«L'Arabie Saoudite ne restera pas les bras croisés face aux agressions de l'Iran et n'épargnera aucun effort pour défendre sa sécurité nationale (car) garder le silence sur les agressions iraniennes à travers ses agents dans la région ne mettra aucune capitale arabe à l'abri des missiles balistiques». Tels furent les termes du discours prononcé par le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Al Jubeir lors de la réunion extraordinaire de la Ligue Arabe qui s'est tenue ce dimanche au Caire à la demande de Ryad. Ainsi, dans son allocution, le Chef de la diplomatie saoudienne a lancé une «attaque en règle» contre l'Iran et «ses agents» en faisant allusion aux membres du Hizbollah au Liban et aux Houtis au Yémen. Ryad et Téhéran, dont les relations diplomatiques sont coupées depuis Janvier 2016, s'opposent sur les dossiers afférents à la situation au Liban et aux guerres qui se déroulent au Yémen et en Syrie. D'ailleurs, le 4 Novembre dernier au moment même où Saad Hariri annonçait sa «démission» depuis l'Arabie Saoudite, l'armée saoudienne a déclaré qu'elle a intercepté un missile balistique de fabrication iranienne provenant du Yémen; un «lancement» visant l'aéroport de Ryad immédiatement revendiqué par les Houtis yéménites. Accusé par l'Arabie Saoudite d'être derrière cette opération dès lors qu'elle a fourni aux Houtis l'armement nécessaire, la République islamique d'Iran a rejeté cette inculpation et invité Ryad «à ne pas jouer avec le feu». Emboitant le pas à l'Arabie Saoudite, le ministre bahreini des Affaires étrangères, Khaled Ben Ahmad Al Khalifa a déclaré, pour sa part, que le Liban est «sous le contrôle total» du Hizbollah «un parti terroriste (qui) ne conduit pas seulement des opérations à l'intérieur des frontières du pays» mais qui constitue «une menace pour la sécurité nationale arabe». Le diplomate bahreini a également mis à la charge de Téhéran l'incendie qui, le 11 novembre dernier, avait touché les installations permettant l'approvisionnement de son pays en pétrole saoudien. Mais les dossiers yéménites et syriens ne sont pas les seules pommes de discorde entre le Royaume Wahhabite et ses alliés du Golfe, d'un coté, et la République islamique iranienne de l'autre accusée expressément d'avoir des visées hégémoniques. Il convient de préciser, par ailleurs, qu'étant donné que la classe politique libanaise est profondément divisée entre d'un côté le Hizbollah et ses alliés et, de l'autre, une coalition appuyée par l'Arabie Saoudite, le ministre des Affaires étrangères libanais n'a pas participé à cette réunion aux cotés du représentant permanent de Beyrouth auprès de la Ligue Arabe. Ce dernier a, tout de même, «contesté certains points du communiqué final en lien avec le Hizbollah». Ainsi, dans son communiqué final, la Ligue Arabe qui a confirmé le droit de l'Arabie Saoudite et de Bahrein à défendre légitimement leurs territoires et reconnu comme étant «une agression flagrante» le tir du missile de fabrication iranienne qui s'était abattu sur Ryad le 4 Novembre dernier, a accusé expressément «le Hizbollah et les Gardiens de la révolution iraniens de financer et d'entrainer des groupes terroristes à Bahrein». Enfin, alors que Hassan Nassrallah, le Chef du Hizbollah, s'est engagé à se prononcer, ce lundi sur la crise libanaise et sur les tensions irano-saoudiennes, l'Iran a dénoncé le «rôle destructeur» de l'Arabie Saoudite. De quoi demain sera-t-il fait au vu de l'escalade verbale qui entre Ryad et Téhéran pourrait dégénérer à tout instant et mettre à feu et à sang la poudrière Moyen Orientale? Quel sera le prix à payer par le Liban et, surtout, par les libanais, après que Saâd Hariri leur ait promis, depuis la Cour de l'Elysée, de retourner au bercail ce mercredi? Autant de questions qui sont sans réponse pour l'heure alors attendons pour voir...