Ouhabi : «Je n'assiste pas à toutes les réunions du bureau politique du PAM»    OIM : Le Maroc, premier contributeur au Fonds de résilience    L'indice des prix à la production industrielle fléchit légèrement en juin, selon le HCP    Bourse : succès massif pour l'augmentation de capital de TGCC    Sefrou : 29 MDH pour le renforcement de la Route nationale N4    Commerce de proximité : Saham Bank lance «Saham Paiements»    OPPO Reno14 : le smartphone qui brille quand tout s'éteint    Check Point 360° : la riposte totale face aux cybermenaces    Economie verte : La Déclaration de Tanger fixe quinze priorités pour les villes africaines    Mohamed El Bakkali de retour à Paris après sa remise en liberté par Israël    Edito. Fierté nationale    Morocco plans special penal code for 2030 World Cup stadiums    Moroccan Justice Minister defends ban on associations prosecuting officials for corruption    Moroccan journalist Mohamed El Bakkali arrives in Paris after Gaza aid mission    Groupe Akdital : Acquisition de l'hôpital Abdul Rahman Al Mishari en Arabie Saoudite    Marché du clinker : le Conseil de la concurrence rend publics les engagements des sociétés pour assainir les pratiques    Les prévisions du mardi 29 juillet    Le Brésil retiré de nouveau de la « Carte de la faim » de l'ONU    MERCATO — ZAROURY SUR LE DÉPART À LENS ?    Le Maroc prévoit la mise en place de tribunaux spéciaux pour le Mondial 2030    France: Un feu de forêt bloque des autoroutes et perturbe la navigation aérienne à Marseille    Maroc : Ouahbi accuse des ONG d' «escroquer» des élus et responsables    « Blanc-Noir, Couleurs Croisées », les opposés s'assemblent à la galerie Mohamed El Fassi    Et si Nour-Eddine Saïl nous parlait aujourd'hui de l'intelligence artificielle ?    CHAN 2025 : retour de la vitrine du football local    CAN féminine : le Maroc saisit la CAF après le scandale arbitral de la finale    Décès de Hicham Mandari : le parquet de Casablanca dément les vidéos en ligne    IA : Microsoft Edge dévoile le Mode Copilote pour rivaliser avec Chrome    Italie : Zakaria Aboukhlal rejoint officiellement le Torino    10e Sotigui Awards : Nisrin Erradi et Youssef Kadir représentent le Maroc    Rabat obtient la création d'une chaire marocaine à l'université de Cordoue    Tanger : L7OR et Ibtissam Tiskat ouvrent la saison du Festival des Plages Maroc Telecom    SAR la Princesse Lalla Asmaa préside un déjeuner offert par SM le Roi en l'honneur de la Première Dame de la République du Salvador    Fête du Trône : Les FAR organisent des shows aériens et des sauts d'exhibition en parachutes    L'ambassadeur de Chine conclut sa mission par une visite d'adieu à Rachid Talbi Alami    Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita s'apprête à effectuer une visite à Paris pour discuter du dossier de l'autonomie au Sahara marocain    Santé: Aziz Akhannouch préside le premier Conseil d'administration du GST Tanger-Tétouan-Al Hoceima    L'ambassadeur du Maroc au Liban évoque «un tournant» dans les relations bilatérales et dévoile «le soutien personnel discret du roi Mohammed VI» accordé au pays après les explosions au port de Beyrouth de 2020    La Princesse Lalla Asmaa et la Première Dame du Salvador visitent le siège de la Fondation Lalla Asmaa    Crash d'un avion d'entraînement des Forces Royales Air au niveau de l'aéroport de Fès-Saïss    Séquence vidéo liée à l'affaire Hicham Mandari : Le parquet rétablit la vérité    Israël intercepte le navire humanitaire Handala en route vers Gaza    Code du cinéma : nouvelles règles, anciens équilibres fragilisés ?    Ferhat Mehenni écrit : Le MAK, bouc émissaire du régime colonialiste algérien ?    Présidentielle au Cameroun. 13 candidatures validées    La CAF cible-t-elle le Maroc ? Une suprématie footballistique qui inquiète les décideurs du continent    Turquie : quatre incendies majeurs toujours en cours    Interview avec Zineb Benabderrazik : « Kalimates a l'ambition de promouvoir l'action citoyenne »    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La vie d'Adèle... la nymphomane, dans le jardin de l'ogre de Leila Slimani
Publié dans Albayane le 15 - 02 - 2016

Le clin d'œil à l'autre Adèle, celle du film d'Abdel Kechiche est plausible. En effet, au-delà de l'homonymie des personnages du roman de Leila Slimani, Dans le jardin de l'ogre et du film La vie d'Adèle du cinéaste franco-tunisien, il y a matière à mener un parallèle. D'abord au niveau des auteurs; nous sommes en présence de deux «beurs» qui ne mettent pas en scène d'autres beurs. Ni parlent de l'immigration.
