Cette rubrique a pour objectif d'apporter aux lecteurs de cette page des explications sur la signification de certains toponymes amazighs du Maroc. Elle les aidera à mieux apprécier leur pays et ses villages, à comprendre les motifs de leurs dénominations. Le toponyme étant une trace linguistique, une indication qui nous informe sur la relation qu'entretient l'homme avec son environnement. Les lecteurs, évidemment, peuvent apporter leurs contributions et leurs propositions s'ils le souhaitent. Les explications données se basent sur la tradition orale et sur des faits linguistiques. Mais la rubrique ne prétend pas apporter de vérité immuable. Les exemples : IMILCHIL : cette bourgade du Haut Atlas fait partie de la province de Midelt. Elle est située à plus de 3000 M d'altitude. C'est le chef lieu de la tribu des Aït Hdiddou (confédération des Aït Yafelmane). C'est un haut lieu de tourisme, connu pour ses lacs féeriques IZLI et TIZLIT et son AGDOUD (rassemblement) annuel durant lequel sont célébrés les mariages collectifs. IMILCHIL est un mot composé amazighe : il est formé de IMI et LCHIL. Le premier élément «IMI» est très utilisé dans la toponymie amazighe (IMI N TANOUT : la bouche du puit, IMI N IFRI : le seuil de la grotte...). Le deuxième élément du toponyme est LCHIL. Longtemps, on a associé cet élément au mot arabe «LKAYL: le troc», en raison du rendez-vous annuel qui a lieu durant à l'occasion des mariages collectifs. Pour s'approvisionner pour l'hiver (la rencontre d'IMILCHIL a lieu fin septembre, après les moissons) le troc serait privilégie (échange des denrées alimentaires). En fait, cette explication est erronée. L'élément IMI (la bouche, l'embouchure, le seuil...) n'est jamais associé dans la toponymie amazighe avec une activité commerciale. C'est un localisateur spatial. Quant à LCHIL, il désigne en amazighe le ravin. D'ailleurs, en amont du village d'IMILCHIL, au dessus du premier lac, en direction du village d'AGHLALA, existe un ravin qui porte le nom de AQQA N LCHIL. La bourgade aura donc pour sens «IMILCHIL : le seuil du ravin». Dans le parler amazigh des touaregs du NIGER (voir le dictionnaire français-touaregs de Prass), ACHIL signifie ravin, lieur de passage de la crue (équivalent de Oued en arabe). On peut même avancer que le mot ACHIL est composé de deux élément : AK et IL : lieu de passage de l'eau. AK vient du verbe IKKA (passer) et Il veut dire l'eau (voir dictionnaire arabe-amazighe de l'académicien Mohamed Chafiq). Quant au son «K», c'est une variante du «CH» en langue amazighe. Pour désigner la terre on dit «AKAL» ou «ACHAL .