Le chanteur emblématique de l'ancien groupe grenoblois «Gnawa Diffusion», Amazigh Kateb, qui s'est produit samedi soir dans le cadre du 13ème festival Gnaoua et Musiques du monde d'Essaouira, rêve de faire découvrir l'identité africaine au monde entier. Fondateur du nouveau style gnaoui avec des textes acerbes et une verve inépuisable, Amazigh Kateb fusionnera avec le maâlam Abdesslam Akilam, grâce à l'idée de résidence d'artistes, initiée à l'occasion de ce festival. «Les résidences sont une vraie chance pour la fusion, le mélange et la rencontre entre les différents courants gnaoui», a confié l'artiste, relevant que «nous intervenons sur leurs répertoires avec nos éléments et eux dans le notre avec leur culture». «Cette résidence d'artiste, dans un riad à la médina d'Essaouira, permettra de faire ressortir la «couleur gnaoui» à travers des morceaux dont «Dounia» qui traite de la vie, des ancêtres, de l'histoire de l'esclavagisme et qui «se répète sous de nouvelle forme», a-t-il relevé. «Nous seront 17 personnes sur scène», a-t-il dit. Pour Amazigh Kateb, ce festival, à l'instar d'autres rencontres du genre, démontre «que l'on est tous Africains avec une histoire commune». La musique, a-t-il dit, est un mode d'expression d' «une opinion» qui s'exprime à travers des rythmes et des paroles. L'artiste, qui s'est produit pour la 3ème fois à ce rendez-vous musical, considère le festival comme «une fête nationale» compte tenu de son succès, son développement et l'affluence exceptionnelle du public. Amazigh Kateb, qui puise son inspiration dans ses racines africaines, s'autorise à mettre en musique la poésie de son père, Kateb Yacine, écrivain, essayiste et précurseur de la littérature moderne algérienne. En 2007, il quitte le groupe «Gnawa diffusion» pour se lancer dans une carrière en solo afin de se consacrer à des projets qui lui tiennent à coeur, dont celui de mettre en chanson des textes de son père. Deux ans après, il sortira un album «Marchez Noir». «Maintenant, j'arrive à faire une distance entre mon père et ses textes», a-t-il confié. Né à Alger en 1972, Amazigh Kateb qui a été imprégné et inspiré par la culture Gnawa, fonde en 1992 à Grenoble le groupe Gnawa diffusion. Cette formation se fait connaître lors de concerts et sort son premier opus en 1997» Algeria». L'univers musical de la formation a été influencé par le hip-hop, le reggae et une instrumentation traditionnelle de l'Afrique du Nord. Amazigh Kateb continue son aventure musicale en solo depuis 2007. Il a déjà réuni les textes de son père dans un ouvrage «Minuit passé de douze heures», écrits journalistiques de 1947-1989 (éd. du Seuil, 1999). Le festival gnaoua, qui consacre une programmation riche en musiques du Caucase, des Balkans, d'Afrique et du Maghreb, affiche sa 13ème édition sous le signe de l'innovation et de l'originalité. Carrefour des cultures métisses La ville d'Essaouira constitue, à travers son festival, une référence en matière de métissage des culture et de fraternité entre les peuples, a souligné, samedi, le chef de la délégation européenne au Maroc, Eneko Landaburu. «C'est merveilleux de voir cette capacité de la musique d'arriver à avoir, en peu de temps, un dialogue si profond et très fraternel entre les peuples», a déclaré à la MAP l'ambassadeur européenne, invité de la 13-ème édition du festival Gnaoua et Musiques du monde, organisé du 24 au 27 juin à Essaouira. En faisant connaître au monde la musique Gnaoua et en invitant les cultures du monde entier à venir à Essaouira pour faire la fête ensemble, le festival «a réhabilité une musique qui a été méprisée et mal considérée avant», a-t-il ajouté. «C'est un exemple pour les politiciens. Il faut qu'on fasse pareil», a-t-il ajouté. «La musique est un merveilleux moyen de véhiculer le dialogue et la fraternité. On doit s'inspirer de la musique pour arriver à faire de la même chose», a-t-il estimé. Pour M. Landaburu, cette musique traditionnelle si belle et si profonde a retrouvé son éclat grâce à la reconnaissance des plus grands musiciens du monde. Organisé sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, le festival Gnaoua consacre cette année une programmation riche en musiques du Caucase, des Balkans, d'Afrique et du Maghreb, sous le signe de l'innovation et de l'originalité.