Ensuite, ils s'attèlent à disséquer non pas l'extériorité des relations mais l'intériorité de deux personnages puisés dans lé géographie profonde de la France d'aujourd'hui. Abdel Kechiche cerne au plus près la passion amoureuse d'une lycéenne au point de placer sa caméra au cœur de son expérience amoureuse dans sa phase érotique la plus intime, exposant aux regards de longues séquences privée. Alors que Leila Slimani aborde la passion de son Adèle cette fois sous sa forme intime aussi mais dans une version physique, sexuelle au premier degré ; son héroïne étant une «toxicomane du sexe». Dans les deux œuvres enfin nous assistons à la mise en scène d'une construction (Adèle/Kechiche), et destruction (Adèle/Slimani) de sujets puisés dans une société dite moderne mais en proie à un malaise existentiel.
Un parallèle, en entrée, pour dire que le roman de Leila Slimani, son premier, est déjà un événement, littéraire certes il a reçu un formidable accueil public et critique, mais aussi culturel puisqu'il contribue à sa manière, en confrontant l'identité de l'auteur et l'identité du sujet, à dessiner la nouvelle configuration des rapports interculturels. Un exercice réussi d'altérité. Même si en fait, Adèle, l'héroïne de son récit n'est pas un modèle sociologique ; elle est davantage « un caractère ». Un profil psychologique qui transcendé les frontières culturelles pour s'inscrire dans une sorte d'archéologie de l'âme et du corps. Ou plutôt du cops et de l'âme. Slimani nous propose plus qu'un un portrait ; on sait qu'Adèle est journaliste, mariée à un médecin, Richard... qui n'est pas sans rappeler un Charles, nouveau style. Adèle, une Madame Bovary des temps modernes ? Sauf que, à la différence du romantisme maladif d'Emma, Adèle « ne pense qu'à ça ». Le sexe toujours et partout. Et avec tout le monde. Certes, elle aime Richard. Certes, elle aime Lucien...mais face à la présence d'un homme...elle passe à l'acte. Lors d'un dîner, dans la rue, au bureau ; dans un voyage de travail...C'est cru, parfois violent. Mais ce n'est pas du porno. Slimani gère bien le regard qui porte les descriptions.
Car, il ne s'agit pas d'être dupe. On n'est pas dans le réalisme ; encore moins le naturalisme dont se réclame Much loved. Le style de Slimani est moderne, il laisse une large part à l'ambiguïté. La ligne de démarcation est ténue entre le réel du personnage et ses fantasmes. Je penche d'ailleurs davantage pour cette lecture, Dans le jardin de l'ogre est le récit de fantasme d'une femme sous influence. Je me réfère à la scène du train quand Adèle voyage seul pour assister aux funérailles de son père...et commence à fantasmer sur son corps dans un récit qui reste en suspens entre l'imagination et le rêve éveillé ou un souvenir enfoui...Cette inflation de sexualité débridée se laisse d'ailleurs lire sur un registre métaphorique comme une radioscopie des sociétés contemporaines où le sujet est condamné à un vide qu'il cherche à combler par l'excès de consumérisme.
Pour approcher Adèle, la scène fondatrice est un souvenir d'enfance avec une scène (page 124) portée par une démarche d'intertextualité avec la découverte précoce du livre de Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être qui ouvre à la jeune femme les voies de l'érotisme romancée. Des flashbacks qui offrent des indications narratives mais tracent des pistes pour expliquer et pourquoi pas excuser...et finalement sympathiser avec Adèle. Dans cette fouille, émerge la figure du père dont Adèle était proche. Elle est la fille d'une synthèse qui s'est faite par l'effacement d'un élément de l'équation. Kader a suivi Simone en effaçant son identité. A sa mort, Adèle d'ailleurs reprocher à sa mère l'incinération du corps « ce n'est pas peut être une pratique courante chez les m... », le mot ne sera pas prononcé car Slimani veille à neutraliser tout ancrage culturaliste de son récit.
Je préfère parler de récit car on n'est pas dans la densité d'un roman, style XIXème siècle avec sa foule de personnages, des intrigues enchevêtrées...Ici, l'intrigue est réduite au minimum. On reste focalisé sur Adèle. La structure permet un autre parallèle avec le cinéma. Dans le jardin de l'ogre, avec son minimalisme, s'apparente à une esthétique nouvelle vague, écriture transparente, limpide...un dispositif narratif aux antipodes du récit hyper chargé de Hollywood. Le récit de Slimani progresse en multipliant des micro-séquences. C'est très découpé, comme on dit dans le langage du montage cinématographique. Ce qui lui donne du rythme, un dynamisme... et in fine un récit qui se lit d'un trait.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.