Le Maroc table sur la Journée d'action pour l'eau, célébrée vendredi dans le cadre de la 23ème Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (COP23), pour maintenir la dynamique générée à Marrakech pour que l'eau reste une priorité de l'action climatique, a affirmé la secrétaire d'Etat chargée de l'Eau, Charafat Afailal. « Cette journée est la confirmation de l'importance de l'eau dans l'Agenda de l'Action climatique globale, lancé à Marrakech en 2016 », a affirmé Afailal, à l'ouverture de la deuxième édition de cet événement, organisé pour la première fois lors de la COP22 dans la cité ocre (7-18 novembre 2016). S'exprimant devant un panel international de haut niveau, représentant différents acteurs étatiques et non étatiques de l'action climatique mondiale, la secrétaire d'Etat a souligné que « c'est une opportunité pour poursuivre la mobilisation pour que l'eau continue à être au cœur des préoccupations de la communauté internationale et demeure une priorité des négociations sur le climat ». Une telle mobilisation s'impose aujourd'hui plus que jamais alors que plusieurs personnes à travers le monde continuent de souffrir des conséquences dramatiques de la rareté de l'eau, a-t-elle affirmé, appelant à une action d'urgence en faveur de la préservation et la gestion rationnelle des ressources hydriques pour « soulager les souffrances, sauver des vies, éradiquer la pauvreté et préserver la dignité humaine ». Outre les Etats insulaires menacés par la montée des eaux, elle a fait remarquer que l'Afrique est le continent le plus affecté par le phénomène de pénurie, sous l'effet notamment de la sécheresse, avec tout ce que cela engendre en termes de conflits et de flux migratoires causant des désastres humanitaires. D'où le lancement, a-t-elle rappelé, de l'initiative de «l'eau pour l'Afrique». Il s'agit de l'une des initiatives cruciales issues du processus enclenché à Paris (COP21), renforcée à Marrakech et qui devraient se confirmer à Bonn, a affirmé la responsable marocaine qui cite également, entre autres, le Pacte de Paris sur l'Eau et l'Adaptation au Changement Climatique dans les bassins des fleuves, et l'Alliance des Mégacités pour l'Eau et le Climat. Elle y voit autant d'initiatives révélatrices d'une prise de conscience de la communauté internationale que « l'eau est la première ressource affectée par les changements climatiques », comme en témoigne une large adhésion des intervenants concernés par l'action climatique, y compris les acteurs étatiques et non étatiques, le secteur privé, les institutions de recherche, les instances élues et la société civile. D'ailleurs, a-t-elle ajouté, dans plus de 80 pc des contributions déterminées prévues au niveau national dans le cadre de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), les pays ont identifié l'eau comme un élément clé de l'adaptation et d'atténuation. « Notre action aujourd'hui doit focaliser sur l'importance d'une action commune pour garantir le droit d'accès à l'eau pour tous, et confirmer les réalisations pour promouvoir des solutions innovantes, créatives et durables », a-t-elle conclu. Ce plaidoyer pour une action commune et solidaire a été relayé par les différents participants au panel d'ouverture de la Journée d'Action pour l'Eau, dont le directeur général de l'Agence marocaine pour l'Efficacité énergétique (AMEE), Said Mouline, et les représentants des gouvernements suédois, allemand et français qui ont évoqué les expériences nationales pour la préservation et la rationalisation des ressources hydriques, en relation avec les efforts de lutte contre les effets du changement climatique. Organisée pour la première fois lors de la COP22 de Marrakech, la Journée d'Action pour l'Eau a été créée dans le cadre de l'Agenda de l'Action climatique globale visant à attirer l'attention sur le secteur de l'eau en tant que pourvoyeur de solutions pour la mise en œuvre de l'Accord de Paris qui vise à maintenir la hausse de la température moyenne mondiale bien en deçà de 2 °C par rapport à l'ère pré-industrielle et si possible à 1,5 °C. En plus de sa dimension de besoin primordial, l'eau est fondamentale pour la sécurité alimentaire, la santé humaine, la production d'énergie, la productivité de l'industrie, la biodiversité, outre l'atténuation du changement climatique. Amal Tazi et Fatima Timjerdine (MAP)
