Après qu'en solidarité avec le Royaume-Uni, l'Union Européenne ait rappelé son ambassadeur «pour consultations» dans le cadre des suites de la tentative d'assassinat sur le sol britannique par empoisonnement à l'aide d'un gaz innervant d'un ancien espion russe, la Lituanie, l'Irlande, la République Tchèque et le Danemark se sont dits prêts à prendre des mesures de rétorsion contre Moscou. Pour rappel, dès le déclenchement le 4 mars dernier de cette sombre affaire d'espionnage, le Royaume-Uni a procédé à l'expulsion de 23 diplomates russes accrédités à Londres et, en guise de représailles, Moscou avait fait de même à l'égard de 23 diplomates britanniques dépêchés en Russie. Mais une affaire qui, au départ, semblait être strictement bilatérale a rapidement pris une tournure «européenne» lorsque durant les travaux de son Conseil, les 22 et 23 mars, l'Union Européenne a brandit l'étendard de la solidarité continentale à telle enseigne que c'est en application des «conclusions» dudit Conseil, que la France a donné une semaine à quatre diplomates russes pour quitter l'Hexagone. Il n'en fallait pas plus que la Maison Blanche ne vienne à la rescousse du vieux continent en conférant à ce dossier un caractère «international» et en expulsant 60 «espions» russes. A ce jour, ce sont donc quatorze pays européens dont la France et l'Allemagne, en plus des Etats-Unis et du Canada, qui ont convenu d'expulser des diplomates russes. Il va de soi que face à ce branle-bas de combat qui, aux yeux de Moscou, n'est qu'une «provocation» et «le témoignage de la poursuite d'une ligne de confrontation visant à aggraver la situation», les autorités russes ne sauraient rester les bras croisés. Aussi, en condamnant ceux qui «suivent aveuglément le principe de l'unité euro-atlantique au détriment du bon sens, des normes d'un dialogue civilisé entre Etats et des principes du droit international», le ministère russe des Affaires étrangères a prévenu que ces «mesures inamicales» ne resteront pas sans conséquences. Il apparait donc de plus en plus certain qu'avec un Vladimir Poutine, plus fort que jamais, maintenant qu'il a repris, pour la quatrième fois, les rênes d'un pays auquel il cherche résolument à redonner la grandeur et le panache qui furent les siens avant que la Glasnost et la Perestroïka mises en œuvre par un certain Gorbatchev ne contribuent au démantèlement de l'ex-Empire soviétique et à l'effondrement de l'URSS, la nouvelle confrontation qui se dessine entre une Europe aidée par les Etats-Unis et le Canada d'un côté et la Russie, de l'autre, ne soit rien d'autre qu'une nouvelle confrontation Est-Ouest et une guerre froide «réchauffée».