A Fès, ville impériale connue par son savoir-faire artisanal, les maitres-artisans s'activent pour perpétuer une tradition léguée par les ancêtres. Maroquinerie, bijouterie, vannerie, céramique, broderie, dinanderie sont autant de métiers traditionnels qui ont fait la renommée de la ville et contribué à façonner sa civilisation, résistant tant bien que mal à nombre de contraintes. Au quartier Ain Nokbi, à l'entrée est de la ville, est implanté le complexe d'artisanat dédié aux métiers de la céramique, de poterie et de dinanderie, en attendant la création d'un espace de maroquinerie, projet actuellement en cours d'aménagement. Bien que Fès partage le savoir-faire artisanal avec d'autres villes, notamment Salé et Safi, il n'demeure pas moins que les produits de la cité Idrisside demeurent ‘'inégalables''. Selon le responsable du complexe de poterie et du zellige à Ain Nokbi, Mostapha Founounou, le secret de la fabrication de produits de grande qualité réside dans l'utilisation d'une argile caractérisée par sa couleur grise et sa solidité, ainsi que par ses composantes minérales, notant que cette argile est cuite une première fois au four pour obtenir la forme souhaitée, avant une deuxième cuisson qui donne la couleur et la brillance au produit. Au moment où M. Founounou accordait une déclaration à la MAP, une touriste étrangère prend des photos –souvenirs et en profite pour s'informer sur les étapes de la fabrication du zellige. ‘'Les touristes, quoique peu nombreux, demeurent nos premiers clients, en raison de la faiblesse de la demande intérieure'', a-t-il indiqué. ‘'Nous tentons de présenter le produit et ses étapes de fabrication au touriste afin de le convaincre de l'acheter'', a-t-il ajouté, notant qu'il s'agit ‘'de la meilleure manière de commercialiser le produit''. Il a appelé dans ce cadre les intervenants dans le secteur à œuvrer pour dynamiser le marché intérieur, tout en préconisant l'incorporation des produits d'artisanat, dont le zellige fassi, dans l'élaboration des plans de construction pour assurer la pérennité de ces produits et améliorer les conditions de vie des artisans. Approché par la MAP, Mohamed Ben El Ghali Thifa, membre de la chambre d'artisanat de la région Fès-Meknès, met lui l'accent sur la situation que connait le secteur d'artisanat, faisant état de la ‘'faiblesse de la commercialisation des articles du zellige et des produits de poterie''. Il a également insisté sur la nécessité de préserver le secteur de la poterie, qui s'est enrichi au fil du temps des apports des civilisations andalouse, orientale et marocaine. A quelques encablures de ce complexe artisanal, se trouve également un autre édifice destiné aux activités de dinanderie et abritant quelque 77 locaux employant environ 400 artisans œuvrant dans le domaine. Cet espace bien structuré cache un ‘'problème réel'', celui de la commercialisation, selon Abdelhak Akrir, président d'une association active dans les métiers de l'artisanat. A ses yeux, le secteur de dinanderie, qui se concentrait auparavant en plein médina, connaissait ‘'de beaux jours'' du fait de la proximité de la clientèle, alors qu'après sa délocalisation à Ain Nokbi les clients ‘'peinent à se déplacer sur les lieux''. Le Pôle artisanal d'Ain Nokbi, inauguré en avril 2013 par SM le Roi Mohammed VI, vise à donner une nouvelle impulsion aux chantiers de l'artisanat et à préserver le cachet civilisationnel et authentique de la cité. Ce pôle tend, entre autres, à préserver oued Sebou des rejets polluants générés par les activités d'artisanat et la mise à niveau et la qualification des secteurs de dinanderies et maroquinerie afin d'améliorer la qualité des produits d'artisanat, développer les investissements et relancer le secteur d'emploi.