Il ne serait pas faux de dire que le Venezuela traverse, en ce moment, la plus grave crise politique et économique de son histoire du fait de l'entêtement du Président Nicolas Maduro qui s'accroche bec et ongle à un pouvoir qui lui échappe chaque jour un peu plus; une situation dont font les frais les vénézuéliens qui ne trouvent plus rien dans un pays où la paupérisation, qui y bat son plein nonobstant le fait qu'il soit doté des premières réserves mondiales de pétrole, est à l'origine de sévères pénuries ayant entrainé d'importants cas de malnutrition. Cette situation dont fait les frais la population locale et dont les premières victimes sont, bien entendu, ces hordes d'enfants qui souffrent d'une chronique dénutrition inquiète tellement la Colombie qui en moins d'une année a accueilli près de 600.000 vénézuéliens que, dans un souci de prévenir toute montée sur son sol d'un sentiment de la population locale, elle a envisagé de fermer sa frontière ; ce qui, en soi, ne pourra pas mettre un terme à la venue de vénézuéliens sur son sol compte-tenu des 2200 kilomètres de frontière qui séparent les deux pays. Aussi, Bogota a-t-elle réclamé l'aide de l'O.N.U. Mais cette dernière s'est contentée de recommander la création, dans la ville frontalière de Cucuta, d'un centre d'accueil de 2000 places pour examiner les demandes des nouveaux arrivants. Prédisant, par ailleurs, un effondrement du pays, le ministre colombien des Finances, Mauricio Cardenas, a réclamé un plan économique d'urgence. De son côté, le Président Juan Manuel Santos a déclaré, ce jeudi, depuis Cucuta au vu de la hausse de la pauvreté, de la délinquance et de la prostitution qui y sévissent, qu'étant donné que la Colombie n'avait « jamais affronté une telle situation », il entendait renforcer les patrouilles de police présentes sur place et créer un groupe spécial qui aura pour mission de se pencher avec toute la bienveillance requise sur la question de la migration à l'effet de lui apporter des solutions adéquates. Ainsi, pour faire face à l'afflux de migrants en provenance du Venezuela, Bogota a subordonné, jeudi dernier, leur entrée sur son territoire à la présentation d'un passeport ou d'une carte migration ; ce qui a fait que ce jour-là, contrairement aux journées précédentes, seuls 25.000 vénézuéliens ont pu rentrer en Colombie et non pas 35.000 comme avant. Mais si tous les vénézuéliens qui franchissent la frontière entre les deux pays ne restent pas en Colombie et que nombre d'entre eux y viennent seulement pour y écouler vêtements, meubles, appareils électro-ménagers ou autres contre l'achat de biens de consommation, les effectifs de ceux qui ne retournent pas chez eux sont, tout de même, importants et grossissent chaque jour un peu plus. Il est à signaler, par ailleurs, que l'opposition qui contrôle le Parlement depuis 2015 accuse le Président Maduro d'avoir délibérément plongé le pays dans une grave crise économique et politique et qu'en assimilant le Venezuela à une "dictature", le Secrétaire Général de l'Organisation des Etats Américains (OEA) Luis Almagro avait menacé de suspendre Caracas de l'organisation panaméricaine si des élections anticipées ne voient pas le jour dans les meilleurs délais possibles ; des propos qu'avait soutenu le département d'Etat américain mais qui avaient soulevé l'ire de Delcy Rodriguez, la ministre vénézuélienne des Affaires Etrangères qui, en y voyant une flagrante ingérence de Washington, avait condamné ce qui, à ses yeux, constitue une inadmissible agression contre son pays. Enfin, dans un décret en date du 23 Janvier dernier, proposé par le vice-président Diosdado Cabello et adopté, à l'unanimité par une Assemblée Constituante totalement acquise au Président Maduro, il est indiqué que des élections présidentielles se tiendront avant le 30 avril prochain. Ces élections amèneront-elles dans leur escarcelle la fin des tourments du peuple vénézuélien ? Attendons pour voir....