*** Afailal: l'initiative «Water for Africa», un engagement «fort et ambitieux» Depuis son lancement à Rabat en 2016, l'initiative «Water for Africa» (Eau pour l'Afrique) ne cesse de «murir et s'affirmer » pour concrétiser «une vision stratégique symbolisant un engagement fort et ambitieux en faveur de la justice climatique», a affirmé la secrétaire d'Etat chargée de l'Eau, Charafat Afailal à l'occasion de la présentation de l'initiative lors de la 23e Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (COP23). L'initiative issue de l'appel de la Conférence internationale de l'eau et le climat tenue à Rabat en juillet 2016, a été présentée dans le cadre d'une journée thématique de la COP23 axée sur l'eau, avec la participation des différentes parties prenantes, dont la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), le Conseil mondial de l'eau (CME) et le Conseil des ministres africains chargés de l'eau (AMCOW) ainsi que des experts et spécialistes des questions de l'eau et du climat. «Dans la perspective de créer des mécanismes servant à le concrétiser, l'appel de Rabat a été décliné en mesures opérationnelles qui traduisent sa philosophie en actions concrètes et consolidées, dans le cadre de l'Initiative Water for Africa, motivée par l'aspiration de rendre justice à l'Afrique, étant la région qui a contribué le moins au changement climatique mais qui souffre le plus de ses effets», a affirmé Mme Afailal. Elle s'est félicitée de l'élan de mobilisation suscité auprès des différents partenaires politiques, financiers et institutionnels internationaux pour l'adaptation d'un plan d'action spécifique pour l'eau en Afrique. «Cette initiative se positionne aujourd'hui en tant qu'initiative régionale voire continentale qui soutient les efforts déjà engagés et appelle à la poursuite de ceux qui sont en cours, dans un esprit de synergie et d'incubation qui ne prétend pas remplacer l'existant mais cherche plutôt à l'appuyer, le faire avancer et le faire durer», a-t-elle insisté. Comptant 16% de la population mondiale, l'Afrique reste le deuxième continent le plus sec au monde, a-t-elle rappelé, notant qu'en raison du déficit en équipements et en infrastructure de mobilisation et de traitement d'eau et d'assainissement, près de 330 millions d'Africains subsahariens n'ont pas accès à l'eau potable. Et d'ajouter que la conjugaison de plusieurs facteurs géographiques et économiques, ajoutée aux paramètres environnementaux, font de l'Afrique le continent le plus vulnérable aux effets du changement du climat. Cette vulnérabilité, a-t-elle mis en garde, «compromet le développement et la stabilité du continent et met en péril des millions d'Africains». D'où l'intérêt de l'Initiative «Water for Africa». Dans leurs interventions, les différents partenaires de Water for Africa ont salué le travail mené jusqu'ici et la mobilisation suscitée depuis l'appel de Rabat pour concrétiser les objectifs de cette initiative importante pour l'avenir de l'Afrique. Tout en réitérant leur appui à l'initiative, ils ont tenu à saluer le rôle déterminant du Maroc qui a été à l'origine de son lancement et qui, en tant que président de la COP22 de Marrakech, a eu le mérite d'inclure la thématique de l'eau dans les négociations sur le climat. Pour le représentant de la Banque africaine de développement, Ossete Jean Michel, la BAD n'a pas hésité à soutenir l'initiative, tellement les enjeux sont cruciaux pour le continent africain, très exposés aux aléas climatiques, notamment la sécheresse et les problèmes d'accès à l'eau potable. Le coordinateur de la facilité de l'eau à la BAD retient la dimension africaine de l'initiative qui facilite la mobilisation des bailleurs de fonds. De son côté, le Sénégalais Mass Max Tall, ancien secrétaire exécutif du Conseil des ministres africains chargés de l'eau (AMCOW), a salué la dynamique déclenchée par l'initiative du Maroc pour résoudre la problématique de l'eau en tant que ressource vitale pour les pays en développement, en particulier en Afrique. Au nom du Conseil mondial de l'eau (CME), Blanca Jimenez-Cisneros, en charge du programme international hydrologique à l'Unesco, a exprimé la reconnaissance du Conseil mondial pour les différents initiatives et programmes lancés par le Royaume dans le domaine de l'eau, notamment la promotion de projets économiquement et socialement bancables, capables de mobiliser des fonds. Elle a cité, entre autres, Water of Africa et le Grand prix mondial Hassan II pour l'eau, dont la 6e édition a été présentée à cette occasion. Dans le cadre de sa mise en œuvre, Water for Africa vise le développement des synergies entre les initiatives régionales en cours dans le secteur de l'eau, afin de maximiser leur impact et d'optimiser les interventions des acteurs.