Activité ancestrale, l'artisanat contribue fortement au développement économique et social de la région, et offre des opportunités intéressantes pour la production et la commercialisation des produits artisanaux. L'ambition est de faire de Fès-Meknès une locomotive pour le développement de l'artisanat au niveau national. Fès-Meknès est le berceau des activités artisanales qui traduisent un savoir-faire ancestral et une culture riche et diversifiée. Ce secteur contribue fortement au développement économique et social de la région. Les chiffres en disent long sur son importance : il génère des revenus pour 52.000 artisans comme il fait vivre directement ou indirectement plus de 260.000 personnes. Les recettes en devises issues du secteur dans la ville de Fès, à titre d'exemple, dépassent 47% des exportations marocaines du secteur. À cela s'ajoutent les achats directs des touristes (exportations indirectes) ainsi que les exportations de produits de Fès effectuées à partir d'autres villes (Marrakech, ports de Tanger et de Casablanca...). Le Centre régional d'investissement estime que «l'artisanat offre des opportunités pour la création d'entreprises de commercialisation des produits artisanaux, et pour la mise en place d'entreprises modernes de fabrication de produits artisanaux de haute gamme (maroquinerie, bijouterie, tissage et textile)». Vecteur de développement Pour y arriver, la région (dans l'ancienne configuration régionale) a été la première à bénéficier d'un Plan de développement régional de l'artisanat au niveau national. Signé le 11 septembre 2007, ce plan, qui avait pour horizon 2015, ambitionnait de positionner la région comme une des locomotives pour le développement de l'artisanat au niveau national et l'un des principaux pourvoyeurs d'emploi au niveau de la région. Et cela en capitalisant sur une image de marque haut de gamme de certains produits (zellige, art de la table en céramique, dinanderie et textile, accessoires de l'habillement traditionnel...) et sur une extension de l'offre des produits de moyenne gamme en cohérence avec les caractéristiques des marchés-cibles. En capitalisant sur la ville de Fès et sa renommée dans ce domaine, un concept différenciateur a été adopté : «Fès, capitale des arts traditionnels et vitrine du savoir-faire de l'artisanat du Maroc». Plusieurs axes stratégiques ont été définis (appui à la production des mono-artisans, commercialisation, restructuration des PME...) avec des objectifs chiffrés : un chiffre d'affaires global de 3,2 MMDH, soit une progression de 20% par rapport à 2006 ; 182 MDH de chiffre d'affaires à l'export, soit une augmentation d'environ 500% en 10 ans ; création de 24.500 emplois permanents, soit non seulement un redressement de la tendance baissière, mais aussi une croissance d'environ 20%... Au terme de son horizon, le Plan a donné un véritable coup de boost à l'artisanat dans la région. Valorisation de la zone d'activités d'Ain Nokbi en regroupant les dinandiers opérant dans la médina de Fès, mise à niveau de la zone d'activité de Benjellik pour regrouper les potiers-zelligeurs, appui à l'équipement des artisans, formation... Contraintes Mais en dépit de ces efforts, les opérateurs du secteur artisanal composent avec plusieurs contraintes qui affectent le développement de cette filière. Le Haut-commissariat au plan (HCP) en a listé quelques-unes dans une étude sur la région. Ainsi, parmi les obstacles, le département de Ahmed Alami Lahlimi cite l'absence de quartiers équipés par métier et la faiblesse de la mise à niveau de l'entreprise artisanale, notamment pour faire face à l'ouverture sur les marchés extérieurs. Autre dysfonctionnements pointés du doigt par le HCP, l'absence d'harmonie entre les structures organisationnelles traditionnelles et modernes, tant sur le plan administratif que représentatif, ainsi que l'échec des coopératives dans l'encadrement des artisans. Par ailleurs, la faiblesse de l'infrastructure touristique impacte négativement le secteur de l'artisanat. À cela s'ajoute la non-exploitation d'un certain nombre d'espaces situés à l'intérieur de l'ancienne médina, tels que les foundouks et riads. Sur un autre registre, le Haut-commissariat au Plan déplore l'absence d'études sectorielles permettant une connaissance profonde du secteur et un recensement précis des unités artisanales. De leur côté, les opérateurs du secteur évoquent des contraintes quant à la commercialisation de leurs produits à l'échelle nationale et internationale. Ils déplorent notamment l'absence d'une foire régionale permanente à même de donner une nouvelle dynamique au secteur de l'artisanat et d'ouvrir de nouvelles perspectives pour la commercialisation des produits sur les marchés étrangers. Autre revendication, la participation des maîtres-artisans aux foires et manifestions internationales tout en faisant état des nombreux défis que doit relever le secteur, particulièrement la chute de la demande sur les métiers d'artisanat et d'art traditionnel de l'urbanisme.