Pour pouvoir arrêter leur choix en vue du second tour de l'élection présidentielle, les français espéraient assister ce mercredi 3 mai à un réel échange d'idées sur les politiques qu'escompteraient mener lors du prochain quinquennat Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Ayant été la première à prendre la parole, la candidate du FN a, d'entrée de jeu, attaqué son adversaire en ces termes : "Le choix politique que les français vont devoir faire s'éclaire. Monsieur Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l'ubérisation, de la précarité, de la brutalité sociale, du saccage économique de nos grands groupes, du communautarisme... Face à cela, je suis la candidate du peuple, de la France telle que nous l'aimons, de sa culture, de la nation qui protège nos emplois, nos frontières... » Et celle-ci de poursuivre en déclarant que les français ont pu « découvrir le vrai Macron » dès lors que « la bienveillance a fait place à la médisance, la stratégie marketing a été reprise en main par le PS et le sourire étudié s'est transformé en rictus au fur et à mesure des meetings. L'enfant chéri du système et des élites a laissé tomber son masque, c'est bien! On a vu les choix cyniques que vous avez fait lors de ce second tour qui révèlent la froideur du banquier d'affaire que vous n'avez probablement jamais cessé d'être. Cette période de clarification a été profondément utile aux français ». Ne s'attendant certainement pas à autre chose de la part de sa rivale, c'est les main jointes sous le menton et les yeux dans les yeux qu'Emmanuel Macron a écouté cette dernière avant de lui balancer au visage "Vous avez démontré que vous n'êtes pas la candidate de l'esprit de finesse (mais) la véritable héritière d'un nom, de l'extrême-droite française" et de l'accuser, par ailleurs, de faire preuve d'un "esprit de défaite" alors que lui-même ferait montre d'un "esprit de conquête". En ancien ministre de l'économie, c'est sur ce terrain qu'Emmanuel Macron a tenu à montrer aux téléspectateurs son expertise dans le domaine face aux approximations de sa rivale qui ne peut pas "financer" ce qu'elle promet ajoutant, pour la déstabiliser encore plus, "Ce qui est extraordinaire c'est que vous ne répondez jamais aux questions. Vous ne proposez rien ! Vous avez un gros problème avec les dossiers industriels." Et celui-ci de poursuivre en dénonçant "le bidouillage" de la candidate d'extrême-droite ainsi que "l'impréparation crasse" de son projet sur l'Euro avant d'enchainer en lui reprochant de n'opposer au terrorisme que "de la poudre de Perlimpinpin". Agacée, Marine Le Pen en a perdu le sourire. Elle a alors reproché à son rival de vouloir se faire passer pour un professeur face à son élève; ce à quoi, pour enfoncer d'avantage le clou et la discréditer encore plus, Emmanuel Macron a déclaré : "Vous dites beaucoup de bêtises. Vous avez un rapport à la vérité qui n'est pas le bon. C'est le cas de tous les extrêmes." Entravant systématiquement les explications de son rival, la candidate du FN a cherché à multiplier les insinuations pour le destabiliser à telle enseigne qu'une fois excédé, celui-ci a fini par lâcher "Avec votre élection, ce serait une sortie de l'Histoire. La France mérite mieux que vous !" En résumé, disons que la candidate du FN n'a fait qu'attaquer son adversaire au lieu de répondre aux questions qui lui étaient posées en ne formulant aucune proposition nécessaire à la relance de l'économie ou à la lutte contre le chômage. Quand en fin d'émission, les journalistes lui ont donné l'occasion d'aborder un sujet de son choix celle-ci n'a rien trouvé de mieux que de continuer sur sa lancée en rappelant, une fois de plus, qu'Emmanuel Macron ne serait rien d'autre que le produit de François Hollande et du monde de la finance. Que dire pour terminer sinon que ce débat a donné aux électeurs français l'occasion de voir deux visions et deux styles à savoir, d'un côté, une candidate d'un parti d'extrême-droite au sourire un peu forcé et de l'autre un Emmanuel Macron, le visage grave, dépeint par cette dernière comme étant "l'enfant chéri du système et des élites et le candidat de la mondialisation sauvage, de la brutalité sociale, de la guerre de tous contre tous, du dépeçage de la France"; ce à quoi le candidat d'En Marche rétorquera : "Madame Le Pen, vous êtes l'héritière d'un système, d'un parti – le parti des affaires – , d'un nom (alors que) moi je ne suis pas l'héritier de ce gouvernement". Ce débat a-t-il été l'occasion pour les Français de porter définitivement leur choix, en leur âme et conscience, sur celui qui sera leur meilleur représentant et leur meilleur défenseur durant le prochain quinquennat ou ne servira-t-il qu'à augmenter le nombre des indécis et, par voie de conséquence, celui des abstentionnistes ? Réponse dimanche prochain...