Le partenariat entre le secteur public et le secteur privé dans le domaine de la Santé est un sujet d'actualité, pour moult raisons, et de ce fait, c'est un thème qui ne laisse personne indifférent aussi bien les décideurs de notre système de santé, les responsables, les différents intervenants et acteurs du public et du privé. L'objectif de ce partenariat public-privé est d'offrir des soins de qualité au profit de l'ensemble de notre population. Qu'est-ce que le partenariat public-privé On par partenariat public-privé dans le domaine de la santé , l'ensemble des relations entre le ministère de la santé ou les établissements publics placés sous sa tutelle et les professionnels et établissements de santé du secteur privé ayant pour objet l'association ou la participation , la mise en commun des moyens en vue de l'amélioration de l'offre de soins et de service ou de l'exécution de programmes spécifiques de santé. Quel est le diagnostic ? Parler du partenariat public – privé dans la santé au Maroc, soulève à l'évidence la question quel est le diagnostic de la situation. Tout d'abord, il faut souligner ici, que d'énormes progrès sont réalisés dans par le secteur de la santé au Maroc, et que ces avancées majeurs concernent tous les domaines de la médecine. Mais, il faut aussi dire qu'il y a toujours une insuffisance des ressources humaines (infirmiers – médecins), des moyens en deçà des réels besoins, les coûts de certaines prestations qui restent élevées (scanner – IRM – greffe – réanimation – certains médicaments...). Il y a certes des dysfonctionnements qui ne sont pas liés au secteur lui – même, mais qui pèsent, c'est le cas pour 24 % de notre population qui accède difficilement aux soins, car elle vit a plus de 10 Kms du centre de santé le plus proche, ce qui peut se traduire par des problèmes de santé. Concernant les professionnels de santé, il y a encore de grandes disparités concernant la répartition des médecins et des infirmiers, surtout entre milieu urbain et milieu rural. Nous constatons une concentration entre l'axe Fés-Kénitra -Rabat -Casablanca, et il faut dire qu'il y a un désintérêt pour les zones rurales, bien plus, des médecins refusent carrément d'aller travailler au niveau de ces zones enclavées. Le ministère de la santé a fait son diagnostic, et estime le déficit de médecins à 7.000 et celui des infirmiers à 9.000 ou 10.000. Pour que nos patients puissent être très bien pris en charge, avoir droit à une santé en bonne et due forme, qui répond aux critères de l'OMS, le ministère de la santé a compris qu'il ne peut plus compter sur iniquement sur les professionnels du public, mais il compte aussi sur les médecins du privé, c'est-à-dire que toutes les compétences doivent être mises à contribution pour permettre a tous nos concitoyens de bénéficier de soins de qualité. En ce qui concerne les médicaments ceux – ci représentent 32 ou 35 % des dépenses de santé. Le ministère de la santé conscient de cette réalité a procédé à la baisse de près de 3.000 médicament depuis 2014 à ce jour. Des expériences réussies S'agissant de la santé au Maroc , il faut d'abord souligner que l'état est présent pour définira des règles , des exigences, c'est ce qui est fait en ce qui concerne les compétences des professionnels, la qualité des soins, l'état et le niveau des établissements de soins, c'est le rôle régalien de l'état. Après, l'état est bien là, pour exiger un certains nombres de principes, notamment sur l'accessibilité territoriales, c'est-à-dire d'avoir une répartition des structures sanitaires la plus équitable possible, comme le stipule la carte sanitaire et les schèmes d'offres de soins régionaux. Autre élément important, c'est l'accessibilité financière, en d'autres termes, il s'agit des moyens, des capacités des uns et des autres, du système de sécurité sociale, de l'assurance maladie (AMO), qui n'a démarré au Maroc qu'en 2006. Quant au budget du ministère de la santé, celui – ci est à peine de 13 ou 14 milliards de DH, ce qui représente 6 % du budget de l'Etat, alors que l'OMS préconise un minimum de 10 %. A côté, il faut rappeler que notre population vieillie de plus en plus et on voit apparaitre de plus en plus des maladies chroniques, des pathologies lourdes, onéreuses. Le coût de la médecine, celui des soins dispensés, est de plus en plus élevé, si on ajoute a cela une population de plus en plus citadine, qui accès à l'information, qui est de plus en plus exigeante, on comprend mieux, tout ce qui est demandé aujourd'hui par la population au ministère de la santé. C'est là un élément qui explique la réflexion sur la mise en place des passerelles entre des systèmes public et privé, au sein duquel on trouve un financement complémentaire, une gestion différente, ce qui est de nature à apporter une valeur ajoutée. Il ya des expériences réussies dans ce domaine, c'est le cas de la sous-traitance des séances de dialyses au profit des personnes démunies, ces malades sont pris en charge par des centres privés, et c'est le ministère de la santé qui paie les factures, certes se sont des milliards, mais les citoyens sont sauvés. Avec ce partenariat public – privé, le problème des listes d'attentes a été définitivement