Reporté une première fois à l'issue de l'audience du 8 mars, le procès de Taoufik Bouachrine, directeur de publication du quotidien arabophone Akhabar Al Yaoum, a une nouvelle fois été renvoyé au 29 mars courant. C'est ce qu'a décidé, ce jeudi 15 mars, le juge Said Farih, suite aux demandes formulées par les avocats de l'accusé ainsi que celles des parties civiles (plaignantes et déclarantes) qui ont exprimé leur souhait de bénéficier d'un nouveau délai pour bien préparer le dossier. «Nous avons décidé le report du dossier dans deux semaines afin de permettre à la défense de préparer minutieusement son dossier», a-t-il dit avant d'annoncer la levée de l'audience. Devant débuter à 9 h du matin, le démarrage du procès s'est décalé une nouvelle fois de 1h30 min en raison du retard de transfert de l'accusé depuis la prison locale d'Ain El Borja. Marquée par des échanges virulents entre les avocats des différentes parties, mais aussi entre les avocats de l'accusé et le procureur général, cette audience, qui s'est déroulée dans la salle 7 pleine à craquer, a failli à maintes reprises connaître le même sort que sa précédente qui a été levée à 4 reprises. «Poursuivez s'il vous plait sinon on va tomber dans les mêmes péripéties que l'autre fois», a déclaré le juge en s'adressant aux parties. Interpellé par Me Lahbib Hajji, un des avocats des plaignantes et déclarantes, sur la disponibilité des pièces du dossier – qui n'ont pas été toutes communiquées lors de la première audience-, en l'occurrence, des CD comportant des vidéos filmées de Taoufik Bouachrine, le juge a annoncé que l'ensemble des pièces du dossier, y compris les CD, «ont été mis à la disposition des avocats par le parquet général et sont dorénavant disponibles à la présidence du tribunal» et que «désormais les avocats des deux parties peuvent y accéder». A ce propos, l'avocat de l'accusé, le bâtonnier Abdellatif Bouachrine, a tenu à préciser dans une déclaration à Al Bayane que «le visionnage des films, qui ont un caractère assez particulier, doit obéir à certaines règles de confidentialité. Celles-ci «ne peuvent pas être vérifiées dans les bureaux des présidents», a-t-il soutenu. Tout en fustigeant le «fait de laisser filtrer les PV de l'audition de l'accusé et des plaignantes et déclarantes», le bâtonnier a précisé que la défense ne va pas laisser passer son point sans objection. Interrogé par Al Bayane sur ces vidéos, l'avocat des parties civiles, Jaouad Benjelloun Touimi, a pour sa part nié avoir consulté ces pièces du dossier exprimant, dans la même veine, sa volonté de «ne pas voir carrément ces films» avant de se rétracter : «il se peut que je les visualise en partie». Pour sa part, l'avocate de Taoufik Bouachrine, Samira Driouch, a considéré, dans une déclaration à Al Bayane qu'il «est inconcevable d'exploiter les femmes dans un règlement de comptes politique». «Qu'ils aillent régler leur différend avec ce journalise loin des femmes», s'est-elle insurgée. Arrêté le vendredi 23 février dans les locaux de son journal, au cours d'une descente policière spectaculaire, le directeur de publication du quotidien d'Akhbar al-Youm est accusé de «traite d'êtres humains», «violences sexuelles», «abus de pouvoir à des fins sexuelles», «viol et tentative de viol» ou «attentat à la pudeur avec violence».