Dix jours après la tentative d'assassinat par empoisonnement au moyen d'un gaz innervant de l'ancien espion russe Serguei Skripal, 66 ans, et de sa fille Ioulia, 33 ans, retrouvés inconscients le 4 mars dernier à Salizbury dans le sud-ouest de l'Angleterre, Theresa May a prononcé ce mercredi devant le Parlement un discours virulent dans lequel elle a clairement déclaré : «Il n'y a pas d'autre conclusion que celle selon laquelle l'Etat russe est coupable de la tentative de meurtre» avant de donner à 23 diplomates russes, sur les 59 accrédités au Royaume-Uni, un délai d'une semaine pour quitter le pays en les accusant d'être en réalité «des agents de renseignements non déclarés». Il s'agit là de «la plus importante expulsion d'officiels depuis trente ans» pouvait-on lire dans les colonnes du «Guardian». Moscou s'étant abstenue de répondre aux «provocations grossières et sans précédent» du gouvernement britannique, selon un communiqué publié par le Ministère russe des Affaires étrangères trois heures après l'ultimatum donné à ses diplomates pour quitter le territoire britannique, Theresa May a fustigé l'absence de «réponse crédible» de la part des autorités russes qui ont «traité l'utilisation d'un agent neurotoxique militaire en Europe avec sarcasme, mépris et défiance». Considérant que cette tentative d'assassinat perpétrée sur le sol britannique a sérieusement endommagé les relations qui existaient entre Londres et Moscou, Theresa May a annoncé la suspension «de tous les contacts bilatéraux de haut niveau» prévus entre les deux pays, l'annulation de l'invitation initialement faite au ministre russe des Affaires étrangères et signalé qu'aucun représentant diplomatique et aucun membre de la famille royale n'assistera aux matchs de la Coupe du monde de football qui se disputeront en Russie en Juin prochain même si cette mesure n'affectera pas la participation de l'équipe d'Angleterre. La première Ministre britannique a, également, décidé de geler «les avoirs de l'Etat russe» s'il apparaît que ceux-ci peuvent représenter une menace «à la vie ou aux biens de ressortissants ou de résidents britanniques». Elle ne s'est pas empêché de vilipender, par ailleurs, les «criminels et les élites corrompues» qui se cacheraient derrière certains oligarques russes n'ayant plus leur place au Royaume-Uni et annoncé «un renforcement» à la fois de la surveillance des personnes, des vols privés et du fret en provenance de Russie, de l'arsenal législatif nécessaire à l'amélioration de la sécurité aux frontières et de la lutte contre les auteurs de violation des droits de l'Homme. En s'en prenant directement au président russe alors que le premier tour de l'élection présidentielle aura lieu ce dimanche 18 mars, la dirigeante britannique a annoncé que la voie suivie par le président Poutine est «regrettable» et que le «Royaume-Uni ne tolèrera aucune menace contre la vie d'un de ses citoyens sur son sol». Appelant l'OTAN et l'Union Européenne à exprimer un soutien fort à son action contre la Russie, Theresa May a notamment déclaré : «Beaucoup d'entre nous ont tourné leurs regards avec espoir vers la Russie post-soviétique. Nous voulions une meilleure relation et il est tragique que le président Poutine ait choisi de suivre cette voie». Et si, par ailleurs, dès mardi, la ministre britannique de l'Intérieur, Amber Rudd, avait annoncé la réouverture d'une série d'enquêtes concernant 14 morts suspectes ayant eu lieu sur le territoire britannique depuis 2006, il y a lieu de préciser que, dans un communiqué commun daté de jeudi 15 Mars, le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Etats-Unis et la France, estimant que cette tentative de meurtre constitue une «atteinte à la souveraineté britannique (et) une menace à sa sécurité», ont indiqué que la responsabilité de la Russie reste la seule explication «plausible» à l'empoisonnement de Sergueï Skripal. Ils ont alors demandé à Moscou de fournir «toutes les informations» afférentes au «programme chimique Novichok». «C'est un numéro de cirque devant le Parlement britannique (et) une campagne politique fondée sur la provocation» dira, avec une profonde indignation, Maria Zakharova, la porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères après que Moscou ait rejeté en bloc des accusations sans preuves tangibles alors que du côté de ses services de sécurité (FSB) on estime que «l'empoisonnement» de Serguei Skripal et de sa fille serait le fait du Royaume-Uni ou d'un pays tiers pour «blâmer et noircir la Russie». Au vu de tout ce qui précède, il semble donc que la communauté internationale aura de nouveau le loisir d'assister à ces feuilletons d'espionnage et de contre-espionnage dont elle était friande à une certaine époque et qui tenaient le haut du pavé durant cette ère non encore révolue «de la guerre froide»...