réglé et un très grand nombre de patients sont aujourd'hui correctement traités. Autre expérience tout aussi réussie, c'est le SAMU d'El Jadida qui est financé par le ministère de la santé à hauteur d'un tiers, l'autre par la province, et le tiers restant par deux entreprises privées. C'est une expérience qui a permis de pallier à un manque, elle rend d'immenses services à la population. Le secteur public prend en charge les malades tuberculeux du secteur privé, et il leur assure la gratuité totale des médicaments et des examens. Amélioration des prestations de soins et services de santé Ceci étant dit, il faut rappeler ici que la question du partenariat public – privé du secteur de la santé, n'est pas un élément nouveau, mais ce sujet a de tous les temps occupé une place importante dans la mouture et l'élaboration des différentes stratégies élaborées par le ministère de la Santé afin de mettre à disposition de nos concitoyens des prestations de soins de qualité. Le département de la Santé entreprend tout ce qui est possible de faire pour répondre à toutes les demandes de soins, n'hésitant pas financer totalement des greffes de foie, de reins, des greffes de cornées, des mains, d'assurer des transports de malades par hélicoptères, d'acquérir des médicaments innovants pour traiter les malades cancéreux et ceux atteints d'hépatites ou de sida. La liste est certes longue, mais est ce que le ministère de la santé pourra indéfiniment tout seul supporter toutes ces dépenses, toutes ces charges. Sollicitude Royale Sa majesté le roi Mohammed VI est très sensible à cette question et a toujours donné ses hautes instructions pour que la santé des citoyens soit une priorité du gouvernement. La lettre royale adressée aux participants aux travaux de la 2e Conférence sur la santé tenue à Marrakech, les 1-2- 3 Juillet 2013, et dont lecture a été faite par le ministre de la Santé H. Louardi, est un bel exemple de la sollicitude royale sans cesse renouvelée pour la santé des Marocains «...Nous mesurons l'ampleur des contraintes liées essentiellement à la modicité des ressources disponibles, par rapport aux attentes légitimes sans cesse croissantes des citoyennes et des citoyens. Pour autant, Nous sommes persuadé que la réflexion, aussi vaste que constructive, que nous attendons de votre importante conférence, sera à même d'aider à créer un large consensus autour des défis majeurs et des principales priorités sanitaires à définir. Il s'agit également d'apporter des réponses efficientes, notamment aux problématiques se rattachant à la mise en œuvre du droit constitutionnel aux soins, à l'attention, à la couverture médicale et à la sécurité sanitaire, ainsi qu'à l'adoption d'une bonne gouvernance sanitaire et à l'amélioration de la santé psychique et mentale et de la santé des personnes à besoins spécifiques et des personnes âgées. Il est question également d'explorer les moyens idoines pour assurer les financements nécessaires, aux niveaux national et international, de développer le régime de mutuelle et de réduire les disparités entre les régions pour garantir l'accès équitable aux soins...». Justice sociale et égalité des chances Pour sa part, le ministre de la santé rappelle souvent quand il est question du partenariat public-privé dans le secteur de la santé, que le secteur privé est appelé à jouer un rôle important dans l'essor et le développement de la médecine au Maroc, que public et privé, ensemble mus par la même volonté, le même désir, les mêmes objectifs, réussiront à relever tous les défis Le professeur Louardi, fidèle à sa ligne de conduite ne cache pas toute l'importance d'un partenariat public – privé qui repose sur des bases saines, où l'intérêt des malades est placé au-dessus de toute autre considération et qui intègre en bonne place la notion de solidarité, ce qui permettra à ne pas en douter, une répartition équitable des soins entre les diverses catégories sociales et les différentes régions du pays, ce qui est synonyme de justice sociale, d'égalité des chances face à la maladie, c'est le plus bel exemple de la démocratisation des soins. Une mission citoyenne Cette nouvelle page de l'histoire de la santé du Maroc nouveau, tous les professionnels de santé désirent ardemment l'écrire, c'est Au niveau de certaines régions , ce partenariat ouvrira de grandes perspectives aux médecins spécialistes du prive qui pourront effectuer des consultations dans le secteur public en particulier dans les régions qui ne disposent pas de certaines spécialités médicales, Les médecins du privé pourront aussi participer aux gardes au niveau des urgences surtout pour certaines spécialités. qui honore tous les professionnels de la santé (médecins-infirmières, infirmiers, administratifs) qui sont conscients des responsabilités qui sont les leurs, et de la confiance qui est placée en chacun d'eux et de l'honneur que leur a témoigné SM le Roi Mohammed VI dans la lettre qu'il a adressé aux participants et organisateurs de cette 2e conférence nationale sur la santé. Ce qui nous manque c'est une réelle volonté politique pour aller de l'avant, c'est d'oser, de prendre quelques risques, mais de donner sa chance au partenariat public-privé.