison Blanche qui méconnaît les bases de l'ordre économique mondial et vit dans un monde fantasmé, tordu et décrépi ?» pouvait-on lire ce lundi sur les colonnes du grand quotidien conservateur allemand «Die Welt». Considérant que «le langage inflammatoire» utilisé par Donald Trump à l'issue du sommet du G7 ne peut, en aucun cas, «améliorer les choses» et dénonçant le fait que celui-ci ait vilipendé le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, la chancelière allemande en a profité pour remercier ce dernier d'avoir bien voulu se mettre «du côté de l'U.E.». La dirigeante allemande estime, également, que la décision de Donald Trump de retirer son approbation au communiqué conjoint qui reste un document «laborieusement négocié» est «une expérience qui donne à réfléchir». Reconnaissant que Washington partage, néanmoins, la position de principe du G7 sur de «nombreuses questions», Angela Merkel juge qu'il est encore trop tôt pour renoncer au dialogue avec les Etats-Unis. Aussi, l'Europe ne laissera pas Trump faire ce «qu'il veut» alors qu'il semble ne plus avoir «l'esprit du G7». Pour le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, le président américain a «détruit» la confiance entre les Etats-Unis et l'Europe en retirant, a posteriori et au moyen d'un tweet, son soutien à l'accord final du sommet. Mais, le locataire de la Maison Blanche ne s'est pas contenté de se «retirer» son soutien au communiqué commun rédigé à l'issue du sommet du G7 puisque, dans d'autres tweets, il s'en est pris aux pays européens et notamment à l'Allemagne au motif que malgré leur excédent commercial avec les Etats-Unis, ceux-ci ne s'acquittent pas de l'intégralité des sommes qui leur sont dûes par l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Et si Theresa May, la première ministre britannique, «soutient pleinement» son homologue canadien, Paris s'est vivement élevé contre les «colères», les «petits mots», «l'incohérence» et «l'inconsistance» de Donald Trump. Tout cela ajouté au fait que l'Europe, le Canada et même le Japon – dans une moindre mesure, il est vrai – se sont trouvés dans l'obligation de faire front commun face aux provocations de Donald Trump, a fait dire à François Brousseau du «Journal de Montréal», que ce sommet du G7 de La Malbaie pourrait bien être le dernier. Ainsi, même si, à première vue, cette question semble prématurée elle reste, néanmoins, «légitime» et «dans l'air du temps» au moment où l'on assiste «à la grande décomposition des piliers de l'ordre international». Et si, par ailleurs, toutes ces tensions étaient là bien avant l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, force est de reconnaitre, toutefois, que ce dernier les a «amplifiées en les mettant au premier plan de manière explosive» à telle enseigne que ce sommet de La Malbaie représente, on ne peut mieux, «l'éclatement d'un concept épuisé et en fin de course»; en somme, la fin du G7 comme ensemble cohérent. Disons pour terminer que, dans son éditorial, le quotidien québécois «La Presse» relève que «la maison G7 est en feu et que celui qui la regarde brûler, un bidon d'essence à la main et le sourire aux lèvres, est hélas le plus puissant du groupe (mais) aussi le plus borné». Est-ce à dire que nous assistons à la mort d'un G7 qui était à l'agonie bien avant le sommet de La Malbaie ? Il est vrai que tous les clignotants sont au rouge mais ne jetons pas d'huile sur le feu à l'instar de ce pyromane à la tête de la plus grande puissance mondiale qui a toujours voulu s'improviser pompier sans jamais y parvenir, armons-nous d'espoir et attendons pour voir...