Dans le landernau des hommes d'affaires, les réformes menées par le pays depuis quelques temps déjà ont porté leurs fruits. Et tout particulièrement en ce qui concerne les pratiques de bonne gouvernance à l'échelle des services administratifs centraux. On n'est plus, comme par le passé, otages des mauvaises pratiques qui ont démoralisé plusieurs investisseurs, locaux comme étrangers, qui voulaient placer leurs billes dans des projets. Un opérateur ne s'entend plus murmurer à l'oreille que pour réussir à sortir indemne du «parcours du combattant», il faut réserver 50% à untel. Tout devient transparent au niveau supérieur. Et bien des commissions chargées de négocier les conventions d'investissement s'acharnent à promouvoir la volonté d'investir dans le pays. Et négocient fermement les termes de tout accord de délocalisation, à titre d'exemple. Rien de plus normal à ce que les décideurs prennent fait et cause pour l'essor économique qui ne saurait être sans l'implication forte du privé. L'affaire devant être mesurée à l'aune de la survie de «L'entreprise Maroc» qui bataille dans un environnement des plus concurrentiels. Nul besoin de rappeler, ici, que dans un monde globalisé, ce sont les avantages comparatifs qui priment dans le choix de toute destination d'investissement. Au-delà du seul volet des «avantages fiscaux», le pays est allé plus loin en assurant le développement d'une armature infrastructurelle susceptible de charmer les investisseurs pour mieux les appâter. Et il faut croire que la réussite, toute relative, a été au rendez-vous. L'analyse des destinations des IDE sur le continent africain permette de placer le pays, aujourd'hui, dans la case de celles qui s'en sortent le mieux. Malgré les pesanteurs de la crise internationale, le Maroc a pu consolider sa position de leader en Afrique du Nord en matière de captage des flux d'investissement. Toutefois, ce succès doit être tempéré. Non pas au vu de ce qui se passe ailleurs, là où des marchés aussi puissants que ceux du BRIC (Brésil, Inde et Chine notamment), réussissent des prouesses qui donnent le tournis à tous nos comptables réunis. Les milliards de dollars captés par ces pays émergents se conjuguent en plusieurs dizaines et rendent la performance marocaine des plus mineures. Mais parce que la pratique de la bonne gouvernance n'a pas encore réussi à transcender les cercles concentriques du centre du pouvoir pour faire tâche d'huile ailleurs. Et cet ailleurs a un nom : les centres de pouvoir locaux. En effet, c'est à ce niveau-là que les blocages se multiplient quand bien même l'Etat aurait prévu les «contre coups» en mettant sur pied les fameux CRI. C'est au niveau local que les blocages les plus systémiques se déclarent… Pour forcer bien des investisseurs à regretter le jour où ils ont jeté leur dévolu sur la destination Maroc. Et là, on retombe, bien sûr, sur les raisons non-économiques du sous-développement. Raisons que l'on place aisément dans la case du politique et de la gestion de la chose locale. Car que faut-il attendre des «mal élus» si ce n'est la politique dévastatrice de la rapine ? Et c'est bien là où le bât blesse. Lorsqu'une simple décision se transforme en dérogation, à arracher contre sonnantes et trébuchantes, il y a de quoi faire fuir le meilleur des investisseurs qui cultive un amour immodéré pour le Royaume. Une véritable bataille doit être engagée autour de cette douloureuse question qui contribue à plomber le Maroc et ses indices de croissance. L'affaire est éminemment politique. Saura-t-on vaincre la pesanteur que font planer ces «cercles de résistance» qui portent le plus grand préjudice au pays et à son essor ? Voilà une question qui mérite un traitement de choc. Ne pas y souscrire ne saurait être que choquant !