Le ton ne cesse de monter entre Londres et Moscou depuis que le 4 Mars un ancien espion russe et sa fille ont été trouvés inanimés à Salizbury dans l'Ouest de l'Angleterre victimes, selon les autorités anglaises, d'une tentative d'assassinat à l'aide d'un gaz innervant de fabrication russe. Il n'en fallait pas plus pour obliger Theresa May – convaincue que Moscou est derrière cette attaque – à prendre tout un train de mesures en représailles contre la Russie dont principalement l'expulsion de 23 de ses 59 diplomates accrédités au Royaume-Uni ainsi que le gel des contacts bilatéraux de haut niveau. Boris Johnson, le ministre britannique des Affaires étrangères aurait même déclaré que Londres en voulait «au Kremlin de Poutine» et non à la Russie car «il est extrêmement probable qu'il s'agisse de sa décision d'ordonner l'utilisation d'un agent neurotoxique»; ce qui a immédiatement fait sortir de ses gonds le porte-parole du Kremlin qui a déclaré que «toute mention ou référence au président n'est rien d'autre que choquant et impardonnable en termes d'étiquette diplomatique». Vladimir Poutine qui a tenu, de son côté, à faire savoir qu'il a été mis au courant de cette affaire par les médias a notamment déclaré que le fait d'accuser Moscou d'avoir empoisonné sur le sol britannique l'ex-espion russe Sergueï Skripal est «du grand n'importe quoi» dès lors que la Russie avait déjà procédé à la destruction «sous la supervision d'observateurs internationaux» de toutes les armes chimiques qu'elle détenait. Et le président russe de préciser qu'il est inimaginable, absurde et insensé de «penser qu'en Russie quelqu'un se permettrait de faire de telles choses juste avant l'élection et la Coupe du monde de foot-ball» ajoutant même que «s'il s'était agi d'un poison militaire (comme l'ont laissé entendre les autorités britanniques) les gens seraient morts sur le coup» et que la Russie «est prête à coopérer» avec Londres et à s'associer «aux enquêtes nécessaires». Aussi, le Kremlin -plus fort que jamais après que Vladimir Poutine ait été assuré de retirer le lendemain son ticket pour une quatrième présidence- a-t-il, dès samedi ordonné, à titre de représailles, l'expulsion de 23 diplomates britanniques et la fermeture des bureaux du British Council en Russie. Les autorités russes ont annoncé, également, leur retrait de «l'accord sur l'ouverture et le fonctionnement» du consulat britannique de Saint Petersbourg. Qui a tort, qui a raison dans cette nouvelle confrontation Est-Ouest ? A l'heure qu'il est, les deux parties campent sur leurs positions et ceci n'est pas pour améliorer les relations déjà mal en point entre l'Occident qui veut faire corps dans cette affaire et la Russie de Poutine qui cherche résolument à retrouver la grandeur et le panache qui furent les siens avant que la Glasnost et la Pérestroïka mises en œuvre par un certain Gorbatchev ne contribuent au démantèlement de l'ex-Empire soviétique et à l'effondrement de l'URSS...