La cherté du coût de la vie suscite aujourd'hui une grande polémique. De nombreuses interrogations se posent avec acuité. A qui profite le renchérissement des prix de vente des produits alimentaires, notamment celui des fruits et légumes ? Qu'est-ce qui justifie l'envolée actuelle des prix et pourquoi le gouvernement ne réagit pas pour limiter les tensions qu'elle engendre. Tout le monde se rappelle de l'engagement du gouvernement lors de la présentation de sa lettre d'investiture pour préserver le pouvoir d'achat du consommateur et maintenir le coût de vie dans des niveaux acceptables. Promesse en l'air. Après la hausse effrénée des prix ayant marqué l'année 2008 et l'atténuation des tensions inflationnistes au courant 2009, le mouvement haussier reprend depuis le début 2010. Stupéfiés, les ménages à bourses moyennes accusent sévèrement le coup. Les dépenses alimentaires affichent une montée vertigineuse qui s'aggrave lorsqu'on aborde les autres catégories de dépenses médicales, électricité, eau, loyer, transport, scolarisation et autres. Un simple jeu de calcul montre que la limitation des frais du panier de la ménagère aux seuls produits de base et de première nécessité s'annonce coûteuse voire même pénalisante. Les tarifs des fruits et légumes atteignent des niveaux sans précédents. De sorte que d'aucuns estiment qu'il est impensable aujourd'hui que dans un pays à vocation purement agricole la tomate soit vendue à 20 dirhams le kilo. Les prix des autres produits connaissent eux aussi des variations à la hausse inquiétantes. Les abricots se vendent à 20 dirhams le kilo et les petits poids à 14 dirhams le kilo. Les prix des carottes et les pommes de terre qui font partie des aliments de base que l'on retrouve quasiment dans tous le repas des Marocains varient entre 4 et 7 dirhams le kilo. L'oignon coûte entre 12 et 6 dirhams kilo, selon la variété. Le même niveau des prix est observé au niveau des autres légumes. Du côté des fruits, la tendance haussière est plus au moins atténuée. Inutile d'évoquer les prix des poissons (le merlan a au moins 70 DH le kilo, la sardine à 15 DH…) et des viandes toutes catégories confondues. Les intermédiaires et spéculateurs n'en démordent pas face à des marges bénéficiaires inestimables. La fièvre des prix est donc quasi générale et aucun secteur n'est aujourd'hui épargné. L'évolution de l'indice des prix à la production industrielle laisse apparaître une hausse qui s'accentue. Pareil pour le coût de l'énergie qui malgré la baisse des cours du brut sur le marché international n'affiche pas de baisse significative. Cette négative évolution fait craindre le retour au cycle inflationniste des années d'antan sans que l'Etat, en régulateur du marché et contrôleur des prix, ne réagisse pour stopper ou du moins minimiser les tensions sur les prix. Dès lors se pose la question des brigades de contrôle des prix, évaporés dans la nature et qui n'interviennent, souvent, que pour arracher leur part des pratiques illégales. Face à cette détérioration du pouvoir des citoyens, plus particulièrement les catégories à revenus limités (une grande frange et des pans entiers) doivent monter au créneau, en saisissant les associations de défense des consommateurs, appelées à converger vers une structure nationale pour défendre, à côté des syndicats, l'intérêt du consommateur. Quant à la vieille histoire de « l'échelle mobile des prix et des salaires », les pouvoirs publics semblent l'avoir éradiqué de leur jargon. Fayrouz El Mouden